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entendu une plus ou moins grande réunion d'apôtres; qu'il n'y avait point eu d'apôtres parmi les cinq cents; qu'il avai donc omis aussi cette apparition; et qu'ainsi c'est avec raison qu'il compte comme troisième l'apparition sur le bord du lac de Tibériade. Mais il faudrait pour cela que celle-ci eût eu lieu avant l'apparition sur la montagne de Galilee, ce qui, comme cela a été démontré, n'est pas supposable. On voit que tous ces essais d'accommodement sont déjà, pour la plupart, suffisamment ridicules; cependant Kerne a tout récemment enchéri là-dessus, en venant dire avec une grande assurance que Jean veut ici compter, non pas les apparitions, mais les jours auxquels les apparitions eurent lieu, de sorte que la phrase: C'est la troisième fois que Jesus apparut à ses disciples, τοῦτο ἤδη τρίτον ἐφανερώθη ή 'InGous Tois μatntais, signifierait: A ce moment Jésus était apparu aux siens en trois jours différents : à savoir quatre fois le jour de la résurrection; puis une fois huit jours après; enfin de nouveau, en ce moment, quelques jours plus tard (1). Au lieu de tout cela, il ne reste qu'à convenir que le quatrième évangéliste ne compte que les apparitions qu'il a lui-même racontées, et le motif en aura été, non pas sans doute que les autres, par une cause quelconque, lui parurent moins importantes, mais qu'il les ignora complétement (2). C'est de la même façon que Matthieu, en rapportant sa dernière apparition de Galilée, montre qu'il n'a rien su des apparitions de Jérusalem rapportées par Jean; car, si, dans la première de ces deux dernières di apôtres, dans la seconde Thomas lui-même, s'étaient convaincus de la réalité de la résurrection de Jésus, il était impossible que, dans cette apparition postérieure sur la montagne de la Galilée, quelques-uns des onze (car suivant Matthieu les onze seulement y vinrent) eussent conserve des doutes (oi de idioтacav, v. 17). Enfin, si sur la montagne de la Galilée Jésus avait déjà fait à ses disciples la der

(1) Faits principaux, 1. c., S. 47.
(2) Comparez De Wette, Exeg. Handb.,

1, 3, S. 205, 210; Weisse, Die evang Gesch., 2, S. 409.

nière recommandation d'aller prêcher et baptiser dans toutes les parties du monde, et la promesse d'être tous les jours auprès d'eux jusqu'à la fin du siècle présent, toutes paroles qui sont celles d'un dernier adieu, il ne pourrait pas avoir donné encore une fois, plus tard, comme les Actes des Apôtres le rapportent au commencement, ces derniers ordres dans la ville de Jérusalem, ni avoir pris encore une fois congé d'eux. Au contraire, d'après la conclusion de l'évangile de Luc, cette dernière scène serait arrivée beaucoup plus tôt qu'on ne pourrait le croire d'après Matthieu; et, dans la conclusion de l'évangile de Marc, Jésus, prenant à Jérusalem congé de ses disciples le jour même de sa résurrection, prononce en partie les mêmes paroles que celles que, d'après Matthieu, il prononça en Galilée, et, dans tous les cas, plus tard que le jour de la résurrection. On voit que les deux livres composés par Luc (l'évangile et les Actes des Apôtres) diffèrent notablement l'un de l'autre au sujet de l'intervalle de temps pendant lequel Jésus se montra après sa résurrection, à tel point que, d'après le premier de ces livres, cet intervalle serait d'un seul jour, et d'après l'autre de quarante; ce n'est que plus loin que nous pour- • rons approfondir cette divergence.

Ainsi, les différents narrateurs évangéliques ne concordent que sur un petit nombre des apparitions de Jésus après sa résurrection; la désignation de lieu faite par l'un exclut les apparitions rapportées par les autres; la désignation de temps faite par un autre ne laisse aucun intervalle disponible pour les narrations parallèles; le calcul d'un troisième est disposé sans aucune considération de ce que les autres disent; enfin, parmi plusieurs apparitions relatées par différents narrateurs, chacune s'annonce comme la dernière, et cependant n'a rien de commun avec les autres. Il faudrait donc fermer volontairement les yeux pour ne pas reconnaître qu'aucun des rédacteurs n'a connu ni supposé ce que l'autre rapporte; que chacun d'eux avait, de son côté, entendu raconter la chose d'une manière différente; qu'ainsi

de bonne heure il n'y eut en circulation que des bruits incertains et diversement variés sur les apparitions de Jésus ressuscité (1).

Au reste, cela n'ébranle pas le passage de la premièr Épître aux Corinthiens, qui, incontestablement authentique, a été écrite vers l'an 59 après Jésus-Christ, par conséquent moins de trente ans après sa résurrection. D'après ce renseignement, nous devons croire que plusieurs membres de la première communauté encore vivants au temps de la rédaction de l'Épître, et, entre autres, les apôtres, étaient convaincus qu'ils avaient eu des apparitions du Christ ressuscité. S'ensuit-il que ces apparitions reposaient sur quelque chose de réel, c'est ce que nous examinerons plus tard. Quant au point actuel, c'est-à-dire la divergence des évangélistes, particulièrement au sujet du lieu, le passage de l'apôtre Paul ne peut fournir aucun motif de décision, puisqu'il n'a décrit en détail aucune de ces apparitions.

§ CXXXVII.

Qualité du corps et de la vie de Jésus après la résurrection.

