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JACQUES ROBUSTI DIT TINTORET

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HISTORIQUE ET CRITIQUE

SUB

JACQUES ROBUSTI, DIT TINTORET.

Si quelques peintres n'ont eu d'autre mérite, que celui de suivre pas à pas les traces de leurs maîtres, et de les imiter en tout point, il en est d'autres, au contraire, qui, tout en admirant leur maître, ont cherché à s'affranchir de sa manière, et sont en quelque sorte devenus eux-mêmes chefs d'école.

Tel est Jacques Robusti, né à Venise en 1512, et plus connu sous le nom de Tintoret, parce que son père exerçait le métier de teinturier. D'abord élève de Titien, le talent qu'il développa excita bientôt la jalousie de son, maître qui eut la faiblesse de l'exclure de son atelier. Cette disgrace, loin de le décourager, sembla en quelque sorte l'engager à redoubler d'ardeur, et la chambre qu'il habitait fut bientôt décorée de ses premiers essais. Il avait tracé sur la muraille cette inscription qui lui servit de règle: Le dessin de MichelAnge et le coloris de Titien. En effet, le jour il copiait les peintures du dernier, et la nuit il dessinait d'après les plàtres moulés sur les statues du sculpteur florentin.

On doit encore dire que, pour bien connaître le clair-obscur, Tintoret avait l'habitude de dessiner à la lampe, obtenant, par ce moyen, des effets vigoureux. Puis, avant de peindre

II

NOTICE HISTORIQUE ET CRITIQUE

ses grandes compositions, il faisait de petites maquettes en cire, les habillait avec un soin extrême, les plaçait dans de petites chambres faites en carton, puis plaçait aux fenêtres de petites lampes. Il arrivait, par ce moyen, à connaître avec la plus parfaite exactitude la distribution des ombres et des lumières. Enfin, pour bien mettre les figures en perspective dans ses plafonds, il suspendait ses petits modèles au plancher, dans les attitudes qu'elles devaient avoir, et les dessinait ainsi de bas en haut. Tous ces soins ne l'avaient pas détourné d'étudier l'antique, de bien connaître l'anatomie et aussi de copier la nature, sans éviter les raccourcis et sans craindre de les représenter tels que les offraient les poses variées dont il avait besoin dans ses vastes compositions.

Toutes ces études n'auraient pas été suffisantes encore pour faire remarquer la supériorité de Tintoret, s'il n'avait eu aussi un génie supérieur que Vasari son détracteur ne put s'empêcher d'admirer, et qu'il disait être le plus terrible qu'on ait jamais rencontré parmi les artistes. Avec un génie fougueux Tintoret sut pourtant se maîtriser, de manière à offrir aussi dans les premiers temps une exécution soignée. Ses premiers ouvrages sont donc remarquables sous tous les rapports, et on doit mettre au premier rang le Miracle de saint Marc, `qu'il peignit à l'âge de trente-six ans pour orner l'école de Saint-Marc à Venise; le Crucifiement de Jésus-Christ dans l'école de Saint-Roch, et la Cène qui se voyait autrefois dans le réfectoire des Porte-croix. Ces trois ouvrages admirables étaient très-estimés par l'auteur lui-même, qui crut devoir placer son nom sur chacun d'eux. Un des tableaux qu'il fit pour l'école de Saint-Roch est l'apothéose de ce saint, il peut servir à faire voir la rapidité avec laquelle il exécutait, et lui fit donner le nom de Furioso. La communauté, indécise sur le choix du peintre qu'elle chargerait de ce grand travail, avait demandé des projets à Paul Véronèse, à Salviati, à Frédéric Zuccaro et à Tintoret; mais ce dernier eut terminé et mis en

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