Obrazy na stronie
PDF
ePub

Novatien, comme l'observe Ciprien, n'était pas en repos. Toujours ennemi de l'unité de l'Église, il net participait nullement à ses triomphes, et la persécution ne l'atteignit en aucune manière. Lucius, qui fut le successeur de Corneille, obtint à la fois la gloire du sacerdoce et de l'exil. Mais il fut rappelé peu de tems après, et son triomphe fut réservé pour l'année suivante, ainsi qu'on le verra dans l'histoire de cette année. Ciprien l'ayant félicité sur son sacerdoce que nous appellerions aujourd'hui son épiscopat et sur sa confession par une lettre qui n'est pas venue jusqu'à nous, lui fit compliment sur son retour par une seconde lettre (art. xc1 ) écrite en son nom et en celui de ses collègues. Il y joint le témoignage de la satisfaction que lui cause son élection aux expressions de la commune joie qu'en éprouve l'Église romaine. Il dit qu'il ne cesse point « dans ses sacrifices et dans ses prières, d'en rendre graces à Dieu le Père et à son << Fils Notre Seigneur Jésus-Christ. » Il ajoute « qu'il « les prie également et qu'il leur demande que celui qui est parfait et qui perfectionne ses ouvrages, « conserve et perfectionne en Lucius la couronne « de la confession. » Il semble prévoir ce qui arriva dans la suite; il soupçonne que ce confesseur n'a été rappelé de son exil que pour sacrifier sa vie à JésusChrist, sous les ieux de son Église. Nous apprenons que Lucius confirma les décrets de Corneille sur les tombés, par saint Ciprien lui-même, qui qualifie Corneille et Lucius d'heureux martirs; il dit honorer leur mémoire; il affirine qu'étant pleins de l'esprit de Dieu

«

[ocr errors]

et glorieusement martirisés, ils ont cru que la paix devait être donnée aux tombés et qu'on ne peut refuser à ces malheureux la récompense de la communication et de la paix lorsqu'ils ont fait leur pénitence. C'est ce qu'il affirme qu'ils ont signé dans la lettre 67, édition de Pamélius, dont j'ai rapporté une partie (1).

Quoique la persécution eût commencé d'une manière menaçante contre saint Ciprien, puisqu'il fut appelé pour être déchiré par un loup, il ne s'éloigna pas comme il l'avait fait pendant la persécution de Décius; il ne fut ni chassé, ni proscrit. Le premier qui soutint le choc de la colère du peuple à Carthage, comme on le voit par la lettre qui forme l'article précédent, fut le vieux Rogatien, déjà couvert de gloire. Il avait mérité le titre de confesseur sous la persécution de Décius, et, lorsqu'il fut sorti de prison, il fut adjoint par Ciprien à deux évêques et au prêtre Numidique (2), pour gouverner l'église de Carthage Ayant été le premier jeté en prison avec Félicissime, dans cette persécution élevée par Gallus et Volusien, c'est sous la date du 25 octobre qu'il fut martirisé, plus d'un mois après la mort de Corneille. Ciprien dit que Félicissime, bien différent du schismatique, qui reçut la couronne du martire avec lui, était sobre et toujours tranquille. Ciprien, dans sa lettre de l'ar

(1) Tome XVI, p. 476.

(2) Ce prêtre Numidique était un illustre confesseur, célèbre pour la grandeur de sa vertu et de sa foi, et qui excellait par son humilité et sa douceur. Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, par Tillemont, III, 389.

