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«< certainement été surpris qu'ils se soient emportés jusques à demander la paix avec tant d'empresse<< ment et de précipitation, après avoir commis un «< crime si grand et si énorme. Ils vont même plutôt jusqu'à l'usurper sans la demander, et prétendent « l'avoir déjà dans le ciel. Mais, s'ils l'ont, pourquoi << demander ce qu'ils possèdent? et si, par cela même qu'ils la demandent, ils font voir qu'ils ne l'ont « pas, pourquoi n'attendent-ils pas le jugement de <«< ceux auxquels ils ont cru devoir la demander? S'ils

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pensent l'avoir obtenue d'ailleurs, qu'ils examinent « si la voie par laquelle ils l'ont obtenue est conforme « à l'Évangile! Si cela est, ils pourront s'en préva<< loir. Mais comment ce qui a été ordonné contre la « vérité de l'Évangile pourrait-il donner une récon« ciliation conforme à l'Évangile? Car nulle grâce, << nulle indulgence ne pouvant avoir de force qu'en « tant qu'elle n'est pas contraire aux commandemens « de celui à qui elle veut nous unir, il est indubitable « que celui qui veut se prévaloir d'une indulgence qui leur est contraire, en perd tout le mérite et la « vertu. Qu'ils prennent donc garde à ce qu'ils veu« lent faire en cette occasion! Car s'ils disent, que l'Évangile ordonne une chose, et que les martirs

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<< en ont ordonné une autre, ils mettent les martirs «< en opposition avec l'Évangile, et s'exposent à un

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danger évident. La majesté de l'Évangile s'écroule si

quelque nouvelle disposition peut prévaloir contre <«son autorité; et c'est ôter de dessus la tête des mar<<< tirs la couronne de leur confession, que de prétendre

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qu'ils ne l'ont pas acquise par l'observation de l'Évangile qui fait les martirs. Il n'y a donc personne qui soit plus obligé à ne rien faire contre l'Évangile « que celui qui travaille à obtenir le nom de martir. << De plus, si les martirs ne subissent le dernier supplice qu'afin de ne point sacrifier aux idoles et de « conserver jusqu'à la mort la paix qu'ils ont avec l'Église, parce qu'ils croient ne pouvoir la perdre <«< sans perdre leur salut; comment voudraient-ils la donner à ceux qui ont sacrifié, puisqu'ils doivent enseigner aux autres la règle qu'ils ont suivie pour << eux-mêmes? Au reste, ce que ceux qui sont tombés « veulent faire valoir comme extrêmement favorable « à leur prétention, y est tout-à-fait contraire; car, si <«<les martirs ont cru devoir leur donner la paix, « pourquoi ne la leur ont-ils pas donnée eux-mêmes?

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pourquoi ont-ils pensé, comme ils le déclarent, << qu'ils devaient les renvoyer à l'évêque? En effet, «< celui qui commande une chose peut la faire lui<«< même. Mais selon que nous le comprenons, ou

plutôt comme la chose le dit toute seule, c'est que « les très saints martirs ont jugé devoir user d'un tempérament qui ménageât en même tems leur mo« destie et la vérité; car se voyant pressés par plu<< sieurs, et voulant se délivrer de leurs importunités, <«< ils leur ont accordé ce qu'ils demandaient, mais en << remettant leur jugement à l'évêque; et, d'un autre « côté, ne communiquant point avec eux, ils ont témoigné qu'il fallait conserver inviolable la pureté de a l'Évangile. Ne cessez pas néanmoins, très cher

