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harmonistique que l'on soutient que la fustigation avant le crucifiement n'était infligée qu'à ceux qui devaient être punis avec une rigueur particulière (1), et qu'en conséquence Pilate, qui ne voulait pas être cruel à l'égard de Jésus, ne peut l'avoir fait fouetter que dans l'intention particulière que Luc et Jean rapportent, et qu'il faut aussi supposer chez les deux premiers évangélistes. Il est, au contraire, beaucoup plus vraisemblable que dans la réalité la fustigation ne fut infligée, ainsi que les deux premiers évangélistes le rapportent, que comme préliminaire de l'exécution; mais la légende chrétienne, se complaisant à relever comme un témoignage contre les Juifs ce côté du caractère de Pilate, en vertu duquel il était supposé s'être efforcé à diverses reprises de sauver Jésus, se servit du fait de la fustigation pour y trouver une nouvelle tentative de Pilate en faveur de Jésus. Cela ne paraît être qu'en essai dans le troisième évangile, puisque la fustigation n'y est qu'une offre de Pilate; mais, dans le quatrième, la fustigation est réellement accomplie, et elle sert à former un acte de plus dans le drame.

A la fustigation se rattachent, dans les deux premiers évangiles et dans le quatrième, les mauvais traitements et les dérisions auxquels Jésus est en butte de la part des soldats, qui lui mettent un habit de pourpre sur le corps, une couronne d'épines sur la tête (2), et même, d'après Matthieu, un bâton dans la main, et qui, dans ce déguisement, tantôt le saluaient roi des Juifs, tantôt le battaient et le maltraitaient (3). Luc ne mentionne ici aucune dérision de la part des soldats; mais, dans son récit de la remise momentanée de Jésus entre les mains d'Hérode, il a quelque chose de semblable, rapportant qu'Hérode, avec ses soldats, w

(1) Paulus, 1. c., S. 647.

(2) D'après les explications de Paulus, S. 649 f., il est tout à fait vraisemblable que le στέφανος ἐξ ἀκανθῶν était non une couronne d'épines piquantes, mais une couronne prise à la première haie venue, afin de faire dérision à Jésus par une vi

lissima corona, spineola (Plin. H. N., 21, 10).

(3) Wetstein, p. 533 seq, cite dans Philon, in Flaccum, un pareil déguisement, mis à un homme par mépris pour un tiers. Comparez aussi Tholuck, Glaub würdigkeit, S. 364.

τοῖς στρατεύμασιν αὐτοῦ, le traita avec mépris et le renvoya à Pilate, revêtu d'un habit éclatant, icons λaunρá. Plusieurs admettent que c'est là le vêtement de pourpre dont ensuite les soldats de Pilate revêtirent Jésus pour la seconde fois; mais il faudra dire plutôt que ce déguisement fut mis trois fois à Jésus, si nous voulons tenir compte de Jean, et en même temps n'accuser d'erreur aucun des synoptiques. Il en fut revêtu une première fois devant Hérode (Luc); une seconde fois, avant que Pilate le conduisît devant les Juifs pour exciter leur compassion, par les mots : Voilà l'homme, ïdɛ ó žvėpwños (Joh.); enfin, une troisième fois après qu'il eut été livré aux soldats pour être crucifié (Matthieu et Marc). Or, cela est aussi invraisemblable qu'il est vraisemblable que les évangélistes ont placé dans des temps et dans des lieux différents, et attribué à des personnes différentes, le seul et même déguisement dont ils avaient entendu parler.

