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νιζόμενος, ne se présentent que dans la bouche des Juifs et sont des accusations contre Jésus, et des synonymes de être fou, paíveolar (8, 48 seq.; 10, 20 seq.; comparez Marc, 3, 22, 30; Matth., 11, 18), les démoniaques sont, dans les trois premiers évangiles, les objets, on peut le dire, les plus habituels des opérations curatives de Jésus. Dès l'endroit où les synoptiques décrivent les commencements de son ministère en Galilée, ils mettent, en tête des malades que Jésus a guéris, les démoniaques, daiμovilouévous (1) (Matth., 4, δαιμονιζομένους 24; Marc, 1, 34), et ces derniers jouent généralement un rôle principal dans les récits sommaires de l'action que Jésus exerça en certaines contrées (Matth., 8, 16 seq.; Marc, 1, 39; 3, 11 seq.; Luc, 6, 18). Jésus accorde aussi à ses disciples, avant toute autre chose, le pouvoir de chasser les démons (Matth., 10, 1, 8; Marc, 3, 15; 6, 7; Luc, 9, 1); ce qui, à leur grande joie, leur réussit en effet à souhait (Luc, 10, 17, 20; Marc, 6, 13).

Outre ces renseignements sommaires, les guérisons de plusieurs démoniaques nous sont racontées en particulier, de sorte que nous pouvons nous faire une idée assez exacte de l'état spécial de ces malades. Chez celui dont la guérison dans la synagogue de Capharnaüm est placée comme la première de cette espèce par les deux évangélistes intermédiaires (Marc, 1, 23 seq.; Luc, 4, 33 seq.), nous trouvons d'une part le sentiment interne altéré de telle sorte que le possédé parle dans la personne du démon, ce qui se reproduit aussi chez d'autres démoniaques, par exemple chez les démoniaques de Gadara (Matth., 8, 29 seq. et passages parallèles); d'autre part nous y reconnaissons des spasmes et des convulsions avec des cris sauvages. Cet état convulsif se rencontre, arrivé à l'état d'épilepsie manifeste, chez ce démoniaque qui est en même temps désigné comme lunatique (Matth., 17, 14 seq. et passages parallèles); car la chute

(1) Les lunatiques, σeλnvalóμɛvot, qui leur sont associés chez Matthieu, ne sont qu'une espèce particulière de démoniaques, dont la maladie paraissait se ré

gler sur les phases lunaires; cela se voit par un passage de Matthieu, où un démon, datμóvtov, est expulsé d'un lunatique, oɛλnvialóμ.evos.

subite, souvent dans des lieux dangereux, les cris, le grincement de dents, l'écume, sont des symptômes connus de l'épilepsie (1). L'autre face de la maladie, c'est-à-dire la perturbation du sens interne, se manifeste particulièrement chez les possédés de Gadara, qui, outre que le démon, ou plutôt une multitude de démons, parlent comme sujet par leur bouche, présentent une folie lycanthropique avec des accès de manie furieuse dont les effets se manifestent contre eux-mêmes et contre d'autres (2). Les évangiles désignent encore plus ou moins précisément, comme démoniaques, non-seulement des fous et des épileptiques, mais encore des muets (Matth., 9, 32; Luc, 11, 14; dans Matthieu, 12, 22, le démoniaque muet, Sapovilóμevos xopos, est en même temps aveugle, Tupλós), et des malades affectés de contraction goutteuse du corps (Luc, 13, 11).

