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nages pieux. En outre, joignant ainsi la résurrection des justes à la mort de Jésus, on se conformait plus que la joignant avec sa résurrection, à l'idée juive qui voulait que la résurrection des justes accompagnât la première venue du Messie; idée qui, au sein de certaines sociétés judaisantedu premier christianisme, put prendre la forme du récit el question. Au lieu qu'un Paul et le rédacteur de l'Apocalypse transportaient déjà la résurrection première, †, áviotaσię й πρúτn, dans la seconde venue du Messie, laquelle était encore dans l'avenir. En considération de cette idée, il semble que le membre de phrase: Après la résurrection de Jésus, μetà Tàvšɣepoɩv aútoũ, fut ajouté comme restriction, probablement par le rédacteur même du premier évangile.

Les synoptiques terminent leur description de ce qui se passa lors de la mort de Jésus, en parlant de l'impression que cela 'fit sur le centurion romain qui était de garde. D'après Luc (v. 47), cette impression fut produite par ce qui venait d'arriver, tò yevóμevov; or, comme c'était plus haut qu'il avait mentionné l'obscurité, et qu'en dernier lieu il avait dit seulement que Jésus expira en prononçant une prière à haute voix, il en résulte que l'impression fut l'effet de cette prière. De la même façon, Marc, pour ainsi dire, expliquant Luc, met : Le centurion... voyant qu'il avait expiré en jetant un si grand cri, dit: Certainement cet homme était fils de Dieu, ὁ κεντυρίων... ὅτι οὕτω κράξας ἐξέπνευσεν, εἶπεν, ἀληθῶς ὁ ἄνθρωπος οὗτος υἱὸς ἦν τοῦ Θεοῦ (v. 39). Dans Luc, comme les dernières paroles de Jésus sont une prière, on peut comprendre peut-être comment cette fin édifiante inspira au centurion une idée favorable de Jésus; mais, dans le récit de Marc, il n'y a aucun moyen de voir comment le centurion, de ce que Jésus expira en poussant un grand cri, put conclure qu'il était fils de Dieu. C'est Matthieu qui encadre le mieux l'exclamation du centurion; suivant lui, elle fut arrachée à cet officier romain par le tremblement de terre et par les autres phénomènes

qui accompagnèrent la mort de Jésus; mais malheureusement la réalité historique de cette exclamation, appuyée sur ces prétendus prodiges, tombe avec eux. Le centurion exprime, chez Matthieu et chez Marc, la conviction que Jésus est en effet fils de Dieu, viòç Oeou, chez Luc, qu'il est un homme juste, äveρwños díxatos. Évidemment la première expression n'a pas d'autre but que de nous apprendre qu'un païen a rendu témoignage à la messianité de Jésus; mais l'officier romain ne peut pas avoir attaché à ses paroles le sens spécifique que les Juifs y attachaient, il aurait plutôt vu en Jésus un fils de dieu dans le sens païen, ou du moins un innocent mis à mort. Cela pourrait être, si la chute de tout ce que les synoptiques rapportent sur les prodiges qui accompagnèrent la mort de Jésus n'entraînait pas aussi la chute de cette dernière portion du récit; d'autant plus qu'à l'impression produite sur le centurion, Luc ajoute l'impression produite sur le reste de la foule, et la fait retourner dans la ville avec des signes de repentir et de douleur; détail qui paraît exposer, non pas tant ce que les Juifs éprouvèrent et firent, que ce qu'ils auraient dû éprouver et faire d'après l'idée chrétienne.

§ CXXXII.

Le coup de lance dans le côté de Jésus.