Tandis que, dans les deux premiers évangélistes, le procès est clos dès avant la fustigation de Jésus; tandis que, dans le troisième, Pilate, ayant éprouvé un refus de la part des Juifs pour sa proposition de relâcher Jésus après l'avoir fait fouetter, παιδεύσας αὐτὸν ἀπολύσω, le livre au supplice ; dans le quatrième évangile, la scène du jugement reçoit de plus amples développements. La présentation de Jésus, fouetté et dans un costume de dérision, n'ayant servi à rien, et les Juifs réclamant avec opiniâtreté sa mise en croix, le gouverneur leur crie avec colère qu'ils peuvent le prendre eux-mêmes et le crucifier, que, quant à lui, il ne trouve aucune faute en cet homme. Les Juifs répliquent que, d'après leur loi, il doit mourir, attendu qu'il se dit fils de Dieu, viòs Oo. Cette remarque suscite en Pilate une crainte superstitieuse; il ramène Jésus une seconde fois dans le prétoire, et l'interroge sur son origine (voulant savoir par là si elle était réellement céleste); Jésus ne lui fait aucune réponse, et, quand le gouverneur veut l'effrayer par le pouvoir qu'il a de disposer de sa vie, il lui rappelle le pouvoir d'en haut

qui lui a donné cette autorité. A la vérité, Pilate, à la suite de ces discours, s'efforça avec encore plus d'insistance qu'auparavant de délivrer Jésus; mais enfin les Juifs trouvèrent le vrai moyen de le faire accéder à leur volonté, en jetant la remarque que, s'il délivre Jésus, qui prend en face de César la position d'un usurpateur, il n'est pas dans les intérêts de César, qíλos tou Kaicapos. De la sorte, intimidé par la possibilité d'être desservi auprès de Tibère, il monte sur le tribunal, et, dans le dépit de ne pouvoir faire sa volonté, il demande, par dérision pour les Juifs, s'ils veulent qu'il ordonne le crucifiement de leur roi. Mais ceuxci, maintenant la position qu'ils avaient prise en dernier lieu avec un succès aussi visible, déclarent qu'ils ne connaissent pas d'autre roi que César. Alors le gouverneur accorde que Jésus soit conduit au lieu du crucifiement. A cet effet, on lui retira, ainsi que le remarquent les deux premiers évangélistes, le manteau de pourpre, et on lui remit ses propres habits.

§ CXXX.

Crucifiement.

Les synoptiques et Jean diffèrent entre eux tout d'abord sur la manière même dont ils rapportent que Jésus se rendit au lieu du crucifiement. D'après Jean, Jésus porta luimême la croix (19, 17); d'après les autres, on la fit porter en sa place par un certain Simon de Cyrène (Matth., 27, 32 parall.). A la vérité, les commentateurs, comme si cela s'entendait de soi, concilient ces deux renseignements, en disant que d'abord Jésus essaya de porter, lui-même la croix, et qu'ensuite, comme on vit qu'il était trop épuisé pour cela, on en chargea Simon (1). Mais lorsque Jean dit : Et,

(1) C'est ce que disent Paulus, Kuincel, Tholuck et Olshausen, dans leurs Comm Neander, L. J. Chr., S. 634.

portant sa croix, il sortit pour aller à... Golgotha, où ils le crucifierent, καὶ βαστάζων τὸν σταυρὸν αὑτοῦ, ἐξῆλθεν εἰς... Γολγαθῆ, ὅπου αὐτὸν ἐσταύρωσαν, évidemment il ne suppose pas que dans le trajet la croix eût été ôtée à Jésus (1). Cependant le dire si concordant des synoptiques sur la substitution de Simon paraît d'autant moins pouvoir être écarté, que l'on ne découvre pas une raison qui en aurait suggéré l'invention. Il serait possible, au contraire, que cette particularité fût demeurée inconnue dans le cercle où se forma le quatrième évangile, et que le rédacteur de cet évangile se fût imaginé que, conformément à l'usage général, Jésus avait été obligé de porter lui-même sa croix. Tous les synoptiques désignent ce Simon comme un Cyrénéen, Kuρnvatos, c'est-à-dire probablement un homme venu pour la fête à Jérusalem de la ville libyenne de Cyrène, où beaucoup de Juifs habitaient (2). D'après les mêmes évangélistes, il fut par violence contraint à porter la croix, particularité qui ne prouve pas plus pour que contre l'opinion de ceux qui prétendent qu'il était favorable à Jésus (3). D'après Luc et Marc, cet homme venait directement de la campagne, an' dypo, et, au moment où il voulut passer devant l'escorte du crucifiement, on l'employa pour soutenir Jésus. Marc le désigne d'une manière plus précise comme père d'Alexandre et de Rufus, πατὴρ Ἀλεξάνδρου καὶ Ρούφου, qui paraissent avoir été des personnages connus dans la première communauté chrétienne [comparez Rom., 16, 13; Act. Ap., 19, 33 (?); 1 Tim., 1 20 (?); 2 Tim., 4, 14 (?)] (4).

