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Lui demande ce qu'il faut faire.
C'est, dit-il, afin de m'aider

A recharger ce bois: tu ne tarderas guère.
Le répas vient tout guérir;
Mais ne bougeons d'où nous sommes :
PLUTÔT SOUFFRIR QUE MOURIR!

C'est la devise des hommes.

FABLE XVIII.

L'Homme entre deux âges et ses deux Maîtresses.
Un homme de moyen âge,

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Et tirant sur le grison,

Jugea qu'il était saison
De songer au mariage.
Il avait du comptant,
Et partant

De quoi choisir : toutes voulaient luf plaire:
En quoi notre amoureux ne se pressait pas tant;
Bien adresser n'est pas petite affaire.

Deux veuves sur son cœur eurent le plus de part:
L'une encor verte, et l'autre un peu bien mare,
Mais qui réparait par son art
Ce qu'avait détruit la nature.
Ces deux veuves en badinant,
En riant, en lui faisant fête
L'allaient quelquefois testonnant,
C'est-à-dire ajustant sa tête.

La vieille, à tout moment, de sa part emportait
Un peu du poil noir qui restait,
Afin que son amant en fût plus à sa guise.
La jeune saccageait les poils blancs à son tour.
Toutes deux firent tant, que notre tête grise
Demeura sans cheveux, et se douta du tour.
Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les belles,
Qui m'avez si bien tondu:

J'ai plus gagné que perdu;

Car d'hymen point de nouvelles.

Celle que je prendrais voudrait qu'à sa façon

Je vécusse, et non à la mienne. Il n'est tête chauve qui tienne : Je vous suis obligé, belles, de la leçon.

FABLE XIX.

L'Enfant et le Maître d'École.

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Dans ce récit, je prétends faire voir
D'un certain sot la remoutrance vaine.
Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
Le ciel permit qu'un saule se trouva,
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un maître d'école;
L'enfant lui crie: Au secours ! je péris!
Le magister se tournant à ses cris,
D'un ton fort grave à contre-temps s'avise
De le tancer: Ah! le petit babouin!
Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise!
Et puis, prenez de tels fripons le soin!
Que les parents sont malheureux, qu'il faille
Toujours veiller à semblable canaille!
Qu'ils ont de maux, et que je plains leur sort!
Ayant tout dit, il mit l'enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant,
Se peut connaître au discours que j'avance.
Chacun des trois fait un peuple fort grand!
Le créateur en a béni l'engeance.
En toute affaire, ils ne font que songer
Au moyen d'exercer leur langue.

Het mon ami! tire-moi de danger!
Tu feras après ta harangue.

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Contre ceux qui ont le goût difficile.

Quand j'aurais en naissant reçu de Calliope
es dons qu'à ses amants cette muse a promis,
Je les consacrerais aux mensonges d'Esope:
Le mensonge et les vers de tous temps sont amis.
Mais je ne me crois pas si chéri du Parnasse,
Que de savoir orner toutes ces fictions.
Un peut donner du lustre à leurs inventions;
On le peut je l'essaie; un plus savant le fasse.
Cependant jusqu'ici d'un langage nouveau
J'ai fait parler le loup et répondre l'agneau.
J'ai passé plus avant: les arbres et les plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes.
Qui ne prendrait ceci pour un enchantement?
Vraiment, me diront nos critiques,
Vous parlez magnifiquement

De cinq ou six contes d'enfant.

Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques
Et d'un style plus haut? En voici. Les Troyens,
Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,
Avaient lassé les Grecs, qui, par mille moyens,
Par mille assauts, par cent batailles,
N'avaient pu mettre à bont cette fière cité;
Quand un cheval de bois, par Minerve inventé,
D'un rare et nouvel artifice,

Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse,
Le vaillant Diomède, Ajax l'impétueux,

Que ce colosse monstrueux

Avec leurs escadrons devait porter dans Troie,
Livrant à leur fureur ses dieux mêmes en proie:
Stratagème inouï, qui des fabricateurs

Paya la constance et la peine....

C'est assez, ine dira quelqu'un de nos auteurs:
La période est longue, il faut reprendre haleine.
Et puis, votre cheval de bois,
Vos héros avec leurs phalanges,
Ce sont des contes plus étranges

Qu'un renard qui cajole un corbeau sur sa voix;
De plus, il vous sied mal d'écrire en si haut style.
Eh bien baissons d'un ton. La jalouse Amarylle
Songeait à son Alcippe, et croyait de ses soins
N'avoir que ses moutons et son chien pour témoins.
Tirets, qui l'aperçut, se glisse entre des saules:
entend la bergère adressant ces paroles
Au doux zéphir, et le priant
Be les porter à son amant....
Je vous arrête à cette rime,
Dira mon censeur à l'instant;
Je ne la tiens pas légitime,
Ni d'une assez grande vertu :

Remettez, pour le mieux, ces deux vers à la fonte.
Maudit censeur! te tairas-tu?

Ne saurais-je achever mon conte?
C'est un dessein très dangereux
Que d'entreprendre de te plaire.
Les délicats sont malheureux:
Bien ne saurait les satisfaire.

FABLE II.
Conseil tenu par les Rats.

Un chat, nommé Rodillardus,
Faisait de rats telle déconfiture,

Que l'on n'en voyait presque plus, Tant il en avait mis dedans la sépulture. Le peu qu'il en restait, n'osant quitter so

Dans un nid de helette: et, sitôt qu'elle y fut,
L'autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.

Quoi! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire!
N'êtes-vous point souris? Parlez sans fiction.
Oui, vous l'êtes; ou bien je ne suis pas belette.
Pardonnez-moi, dit la pauvrette,

Ce n'est pas ma profession.

Moi, souris des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grace à l'auteur de l'univers,
Je suis oiseau, voyez mes ailes :
Vive la gent qui fend les airs!
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien, qu'on lui donne
Liberté de se retirer.

Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer

Chez une autre belette aux oiseaux ennemie.
La voilà de rechef en danger de sa vie.
La dame du logis avec son long museau
S'en allait la croquer en qualité d'oiseau,
Quand elle protesta qu'on lui faisait cutrage :
Moi, pour telle passer! Vous n'y regardez pas.
Qui fait l'oiseau ? c'est le plumage.

Je suis souris; vivent les rats!
Jupiter confonde les chats!
Par cette adroite repartie

Elle cauva deux fois sa vie.

Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants,
Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue.
Le sage dit, selon les gens,
Vive le roi! vive la ligue!

FABLE VI.

L'Oiseau blessé d'une flèche.

Mortellement atteint d'une flèche empennée,
Un oiseau déplorait sa triste destinée,

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