CHAPITRE XXIV FÊTES DE LA TRÈS SAINTE VIERGE ET DES SAINTS SOMMAIRE. 1. Fêtes de la très sainte Vierge l'Immaculée Conception, la Nativité, la Présentation, l'Annonciation, la Visitation, la Purification, la Compassion, l'Assomption, la fête du saint Rosaire. Autres fêtes de la très sainte Vierge. 2. Fêtes des saints Anges. 3. Fêtes des Saints. Les fêtes des Saints en général. Les Saints de l'Ancien Testament. Les Saints du Nouveau Testament saint Joseph, saint JeanBaptiste, saint Pierre et saint Paul. Les fêtes des saints Patrons. Fête de tous les Saints. La Commémoration des Morts. : 1. Fêtes de la très sainte Vierge. 1. Quelles sont les principales fêtes de la très sainte Vierge 1? Ce sont l'Immaculée Conception, la Nativité, la Présentation, l'Annonciation, la Visitation, la Purification, la Compassion, l'Assomption, la fête du saint Rosaire. L'Immaculée Conception. 2. Qu'est-ce que la fête de l'Immaculée Conception? C'est la fête dans laquelle l'Église célèbre le privilège glorieux en vertu duquel la bienheureuse vierge Marie a été, dès le premier instant de son existence, préservée du péché originel et comblée des dons de la grâce sanctifiante. Elle se célèbre le 8 décembre. 3. Quelle est l'origine de cette fête ? Il en est fait mention, au septième siècle, sous l'empereur Héraclius, comme d'une fête déjà connue en Orient. Au douzième siècle, elle se célèbre en Angleterre, puis en Normandie et à Lyon; Rome la célèbre au treizième siècle. Le pape Sixte IV, au quinzième siècle, en approuve l'office, qui est revisé plus tard par saint Pie V. Clément VIII élève cet office au rang de double majeur, et Clément XI déclare que la fête sera de précepte dans toute l'Église. Pie IX définit le dogme de l'Immaculée Conception, le 8 décembre 1854, et Léon XIII élève cette fète au rang des doubles de première classe. 1 Voir Ire Partie, Ch. XI, p. 214. 4. Quels sentiments doit nous inspirer la fête de l'Immaculée Conception? Elle doit nous inspirer : 1o un profond sentiment de reconnaissance envers Dieu, qui prépare notre salut dans la conception immaculée de la Mère de notre Sauveur; 2o un sentiment d'admiration et de vénération filiale pour cette Vierge, notre Mère, qui est la plus chaste, la plus pure, la plus innocente, la plus étrangère au péché, la plus parfaite des créatures qui soient sorties des mains de Dieu; 3° un sentiment de vif regret de nos fautes, accompagné de la résolution d'éviter, avec la protection de Marie, tout péché délibéré. La Nativité de la très sainte Vierge. 5. Qu'est-ce que la fête de la Nativité de la très sainte Vierge? C'est la fête par laquelle l'Église célèbre la naissance de la Vierge immaculée et pleine de grâce. Elle est fixée au 8 septembre. 6. Quelles sont les autres naissances que célèbre l'Église? Celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Saint des saints, et celle de saint Jean-Baptiste, qui fut sanctifié avant de naître. 7. Pourquoi l'Église ne célèbre-t-elle pas la naissance des autres saints? L'Église ne célèbre pas la naissance des autres saints, parce qu'ils sont nés dans le péché, et que leur véritable jour de naissance, natalis dies, suivant le langage liturgique, est celui de leur mort, qui fut pour eux l'entrée dans la vie qui ne doit point finir. 8. Quelle est l'origine de la fête de la Nativité de la très sainte Vierge? Cette fête ne paraît pas remonter au delà du septième siècle, en Occident; elle est du siècle précédent, en Orient. Son octave fut instituée par Innocent IV, au treizième siècle. 9. Comment devons-nous célébrer cette fête de la Nativité ? En bénissant Dieu d'avoir fait paraître en ce jour la brillante aurore qui annonçait la venue prochaine du Rédempteur. C'est le sentiment qu'exprime l'antienne du Magnificat aux secondes Vèpres de cette fête : <«< Votre nativité, ô Vierge, mère de Dieu, a annoncé la joie au monde entier; car c'est de vous qu'est sorti le soleil de justice, le Christ, notre Dieu, qui, nous délivrant de la malédiction, nous a apporté la bénédiction, et, confondant la mort, nous a donné la vie éternelle. »> La Présentation de la très sainte Vierge. 10. Qu'est-ce que la fète de la Présentation de la très sainte Vierge? C'est la fête consacrée par l'Église à honorer le jour où Marie fut présentée au temple par ses pieux parents, pour y être élevée dans la crainte et l'amour de Dieu. Elle se célèbre le 21 novembre. 11. Quelle est l'origine de cette fète ? Cette fête est très ancienne dans l'Eglise d'Orient, où elle est célébrée dès le quatrième siècle. Elle ne passa en Occident que sous le pape Grégoire XI (1374), qui la fit alors célébrer dans l'Église romaine. Sous saint Pie V, elle cessa d'être dans le brẻviaire, mais Sixte-Quint la rétablit en 1585. 12. Que nous enseigne cette fète ? Elle nous enseigne l'obligation de nous donner à Dieu, à l'exemple de Marie, de bonne heure, entièrement et pour toujours, et nous apprend à fuir le monde et à aimer la maison de Dieu. 13. Que devons-nous demander à Dieu le jour de cette fète ? Nous devons lui demander, avec l'Église, de mériter de lui être présentés un jour, par l'intercession de Marie, dans le temple de sa gloire. L'Annonciation. 