L'opinion sur ces malades qui est supposée dans les évangiles, et qu'en effet leurs rédacteurs partagent, est qu'un esprit mauvais, impur (δαιμόνιον, πνεῦμα ἀκάθαρτον), ou plusieurs se sont emparés d'eux (de là l'expression de avoir un démon, δαιμόνιον ἔχειν, être démoniaque, δαιμονίζεσθαι); que ces démons parlent par leur bouche (Matth., 8, 31; les démons l'appelèrent, disant: oi Saíuoves πapexáλouv AUTÒν Aéyovtes), et meuvent à volonté les membres des patients (Marc, 9, 20: l'esprit le mit en mouvement, Tò νεữμα šoπápačev aúτóv), jusqu'à ce que, dans la guérison, chassés avec violence, ils abandonnent le malade (¿xáλNetv, épox). D'après les évangiles, Jésus avait le même point de vue. A la vérité, quand, pour guérir les possédés, il adresse la parole aux démons qui résident en eux (Marc, 9, 24; Matth., 8, 32; Luc, 4, 35), on pourrait à toute force regarder cela avec Paulus (3) comme une manière d'entrer dans l'idée fixe de ces personnes plus ou moins aliénées, condescendance à laquelle le médecin doit s'accommoder

(1) Comparez les passages d'anciens médecins, chez Winer, Bibl., Realwörterb., 1, S. 191.

(2) Voyez les passages rabbiniques et autres, dans Winer, 1. c., S. 192.

(3) Exeg. Handb., 1, b, S. 475; comparez Hase, L. J.. $ 60.

de

pour pouvoir agir, quelque convaincu qu'il puisse être du peu de fondement d'une pareille opinion. Mais il n'en est point ainsi : Jésus, dans ses conversations particulières avec ses disciples, non-seulement ne leur dit jamais rien qui ait pour but saper cette opinion, mais encore il part, à diverses reprises, de la supposition que ces états morbides ont une origine démoniaque, par exemple: outre l'ordre de chasser les démons, Saiμóvia ixCάλλete (Matth., 10, 8), on trouve encore un passage explicite dans Luc, 10, 18, et particulièrement celui de Matthieu (17, 21 et parallèles), où Jésus dit: cette espèce, c'est-à-dire les démons, ne sort pas, etc., touto tò γένος οὐκ ἐκπορεύεται κ. τ. λ. Dans une explication purement théorique, donnée peut-être à ses seuls disciples, il décrit la sortie des démons, leurs courses vagabondes dans le désert, et leur retour renforcé d'une manière qui se rattache tout à fait aux opinions populaires d'alors (Matth., 12, 43 seq.). C'est donc uniquement rectifier les idées de Jésus d'après les nôtres, que d'admettre, comme le font des érudits d'ailleurs exempts de préjugés, tels que Winer (1), que Jésus ne partageait pas l'opinion du peuple sur la cause de ces maladies, et qu'il ne faisait que s'y accommoder. Pour renoncer à toute pensée de ce genre, il ne faut qu'examiner de plus près le passage noté en dernier lieu. A la vérité, on a essayé d'échapper à ce qu'il a de probant, en le prenant au figuré ou même comme une parabole (2). Mais, si nous laissons de côté les interprétations comme celle que Olshausen répète encore d'après Calmet (3), le sens de cette métaphore prétendue aboutit toujours à ceci, qu'une conversion superficielle à la cause de Jésus entraîne une rechute d'autant plus fâcheuse (4). Mais je voudrais savoir ce qui, en somme, nous autorise à nous écarter du sens propre de ce discours rien n'indique cette interprétation dans le pas

(1) L. c., S. 191.

possédé avant l'Exil par le diable sous

(2) Gratz, Comm. z. Matth., 1, S. 615; forme d'idolâtrie, après l'Exil par le diable Neander, L. J. Ch., S. 293.

(3) Bibl. Comm., I, S. 417. Suivant Calmet, il s'agit du peuple juif, qui fut

encore pire du pharisaïsme.

