Le Corbeau et le Renard.
Waltre corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maitre renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage: Eh! bonjour, monsieur du corbeau! vous êtes joli, que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. Fabl. de Lat.
A ces mots le corbeau ne se sent pas de jole; Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le renard s'en saisit, et dit: Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute? Le corbeau honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
FABLE II.
La Cigale et la Fournii.
La cigale, ayant chanté Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue: Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau! Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle : Je vous pairai, lui dit-elle, Avant l'oût, foi d'animal, Intérêt et principal.
La fourmi n'est pas prêteuse; C'est là son moindre défaut : Que faisiez-vous au temps chandi Dit-elle à cette empruntease.- Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. Vous chantiez! j'en suis fort Eh bien dansez maintenant.
FABLE III.
Le Coq et la Perle.
Un jour un coq détourna Une perie qu'il donna Au beau premier lapidaire. Je la crois fine, dit-il;
Mais le moindre grain de mil Serait bien mieux mon affaire. Un ignorant herita
D'un manuscrit qu'il porta Chez son voisin le libraire. Je crois, dit-il, qu'il est bon; Mais le moindre ducaton Serait bien mieux mon affaire.
FABLE IV.
Les deux Mulets.
Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine charge, L'autre portart l'argent de la gabelle. Celui-ci, glorieux d'une charge si belle, N'eût voulu pour beaucoup en être soulage. Il marchait d'un pas relevé, Et faisait sonner sa sonnette: Quand l'ennemi se présentant, Comme il en voulait à l'argent, Sur le mulet du fisc une troupe se jette, Le saisit au frein, et l'arrête.
Le mulet, en se defendant,
Se sent percé de coups; il gémit, il soupire: Est-ce donc-là, dit-il, ce qu'on m'avait promis? Ce mulet qui me suit du danger se retire; Et moi, j'y tombe, et je péris!
Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi, Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi, Tu ne serais pas si malade.
FABLE V.
Le Loup et le Chien.
Un loup n'avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde : Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que bean, Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire loup l'eût fait volontiers:
Mais il fallait livrer bataille; Et le mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le loup donc l'aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint qu'il admire. Il ne tiendra qu'à vous, beau sire, D'être aussi gras que moi, lui repartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car, quoi! rien d'assuré! point de franche lipée ! Tout à la pointe de l'épée!
Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur destin. Le loup reprit : Que me faudrait-il faire ? Presque rien, dit le chien: donner la chasse aux gene Portant bâtons, et mendiants;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire : Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons,
Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le coup du chien pelé
Qu'est-ce là? lui dit-il.- Rien. — Quoi! rien !--- Pom
De ce que vous voyez est peut-être la cause. Attaché! dit le loup: vous ne courez donc pas
Où vous voulez?- Pas toujours: mais qu'importe?Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne oudrais pas même à ce prix un trésor. Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor.
La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion. La génisse, la chèvre, et leur sœur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun le gain et le dommage. Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris. Vers ses associés aussitôt elle envoie.
Eux venus, le lion par ses ongles compta; Et dit: Nous sommes quatre à partager la proie; Puis en autant de parts le cerf il dépeça; Prit pour lui la première en qualité de sire. Elle doit être à moi, dit-il, et la raison, C'est que je m'appelle lion:
A cela l'on n'a rien à dire.
La seconde, par droit, me doit échoir encor. Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort. Comme le plus vaillant, je pretends la troisième. Si quelqu'une de vous touche à la quatrième, Je l'étranglerai tout d'abord.
Jupiter dit jour : Que tout ce qui respire. S'en vienne comparaître aux pieds de zaa grandeme dans son composé quelqu'un trouve à redire Il peut le déclarer sans peur;
Je mettrai remède à la chose.
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