Comment nous représenterons-nous la continuation de la vie de Jésus après la résurrection, et particulièrement la nature de son corps durant cette période? Pour répondre à cette question, il nous faut parcourir encore une fois chacun des récits des apparitions de Jésus ressuscité.

D'après Matthieu, Jésus rencontre (άπávτncev), le matin de sa résurrection, les femmes qui revenaient du tombeau en toute hate; elles le reconnaissent, elles embrassent avec respect ses pieds, et il leur parle. Dans la seconde rencontre sur la montagne de Galilée, les disciples le voient (idóvTES), mais quelques-uns conservent encore des doutes, et Jésus

(1) Comparez Kaiser, Bibl. Theol., 1, S. 254 ff.; De Wette, 1. c.; Ammom, Fort

bildung, 2, 1, Kap. 1; Weisse, Die evang. Geschichte, 2, 7TM** Buch.

ici aussi leur adresse la parole. Quant à la manière dont il allait et venait, il n'en est rien dit.

Chez Luc, Jésus accoste deux disciples qui étaient sur la route de Jérusalem à Emmaüs, village voisin (yyícas ouveTopεúeto autois); ceux-ci ne le reconnaissent pas le long du chemin, ce que Luc attribue à un empêchement intérieur ou subjectif qu'une puissance supérieure produisit en eux (oi ὀφθαλμοὶ αὐτῶν ἐκρατοῦντο, τοῦ μὴ ἐπιγνῶναι αὐτόν); et ce n'est que Marc qui, resserrant cet événement en quelques mots, attribue l'aveuglement des disciples à un changement extérieur ou objectif de l'apparence de Jésus (év érépa μñ). Tout en cheminant, Jésus s'entretient avec les deux disciples; après leur arrivée dans le village, il les accompagne, d'après leur invitation, dans leur logement; il se met avec eux à table, et suivant son habitude rompt et partage le pain. Dans ce moment tombe des yeux des disciples le bandeau qui les fermait miraculeusement, et ils le reconnaissent (1); mais dans le même moment il devient invisible pour eux (ἄφαντος ἐγένετο ἀπ ̓ αὐτῶν). Non moins rapidement qu'il avait disparu, il apparaît immédiatement après dans l'assemblée des apôtres, puisqu'on dit que tout à coup il se trouva au milieu d'eux (σt év μéoq aùt☎v), et qu'eux, effrayés de cette apparition soudaine, crurent voir un esprit. Pour leur ôter cette idée qui les inquiétait, Jésus leur montra ses mains et ses pieds, il les engagea à le toucher, afin qu'en palpant son corps, qui contenait de la chair et des ος, σάρκα καὶ ὀστέα, ils se convainquissent qu'il n'était pas un fantôme; il se fit aussi donner un morceau d'un poisson rôti et d'un gâteau de miel, et il mangea l'un et l'autre sous leurs yeux. L'apparition qu'eut Simon est désignée par Luc avec l'expression de il fut vu, pon; Paul s'en sert aussi ὤφθη; dans la première Épître aux Corinthiens, pour toutes les christophanies qu'il y énumère; et Luc dans les Actes des

(1) Rien n'indique dans le texte que Jésus eût été reconnu parce qu'en rompant le pain il avait découvert les trous des

clous à ses mains (Paulus, Exeg. Handb., 3, b, S. 882; Kuinol, in Luc., p. 734).

cette forme même, la persistance des marques des blessures, les actes humains de la parole, de la marche, du partage du pain, tout cela semble parler en faveur d'une vie complétement naturelle de Jésus, même après la résurrection. Si l'on conservait encore quelques doutes, et si l'on conjecturait qu'une corporalité supérieure et terrestre pourrait se donner une telle apparence et accomplir de telles fonctions, on serait réduit au silence par les deux autres circonstances suivantes à savoir qu'après la résurrection, Jésus goûta d'une nourriture terrestre et se laissa toucher. Il est vrai que, dans les mythes anciens, ces choses sont attribuées à des êtres supérieurs, par exemple l'action de manger aux trois figures célestes dont Abraham reçut une visite (1 Mos., 18, 8), et la tangibilité à Dieu luttant avec Jacob (1 Mos., 32, 24 seq.); mais il n'en faut pas moins maintenir qu'en réalité ces deux conditions ne peuvent exister que dans des êtres pourvus d'un corps matériel et organique. En conséquence, non-seulement les interprètes rationalistes, mais encore des interprètes orthodoxes voient dans ces circonstances la preuve incontestable que, même après la résurrection, la vie et le corps de Jésus doivent toujours être considérés comme naturels et humains (1). On appuie encore cette assertion en remarquant que l'état de Jésus ressuscité présente absolument le même progrès que la guérison successive et naturelle d'un homme grièvement blessé. Dans les premières heures après la résurrection, disent ces auteurs, il fut obligé de se tenir encore dans le voisinage du tombeau; dans l'après-midi, ses forces sont suffisantes pour qu'il aille à Emmaüs, village voisin; et ce n'est que plus tard qu'il se trouve en état d'entreprendre le voyage plus lointain de la Galilée. Ils ajoutent que, même pour se laisser toucher, Jésus présente une gradation digne de remarque le matin de la résurrection, il défend à MarieMadeleine de le toucher, parce que son corps blessé était

(1) Paulus, Exeget. Handb., 3, b, S. 834 ff. L. J., 1, b, S. 265, ff.; Ammon, 1. c.; Hase, L. J., $149; Michaelis, I. c.,

S. 251 ff. Comparez aussi Neander, L. J.
Chr., S. 650.

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