14. Qu'est-ce que la fête de l'Annonciation ? C'est la fête que l'Église a instituée pour célébrer la mission que l'archange Gabriel remplit auprès de la vierge Marie, lorsqu'il lui annonça qu'elle allait devenir Mère de Dieu. 15. Quel est le but principal que s'est proposé l'Église en instituant celle fête ? C'est de témoigner sa foi et son amour envers celle qui préta son consentement au grand mystère de l'Incarnation du Verhe. Tandis que la fête de Noël se rapporte principalement à Jésus. celle de l'Annonciation a surtout pour objet la très sainte Vierge, ainsi que l'indique l'office de cette fète. a On n'a rien de certain sur l'âge de Marie lorsqu'elle fut présentée au temple de Jérusalem, ni sur les autres circonstances de son séjour dans le temple. racontées par des écrivains de l'Église grecque. L'Église romaine n'a adopté. sur le témoignage d'une tradition authentique, que le fait de la présentation. 16. Quelle est l'origine de la fête de l'Annonciation? Dès les plus anciens temps nous trouvons une fête spéciale en l'honneur de la très sainte Vierge, Mère de Dieu : elle est d'abord placée peu de temps avant ou après la fête de la Nativité de Notre-Seigneur; puis dans le courant du cinquième siècle en Orient, du septième en Occident, elle est fixée au 25 mars. 17. Quelles sont les vertus dont Maric nous donne un admirable exemple en ce mystère de l'Annonciation ? C'est une humilité profonde, lorsqu'elle se trouble à la salutation de l'ange; un amour incomparable de la virginité, qu'elle met au-dessus de la dignité de Mère de Dieu; une foi vive à la parole divine; une obéissance parfaite à la volonté de Dieu, lorsqu'elle dit « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole 1. » 18. Que devons-nous faire pour bien célébrer la fête de l'Annonciation ? Nous devons: 1° féliciter Marie d'avoir été choisie entre toutes les femmes, pour devenir la Mère de Dieu; 2o remercier le Verbe de s'être fait chair pour notre salut; 3° prendre la résolution de nous exercer de plus en plus dans la pratique des vertus dont Marie nous donne un si bel exemple, et de réciter dévotement, aux heures accoutumées, l'Angelus, qui est l'histoire abrégée du mystère de l'Annonciation. La Visitation, 19. Qu'est-ce que la fête de la Visitation? C'est la fête par laquelle l'Église honore la visite que Marie fit à sa cousine sainte Élisabeth, après l'accomplissement du mystère de l'Incarnation et avant la naissance de saint Jean-Baptiste. 20. Quelle est l'origine de cette fète ? Célébrée d'abord dans l'ordre des Frères mineurs, elle fut étendue à toute l'Église par le pape Urbain VI (1389), dans le but d'obtenir par l'intercession de Marie la cessation du grand schisme d'Occident. Le concile de Bâle (1441) la fixa au 2 juillet, et Pie IX l'a élevée au rang des doubles de deuxième classe. 21. Quel fruit devons-nous retirer de cette fète ? Nous devons: 1o nous montrer, à l'exemple de Marie, pleins de bonté et de condescendance à l'égard du prochain; 2° réciter le Magnificat avec de grands sentiments de reconnaissance envers Dieu, pour les grâces que nous avons reçues de lui. 1 Luc, 1, 38. La Purification. 22. Qu'est-ce que la fête de la Purification? La fête de la Purification, qui se fait en même temps que celle de la Présentation de Jésus au temple, est la fête où l'Église honore l'humilité et l'obéissance de Marie, se soumettant, sans y être obligée, à la loi mosaïque relative à la purification des mères1. 23. Quels sentiments doit nous inspirer cette fête? Elle doit nous inspirer: 1o un vif sentiment d'admiration pour la profonde humilité et la parfaite obéissance dont Marie nous donne l'exemple en cette circonstance; 2o un sentiment d'estime pour la pauvreté, car le Fils de Dieu, créateur et maître de toutes. choses, voulut que sa Mère en fût réduite, à cause de son indigence, à ne présenter au prêtre que l'offrande des pauvres; 3o un sentiment de compassion pour les douleurs qui furent prédites à Marie par le saint vieillard Siméon. La Compassion. 24. Qu'est-ce que la fête de la Compassion? C'est la fète consacrée par l'Église à honorer les douleurs qu'a supportées Marie, en union avec son divin Fils, particulièrement au pied de la croix. 25. Quelle est l'origine de cette fête? Cette fète fut instituée au quinzième siècle, dans un concile provincial de Cologne, pour comprimer l'audace des hussites, qui profanaient les images représentant la très sainte Vierge plongée dans la douleur. Elle s'étendit de là dans un grand nombre de diocèses du monde catholique, et le pape Benoît XIII (1725) l'inscrivit au calendrier, sous le nom de Fète des Sept Douleurs de la bienheureuse vierge Marie. 26. Pourquoi cette fète s'appelle-t-elle ainsi? A cause des sept circonstances de la vie de Notre-Seigneur qui furent particulièrement douloureuses pour sa très sainte Mère. 27. Quelles sont ces circonstances? Ce furent 1° la prophétie de Siméon; 2o la fuite en Égypte; 3o la perte de Jésus à Jérusalem; 4° la rencontre de Jésus portant sa croix; 5o le crucifiement; 6° le coup de lance et la descente de croix; 7° la sépulture de Notre-Seigneur. 1 Lévit., XII. |