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<< ont rendus illustres, et nous ne saurions nous lasser « de les embrasser. Voici la troupe éclatante des << soldats de Jésus-Christ, qui, par leur fermeté, ont « brisé les plus violens efforts de la persécution, et

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qui étaient prêts à souffrir toutes les rigueurs de la << prison et de la mort. Vous avez généreusement ré«sisté au siècle, braves athlètes de Jésus-Christ. Vous << avez donné à Dieu un spectacle magnifique, et un grand exemple à tous les chrétiens. Votre voix a « fidèlement confessé Jésus-Christ, et ne s'est point « démentie depuis qu'une fois elle a fait profession de « croire en lui. Vos mains illustres, qui ne s'occupaient qu'à des œuvres saintes et divines, ont rejeté courageusement des sacrifices impies. Votre «< bouche sanctifiée par des mets célestes, après avoir «< reçu le corps et le sang du Seigneur, a eu horreur

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« de se souiller de viandes offertes aux idoles. Votre «< tête n'a point été couverte de ce voile profane dont << on couvrait les têtes captives de ceux que l'on obligeait à sacrifier aux fausses divinités. Un front « consacré par le signe de la croix, n'a pu souffrir la « couronne du diable, et s'est réservé

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pour celle du Seigneur. Avec quels transports de joie l'Église << votre mère ne vous reçoit-elle point maintenant <«< dans son sein au retour du combat! Avec quel con<< tentement et quelle allégresse ne vous ouvre-t-elle point ses portes, afin que vous entriez en troupe, chargés des dépouilles de l'ennemi terrassé! Les «< femmes mêmes ont part au triomphe des hommes, «<et elles ont vaincu le monde par la victoire qu'elles

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« ont remportée sur leur sexe. Les vierges l'accom<< pagnent aussi ornées d'une double victoire (1); << avec les enfans qui ont surmonté par leur courage << la faiblesse de leur âge. Ensuite vient la troupe de <«< ceux qui sont demeurés debout (2), et qui vous « suivent de près dans la 'gloire de votre triomphe. Ils << ont la même fidélité et le même attachement à la « foi. Appuyés sur les fondemens inébranlables des divins préceptes et des lois de l'Évangile, ils ont regardé sans effroi les bannissemens, la perte de leurs <«< biens, et les supplices les plus cruels. On leur donnait du tems pour tâcher d'ébranler leur foi; « mais celui qui a renoncé au monde se moque de « tous ces délais artificieux; et celui qui aspire à « l'éternité ne s'arrête point au tems. Que personne, « mes très chers frères, ne diminue une gloire qu'ils << ont si justement acquise! que personne ne rabaisse << malicieusement leurs avantages! Lorsque le tems porté par les édits pour renier la foi est expiré, quiconque, dans ce tems, n'a point renoncé à JésusChrist, a mérité le titre de confesseur. Le premier degré d'honneur est de confesser Notre-Seigneur quand on est pris; et le second, c'est de se retirer prudemment et de se réserver pour ce qu'il plaira « à Dieu d'ordonner de nous. La première confession est publique; la seconde est particulière. Celui-là demeure victorieux des juges du monde, et celui

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(1) Sur le monde et sur la chair.

(2) Saint Ciprien les oppose à ceux qui sont tombes.

XVII.

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<«ci, se contentant d'avoir Dieu pour juge, conserve «sa conscience pure, en ne trahissant point les <«< sentimens de son cœur. L'un témoigne plus de cou«rage, et l'autre plus de prudence. Le premier se « trouve prêt lorsque son tems est venu, et le second « est peut-être réservé pour un autre tems: et de ce qu'il s'est retiré et qu'il a abandonné ses biens pour << ne point renier Jésus-Christ, c'est une preuve qu'il « l'aurait confessé, s'il avait été pris.