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« frère, de faire tout ce que vous pourrez, pour « adoucir les esprits de ceux qui sont tombés, et leur << donner les remèdes dont ils ont besoin, quoique << souvent les malades repoussent la main du médecin qui s'avance pour les guérir. La plaie qu'ils ont re<< çue est encore toute fraîche; il faut laisser passer « les premières atteintes de la douleur, après quoi <«< nous sommes assurés qu'eux-mêmes seront bien «< aises qu'on ait différé leur guérison pour la rendre plus solide pourvu toutefois qu'il ne s'en trouve point qui les arment pour leur propre ruine, et qui « leur donnant des conseils pernicieux au lieu du délai <«< salutaire auquel ils les devraient disposer, les enga« gent à solliciter une réconciliation précipitée; car << nous ne croyous pas qu'à moins que d'autres ne les « poussent, ils osassent tous vous demander si inso«<leminent la paix. Nous connaissons quelle est la foi « de l'Église de Carthage; nous savons comment elle « est conduite et formée; nous n'ignorons pas son humilité. C'est pourquoi nous avons été encore plus surpris qu'on ait usé envers vous de termes moins << respectueux; car nous avons plusieurs exemples de « l'affection mutuelle que vous avez toujours eue les « uns pour les autres. Il est donc tems qu'ils fassent pénitence de leur faute, qu'ils témoignent la dou« leur qu'ils ont d'être tombés, qu'ils fassent paraître « de la pudeur, de l'humilité, de la modestie, et qu'ils « attirent sur eux la miséricorde divine par leur soumission et par l'honneur qu'ils rendront à leur évêa que. Combien leur lettre eût-elle mieux valu, si

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« leur humilité eût secondé les prières que font pour « eux ceux qui sont demeurés fermes dans la foi! car <«< on obtient plus aisément ce que l'on demande, quand celui pour qui l'on demande, se rend lui« même digne d'obtenir.

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« Pour ce qui regarde Privat de Lambésa (1), nous « vous remercions de nous avoir fait connaître une chose que nous avions intérêt à savoir; car nous devons tous veiller sur le corps de l'Église entière <<< dont les membres sont répandus dans toutes les pro<< vinces du monde. Ce n'est pas qu'avant même d'a<< voir reçu votre lettre, nous n'eussions bien reconnu <«la fourberie du personage; car il y a quelque tems qu'un certain Futurus, l'un des chefs de la cabale « de ce Privat (2), vint vers nous, et tâcha d'obte<«<nir de nous quelques lettres de recommandation; «mais nous le reconnûmes, et nous ne lui donnâmes point les lettres qu'il désirait. Nous souhaitons que « vous vous portiez bien en Notre Seigneur.

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(1) Ville de Numidie, où s'était tenu un concile en 240 ou environ. Quatre-vingt-dix évêques s'y étaient trouvés, et Privat y avait été condamné comme hérétique. Voyez l'hist. ecclés. de Fleury, livre 6, chap. 22. Ce même évêque de Lambésa, quoique déposé pour son hérésie, ordonna Fortunat évêque de Carthage, l'an 252. Voyez encore Fleury, livre 7, chap. 7. C'est ce que l'on verra dans la suite.

(2) C'est ainsi que traduit Lombert. Le texte dit: quidam ex ipsius nequitiá cohorte vexillarius, Privati futurus, dans Dodwell. Pamélius avait écrit tout autrement.

Concile de Carthage. Election de saint Corneille. Novatien fait schisme.

251.

XIII. Nous venons d'entendre les véritables principes du clergé de Rome sur la pénitence, qui sont ceux de l'Église catholique. Novatien, qui les avait d'abord si bien expliqués, se mit lui-même dans le cas d'en faire usage (art. vII), et se reudit coupable par sa faiblesse pendant la persécution. Mais au lieu de profiter des ressources que lui-même avait indiquées, il se lia avec le schismatique Novat qui vint à Rome au mois de janvier 251 (1). Le confesseur Moïse, qui était son ami, étant alors en prison (2), ne put le garantir des intrigues de Novat, qui obtint son adhésion au schisme de Félicissime. Mais Décius étant parti de Rome, au mois d'avril (3), pour aller en Illirie et en Thrace s'opposer au ravage des Goths, son absence

(1) Annales Cyprianici, p. 21, ann. 251, no 1.

(2) L'auteur des Annales Cyprianici, dit que Moïse mourut au mois de janvier; mais cela est évidemment faux d'après la lettre de saint Corneille Histoire de l'Église, par Eusèbe, livre 6, chap. 43) où ce pape dit qu'après son élection, faite le 4 juin 251, Moïse sépara le schismatique Novatien de sa communion. Corneille dit, dans sa lettre que Moïse avait remporté depuis peu la couronne du martire. On peut donc croire qu'il est mort le 25 novembre, jour auquel l'Église célèbre sa fête. C'est l'opinion de Tillemont dans ses Mémoires, IfI, 423.

(3) Annales Cyprianici, p 22, no 4.

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