Tandis que les synoptiques rapportent que Jésus resta suspendu à la croix depuis la neuvième heure, &pa évvátn, c'est-à-dire environ trois heures après midi, où il expira, jusqu'au soir, oía, c'est-à-dire jusque vers six heures du soir, sans qu'il eût été l'objet d'aucune autre mesure, le quatrième évangéliste raconte un épisode digne de remarque. Selon lui, les Juifs, pour empêcher que la permanence de la suspension des crucifiés ne profanât le sabbat suivant, qui était d'une sainteté particulière, prièrent le

procurateur de leur faire briser les jambes et de les faire aussitôt enlever. Les soldats qui en furent chargés exécutèrent cet ordre sur les deux criminels crucifiés à côté de Jésus; mais, ayant remarqué en Jésus des signes qui montraient que la mort était déjà accomplie, ils jugèrent superflue une pareille opération, et se contentèrent de lui faire, avec une lance, dans le côté, une incision d'où il sortit du sang et de l'eau (19, 31-37).

Ce fait est ordinairement regardé comme l'argument capital en faveur de la réalité de la mort de Jésus ; et la preuve qui se déduit des synoptiques est tenue pour insuffisante en comparaison du fait rapporté par Jean. D'après le calcul qui donne le plus long espace de temps, c'est-à-dire d'après celui de Marc, Jésus resta suspendu à la croix, avant de mourir, depuis la troisième heure jusqu'à la neuvième, en d'autres termes pendant six heures; si, ainsi que cela a paru vraisemblable à plusieurs, les ténèbres survenues vers la sixième heure indiquent en même temps chez les deux autres synoptiques le commencement du crucifiement, d'après eux Jésus ne vécut que trois heures sur la croix; et, si nous supposons que Jean compta les heures comme les Juifs, et si nous lui attribuons la même opinion sur le moment de la mort de Jésus, il faudrait, attendu qu'il ne fait prononcer à Pilate le jugement que vers la sixième heure, que Jésus n'eût guère vécu plus de deux heures sur la croix. Mais d'ordinaire le crucifiement ne tue pas aussi vite; cela se comprend en raison de la nature du supplice, qui, n'infligeant pas des blessures considérables, ne produit pas une perte rapide de sang, et qui amène plutôt graduellement une rigidité mortelle par la seule tension forcée des membres; on le voit par le dire même des évangélistes, d'après lesquels Jésus eut encore assez de force pour pousser un grand cri immédiatement avant le moment qu'ils regardent comme le dernier, et d'après lesquels les deux crucifiés à côté de lui étaient encore en vie après ce temps; on le prouve enfin par les exemples de ceux qui ont passé en vie plusieurs

jours sur la croix, et qui n'ont été tués que peu à peu par la faim et d'autres causes semblables d'épuisement (1). En conséquence, des Pères de l'Église et des théologiens déjà anciens ont émis l'opinion, que la mort de Jésus, qui, par voie naturelle, ne serait pas survenue aussitôt, fut surnaturellement accélérée soit par lui-même, soit par la volonté de Dieu (2). Des médecins et des théologiens plus récents ont invoqué toutes les souffrances corporelles et mentales que Jésus eut à endurer le soir et la nuit qui précédèrent son crucifiement (3); mais en même temps ils n'excluent pas, pour la plupart, la possibilité d'admettre que ce qui parut aux évangélistes l'accomplissement de la mort, ait été un simple évanouissement causé par la suspension de la circulation du sang, et que la mort n'ait été réellement produite que par le coup de lance dans le côté.

Mais ce coup de lance même, l'endroit du corps où il fut donné, l'instrument, le mode, le but, l'effet, tout cela a été de tout temps l'objet du partage des opinions. L'instrument est désigné, par l'évangéliste, sous le nom de λóyxn, ce qui peut signifier aussi bien une arme de trait légère que la lance pesante; de sorte que nous restons dans l'incertitude sur l'étendue de la blessure. La manière dont la blessure fut portée est exprimée par le verbe blesser, vúgσɛtv, ce qui signifie tantôt une lésion mortelle, tantôt une entamure superficielle, et même un coup qui n'amène pas de sang; nous ne savons donc pas jusqu'à quelle profondeur la blessure pénétra; cependant Jésus, après la résurrection, fait mettre à Thomas le doigt dans les trous des clous, et la main dans ou seulement sur la plaie du côté (Joh., 20, 27); le coup paraît donc avoir fait une plaie considérable. Néanmoins, dans cette question, ce qui importe encore le plus, c'est de connaître l'endroit de la blessure. Jean le désigne