Luc rapporte qu'une grande foule, composée particulièrement de femmes, suivit en gémissant Jésus jusqu'au lieu du supplice; mais que lui leur conseifla de pleurer sur elles-mêmes et sur leurs enfants, faisant allusion aux malheurs affreux qui allaient bientôt éclater sur elles (23, 27 seq.). D'une part, les détails sur les temps qui s'approchent

(1) Fritzsche, in Marc. 684: Significat Johannes, Jesum suam crucem portavisse, donec ad Calvariæ locum pervenisset. (2) Josèphe, Antiq., 14, 7, 2.

(3) Grotius est pour; Olshausen est contre, 2, S. 481.

(4) Comparez Paulus, Fritzsche et De Wette sur ce passage.

sont empruntés aux discours sur la venue (Luc, 21, 23); car, de même que là il est crié Malheur aux femmes enceintes et aux nourrissons de cette époque funeste, de même il est dit ici qu'il viendra des jours, àμépat, où les femmes stériles et les ventres qui n'ont point porté, et les mamelles qui n'ont point allaité, αἱ στεῖραι, καὶ κοιλίαι αἳ οὐκ ἐγέννη σαν, καὶ μαστοὶ οἳ οὐκ ἐθήλασαν, seront estimées heureuses; d'autre part ils sont empruntés à Osée, 10, 8, car la phrase: Alors on dira aux montagnes, etc., Tótε povτa: λéyev τοῖς ὄρεσι κτλ., est presque textuellement la traduction alexandrine de ce passage.

Le lieu de l'exécution est nommé par tous les évangélistes Golgotha, ce qui est le mot chaldéen, snbaba; et ils l'expliquent par le lieu du crâne, xpavíoυ тóños, ou le crâne, xpáviov (Matth., v. 33 parall.). Cette dernière explication pourrait faire croire que ce lieu avait été ainsi nommé à cause de sa configuration en forme de crâne; mais, d'après la première explication et aussi d'après la nature de la chose, il est plus vraisemblable qu'il devait son nom à l'usage auquel il servait, et aux squelettes et aux crânes des individus suppliciés qu'on y voyait. On ignore où cet endroit était situé; sans aucun doute il était hors de la ville; ce n'est non plus que par conjecture que l'on admet que c'était une colline (1).

Après l'arrivée de Jésus sur le lieu du supplice, Matthieu raconte, dans un ordre un peu singulier, comment les choses se passèrent (v. 34 seq.). D'abord il fait mention du breuvage offert à Jésus; puis il dit qu'après l'avoir attaché à la croix, les soldats se partagèrent ses vêtements; qu'ensuite ils s'assirent pour le garder. Après cela, il parle de l'inscription mise à la croix; et ce n'est qu'alors qu'il rapporte que l'on crucifia avec lui deux voleurs, et il rapporte cela sans prétendre rappeler quelque chose qu'il aurait oublié, mais en se servant d'une particule qui indique quelque chose de

(1) Voyez Paulus et Fritzsche, sur ce paragraphe; Winer, Bibl. Realw., d. A. Golgatha.

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