ticle précédent, exhorte les autres confesseurs, renfermés en prison, à imiter Rogatien. Il assure qu'il prie Dieu constamment pour leur faire obtenir la même couronne. Parmi ces confesseurs, brillaient de jeunes garçons et des femmes, ce qui arriva aussi sous la persécution de Décius, ainsi que nous l'apprenons du Livre des tombés (1), et dans la persécution de Valérien, comme nous le verrons dans la suite (2). Ceux qui étaient tombés sous Décius avaient mérité ce même titre de confesseurs, comme l'observe saint Ciprien lui-même. Mais cet éloge ne peut être donné à tous, quoiqu'il le soit à un grand nombre. C'est ce que nous apprend l'auteur du livre adressé à Novatien, qui observe que d'autres de ce nombre fesaient encore leur pénitence. Mais, comme cette épître LXXXI que l'on vient de lire est attribuée par les uns à la persécution de Valérien, et par d'autres à celle de Décius, il faut exposer les motifs qui doivent nous persuader plutôt qu'il faut la croire écrite sous la persécution de Gallus et de Volusianus (3). C'est avec Baluze que nous allons examiner cette importante question. Nous ne pouvons guère choisir un meilleur guide.

(1) P. 143 et 144 de ce volume.

(2) Lettre 77 de l'édition de Pamélius, écrite l'an 257.

(3) Sancti Cæcilii Cypriani opera. Parisiis, 1726. Vita sancti Cypriani. p. 99 et 100.

Époque à laquelle a été écrite la lettre précédente.

XCIV. Pamélius et Baronius comptent cette lettre parmi les dernières de saint Ciprien, et la croient écrite sous la persécution de Valérien. Ils y sont principalement engagés par la raison que Rogatien, prêtre et confesseur, qui a certainement survécu à la persécution de Décius, a perdu la vie pour JésusChrist avec Félicissime. Baronius ajoute que ce fait est conforme aux tables ecclésiastiques dans lesquelles on place la mort de Rogatien et de Félicissime « sous « le même jour, le 7 des calendes de novembre, » ou le 25 octobre.

Au contraire, Péarson prétend que cette épître a été écrite sous Décius, lorsque Ciprien était caché; c'est ce qu'il prouve par les premiers mots de la lettre : « Je vous salue, mes très chers frères, désirant jouir aussi de votre vue si les circonstances du lieu « me permettaient de parvenir jusqu'à vous. » C'est ainsi, en effet, que saint Ciprien parle de sa retraite dans son épître 5 (1). « Et parce que les circonstances « du lieu (2) ne me permettent pas d'y assister; » et dans l'epître 37 (3) au même clergé : « Plût à Dieu « que les circonstances du lieu et du rang que j'oc

(1) Édition de Pamélius.

(2) Conditio loci.

(3) Édition de Pamélius. Loci et gradús mei conditio.

<< cupe me permissent que j'y pusse être actuelle<<< ment présent!» De ce rapprochement, Pearson conclut que ces expressions ne se rapportent pas à l'exil de Ciprien sous Valérien, mais à sa retraite sous Décius.

Quant à la mort de Rogatien, Péarson croit qu'elle doit être prise dans un autre sens, et qu'une erreur s'est glissée dans les tables ecclésiastiques, où Béda cite la lettre de Ciprien, rapportée ci-dessus (art. XCII), et en conclut que Rogatien et Félicissime ont reçu la couronne du martire, opinion adoptée sans examen par Usuard, Adon et d'autres.

Tillemont (1) adopte l'opinion de Pearson; cependant on reconnaît à plusieurs signes que cette lettre n'a point été écrite à Curube, mais à Carthage, lorsque Rogatien était déjà mort, non pas cependant sous Valérien, mais sous Gallus et Volusien. Le texte de saint Ciprien est effectivement trop formel pour nier que Rogatien et Félicissime eussent été alors couronnés par le martire. Voici ses expressions (art. XCII):

<«< Animés par l'exemple d'une si grande foi, et le « méditant nuit et jour, élevons vers Dieu toute l'ar« deur de nos désirs : méprisaat les choses présentes, << ne pensons qu'à celles qui sont à venir, à la récom« pense d'un royaume éternel, aux chastes embrasse<< mens de Notre Seigneur, et à la vue bien heureuse << de Dieu! Suivez en toutes choses la voie que le

(1) Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique. Paris, 1701, III, 388. 30

XVII.

« PoprzedniaDalej »