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<< Mais parini le triomphe des martirs, la gloire des <«< confesseurs, et le courage de ceux qui sont de« meurés fermes, il y a une chose qui nous afflige « sensiblement, c'est que la fureur de l'ennemi nous « a arraché une partie de nos entrailles, et en a ter«<rassé plusieurs d'entre nous. Que ferai-je ici, mes « très chers frères? j'en suis extrêmement en peine. Que dirai-je, ou de quelle manière parlerai-je? « Certes, nous avons plus besoin de larmes que de paroles pour exprimer notre douleur, pour pleurer <«< nos blessures, pour déplorer la ruine d'un peuple << autrefois si nombreux; car qui serait si dur et si

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impitoyable, que de demeurer les ieux secs au milieu <«< d'une si grande désolation, et de voir ses frères << tombés d'une chute mortelle, sans faire retentir « le ciel de ses cris? Je m'afflige avec vous, mes « frères, je m'afflige avec vous; et je ne me console point sur ce que je suis demeuré moi-même sain et « entier, puisqu'un véritable pasteur ressent plus « vivement les plaies de son troupeau, que son trou<< peau même. J'entre dans tous les sentimens de votre

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a cœur, et je partage avec vous le poids de votre tris«tesse. Je gémis avec ceux qui gémissent, je pleure «< avec ceux qui pleurent (1), et il me semble que je « suis couché par terre avec ceux que l'ennemi a ter«rassés. Je suis percé des mêmes traits dont vous << avez été percés, et l'épée qui vous a blessés a passé au travers de mes entrailles. Ainsi, je ne puis « pas dire que j'aie été à couvert de la violence de la persécution, puisque l'affection que j'ai pour mes « frères fait que j'ai reçu le contre-coup de tous les «< coups qu'on nous a portés. >>

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Première suite du Traité de ceux qui sont tombés. Origine de la persécution, puisée dans les mœurs corrompues des chrétiens (2).

251.

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XXXI. « Cependant, mes très chers frères, il ne faut pas nous désespérer, et les ténèbres de la per

sécution ne doivent

pas

tellement couvrir nos ieux,

qu'il ne nous reste encore quelque lumière pour

(1) C'est ce que dit saint Paul dans son épître aux Romains, XII, 15.

(2) C'est ici que j'ai puisé la citation faite dans le tome précédent, p. 397, où l'on a imprimé de lapsú pour de lapsis.

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à voir ce que Dieu nous commande. Si nous recon<< naissons la cause de nos maux, nous en trouverons « le remède. Notre-Seigneur a voulu éprouver sa famille; et parce qu'une longue paix avait corrompu « la discipline, les châtimens du ciel ont réveillé notre « foi languissante et endormie. Et quoique nos péchés « eussent mérité de plus grandes peines, Dieu, qui « est bon, a tellement tempéré toutes choses, que <«<tout ce qui est arrivé a paru plutôt une épreuve qu'une persécution. Tout le monde ne songeait qu'à s'enrichir, et sans se souvenir de ce que les fidèles « fesaient du tems des apôtres (1) et qu'ils devraient toujours faire, ils s'appliquaient avec une ardeur « extrême à augmenter leurs biens. Le zèle de la religion et la pureté de la foi étaient éteints dans les prêtres et dans les ministres de l'Église. La charité << ne paraissait plus dans les oeuvres des chrétiens, ni « la discipline dans les mœurs. Les hommes se peignaient la barbe, et les femmes se fardaient, comme

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pour corriger l'ouvrage de Dieu. Les cheveux « étaient couverts d'une couleur mensongère, et l'al« tération de la couleur des sourcils corrompait les regards. On trouvait des artifices pour frauder les simples. On prostituait aux païens les membres de « Jésus-Christ, en contractant des mariages avec les

infidèles. On jurait en vain, et même on se parjurait on se disait des injures; on était divisé par

(1) Où les chrétiens mettaient en commun tout ce qu'ils possédaient. Voyez le volume précédent, p. 399.

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