(4) C'est ce que dit Fritzsche, in Matth., p. 447.

sage même; rien ne l'indique, non plus, dans le reste de l'enseignement de Jésus, qui, nulle part, ne cache des conditions morales sous l'image de conditions démoniaques; et, quand il parle ailleurs, comme ici, de la sortie, ¿¿épxeoOαι, des mauvais esprits, par exemple dans Matthieu, 17, 21, cela veut être entendu au propre. Dira-t-on que c'est l'enchaînement qui écarte le sens propre ? Mais Luc, 11, 24 seq., place le passage dont il s'agit ici, après l'apologie de Jésus contre l'inculpation des pharisiens qui l'accusaient de chasser les démons par Beelzebuth; il le place sans doute d'une manière fautive, comme nous l'avons vu; toutefois cela prouve du moins qu'il a entendu parler, au propre, de véritables démons. Matthieu met aussi ce passage dans le voisinage de l'inculpation des pharisiens et de l'apologie de Jésus; mais il intercale, entre l'inculpation et l'apologie, la demande de signes et la réponse qu'y fait Jésus, et il met comme application finale dans la bouche de Jésus, ces mots : Il en sera ainsi de cette génération perverse, οὕτως ἔσται καὶ τῇ YEVEŽ TAÚTY Tỷ Tоoνпρã. Si, par là, Jésus donne au discours une relation figurée avec l'état moral et religieux de ses contemporains, il veut, sans aucun doute, que la description précédente du démon, qui est chassé et qui revient, soit entendue, au propre, de possédés; et ce n'est que par un retour sur cette description qu'il en fait l'image de la condition morale de ses contemporains. Dans tous les cas, Luc, qui n'a pas cette addition, présente le discours de Jésus comme un avertissement, ainsi que Paulus s'exprime, contre la récidive démoniaque (1). La plupart des théologiens actuels, sans être précisément appuyés par Matthieu, et en contradiction positive avec Luc, ne veulent entendre l'expression de Jésus que dans un sens figuré. Mais cela ne paraît avoir son motif que dans la crainte d'attribuer à Jésus une démonologie aussi développée qu'elle se trouve dans ces paroles, si on les entend au propre. On n'y échappe pas

(1) Comparez de Wette, Exeg. Handb., 1, 1, S. 120.

cependant, lors même qu'on fait abstraction de ce passage: dans Matthieu (12, 25 seq. 29), Jésus parle d'un royaume et d'une maison du diable, d'une façon qui dépasse évidemment le simple langage figuré; mais c'est surtout le passage déjà cité (Luc, 10, 18-20), qui est décisif; car il est tel, qu'il arrache même à Paulus, si jaloux de prêter aux personnages saints de la primitive histoire chrétienne les idées de notre temps, l'aveu que Jésus n'a pas considéré le royaume de Satan simplement comme symbole du mal, et qu'il a admis de véritables possessions démoniaques. Car, dit Paulus avec toute justesse, comme Jésus parle ici, non aux malades, non au peuple, mais à ceux qui eux-mêmes guérissaient, sous sa direction, de pareilles maladies, on ne peut plus, par un simple accommodement aux idées de son temps, expliquer son langage, quand, accueillant ses disciples à leur retour, il leur confirme que les démons leur sont soumis, τὰ δαιμόνια ὑποτάσσεται ὑμῖν, et qu'il décrit leur faculté de guérir les démoniaques comme une domination sur la puissance de l' ennemi, δύναμις τοῦ ἐχθροῦ (1). Le même théologien, sentant que ceux dont les lumières ne s'accordent pas avec la croyance aux possessions démoniaques, pourraient être choqués de voir que Jésus avait eu cette croyance, y a pourvu avec beaucoup de justesse, en remarquant que l'esprit même le plus distingué peut conserver une idée fausse qui est de son temps, pourvu qu'elle n'appartienne pas au domaine de ses réflexions particulières (2).

Les opinions qui règnent dans le Nouveau Testament sur les démoniaques trouvent un éclaircissement dans celles que nous rencontrons touchant le même objet dans d'autres écrivains plus ou moins contemporains. Les idées générales de l'influence des esprits malins sur les hommes, influence qui avait pour résultat la mélancolie, la folie, l'épilepsie, furent, il est vrai, répandues de bonne heure chez les

(1) Exeg. Handb., 2, S. 566

(2) L. c., 1, b, S. 483. 2, S. 96.

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