(1) Ce qui est relatif à ce sujet, se trouve rassemblé dans Paulus, Exeg. Handb., 3, b, S. 781 ff. Winer, Bibl. Realwörterb., 1, S. 672 ff.; et Hase, § 144. (2) Par Jésus lui-même d'après Tertul

lien; par la volonté de Dieu, d'après Grotius; voyez dans Paulus, S. 784, Anm.

(3) Gruner et d'autres, dans Paulus, $ 782 ff.; Hase, 1. c.; Neander, L. J. Chr., S. 647.

par le mot de côté, λeupά. Sans doute, si le coup, porté à gauche entre les côtes, pénétra jusqu'au cœur, la mort dut s'ensuivre inévitablement; mais cette expression peut signifier aussi bien le côté droit que le côté gauche, et dans les deux côtés tout l'espace compris entre l'épaule et la hanche. La plupart de ces points de doute se décideraient d'euxmêmes, si l'intention du soldat, en portant le coup de lance, avait été de tuer Jésus, dans le cas où il n'aurait pas encore été mort; avec cette intention, il aurait indubitablement frappé à l'endroit le plus mortel et enfoncé son arme le plus profondément possible, ou plutôt il aurait brisé les jambes à Jésus comme aux deux autres. Mais, comme il procéda avec lui autrement qu'avec ceux-ci, il est vraisemblable qu'il avait une autre intention à son égard, à savoir de s'assurer préalablement par le coup de lance, si sa mort était déjà accomplie, et il crut pouvoir le conclure avec sûreté à la vue du sang et de l'eau qui coulèrent de la blessure.

C'est surtout sur l'effet du coup de lance que l'on est le moins d'accord. Les Pères de l'Église, considérant que d'un cadavre il ne coule plus de sang, ont trouvé, dans le sang et l'eau, aipa xai üdwp, versés par le corps de Jésus, un miracle, une preuve de sa nature divine (1). Des modernes, partant de la même observation, ont vu dans cette expression une figure où deux termes sont mis pour signifier une même chose, c'est-à-dire ici du sang fluide encore, signe que la mort ne s'était pas encore accomplie ou venait seulement de s'accomplir (2). Mais le sang est par lui-même un fluide; par conséquent, le mot eau ajouté au mot sang ne peut pas signifier simplement les qualités de ce dernier,

(1) Orig., c. Cels., 2, 36: Le sang des autres corps morts se coagule, et il n'en coule pas de l'eau pure; mais ce fut un miracle dans le corps de Jésus, et du sang et de l'eau s'écoulèrent de son côté. Tov μὲν οὖν ἄλλων νεκρῶν σωμάτων τὸ αἷμα πήγνυται, καὶ ὕδωρ καθαρὸν οὐκ ἀποῤῥεῖ· τοῦ δὲ κατὰ τὸν Ἰησοῦν νεκροῦ σώματος τὸ παράδοξον, καὶ περὶ τὸ νεκρὸν σῶμα ἦν αἷμα καὶ ὕδωρ ἀπὸ τῶν πλευρῶν προXufév. Comparez Euthymius sur ce pas

sage D'un corps mort, quand même on le piquerait mille fois, il n'en sortrait pas du sang. Cela est miraculeux, et montre manifestement que celui qui avait été pìqué, était plus qu'un homme, ex vɛxpoù γὰρ ἀνθρώπου, κἂν μυριάκις νύξη της, οὐκ ἐξελεύσεται αἷμα· ὑπερφυές τοῦτο το πράγμα, καὶ τρανῶς διδάσκον, ὅτι ὑπὲρ ἀνθρωπον ὁ νυγείς.

(2) Schuster, dans Eichhorn's Bibl., 9, S. 1036 ff.

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