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à l'ordre de la nature, croyaient que la liberté humaine a presque autant de puissance dans le premier de ces états que dans le second. A leurs yeux, le péché originel n'avait pas tellement dépravé la nature humaine, que l'homme déchu et malade ne pût de lui-même au moins désirer, vouloir et demander la santé.

De là ils concluaient que l'homme peut avoir par lui-même le commencement de la foi, et qu'il peut persévérer dans la foi jusqu'à la fin; qu'étant ainsi arrivé à la foi par ses propres forces, il demande à Dieu et obtient, soit l'augmentation de la foi, soit les œuvres du salut; qu'il n'y a pas de prédestination à la grâce. C'était renverser, sinon complètement comme dans le pélagianisme, du moins en partie, l'ordre surnaturel.

79. Par qui fut condamné le semi - pélagianisme?

Le semi-pélagianisme, combattu par saint Augustin, saint Prosper, saint Césaire et saint Fulgence, fut condamné par le pape saint Célestin Ier et par le second concile d'Orange 1, dont les décisions furent approuvées par le pape Boniface II.

Erreurs des novateurs du seizième siècle.

80. Quelles furent sur la grâce les erreurs des novateurs du seizième siècle? Les novateurs du seizième siècle, donnant dans un excès opposé à celui des pélagiens et des semi-pélagiens, enseignèrent : 1o que l'homme par ses propres forces ne peut accomplir aucune bonne œuvre; 2o que toutes ses actions, faites non seulement sans le secours spécial de la grâce, mais même sans la foi justifiante, sont autant de péchés; 3o qu'il est forcé d'agir par la grâce, de telle sorte qu'il ne peut y résister.

81. Quel était le principe de ces erreurs?

C'était encore une fausse notion de l'ordre surnaturel.

Pour les novateurs, la justice originelle et les privilèges qui l'accompagnaient n'étaient pas des dons surajoutés à la nature humaine, mais constituaient une partie essentielle de cette nature. De là ils concluaient que le péché originel a vicié fondamentalement la nature de l'âme, lui a enlevé le libre arbitre et l'a rendue radicalement impuissante à connaître et à vouloir les choses

a Les principaux furent Martin Luther, d'Eisleben, en Saxe (1483-1546), et Jean Calvin, de Noyon (1509-1564). Il y a lieu de noter que les novateurs du seizième siècle, que l'on a représentés comme les émancipateurs de l'humanité, furent en réalité, aussi bien doctrinalement qu'en pratique, les pires ennemis de la liberté.

1 Voir p. 12, no 15.

spirituelles et divines. Par conséquent, l'homme ne peut absolument rien sans la grâce, si ce n'est commettre des péchés.

82. Où furent condamnées ces erreurs?

Au concile de Trente (1545-1563).

Erreurs des baïanistes et des jansénistes.

83. Quelles étaient sur la grâce les erreurs des baïanistes et des jansénistes? Les baïanistes et les jansénistes présentaient sous une autre forme les erreurs même de Luther et de Calvin.

Ils enseignaient 1° que l'homme déchu ne peut, sans le secours de la grâce, accomplir aucune bonne œuvre morale ni surmonter aucune tentation même légère; 2o que la première grâce que Dieu confère à l'homme est celle de la foi, et qu'il n'en donne auparavant aucune autre; 3° que, par conséquent, toutes les œuvres des infidèles sont autant de péchés et de vices proprement dits, qui méritent la damnation éternelle; 4° que la foi est inséparable de la charité ou justification, et que par suite les hommes non justifiés pèchent dans toutes leurs œuvres, d'où ils concluaient que les désirs, les efforts, les prières mêmes, par lesquels les pécheurs cherchent à obtenir ou à recouvrer la justification dans une conversion sincère, sont autant de péchés mortels; 5o que l'homme déchu agit nécessairement sous l'influence de la délectation terrestre ou de la délectation céleste, c'est-à-dire de la concupiscence ou de la grâce; que dans le premier cas il fait nécessairement le mal, et dans le second nécessairement le bien, sans cesser pour cela de mériter ou de démériter.

84. Quel était le principe de ces erreurs?

C'était le principe admis par les novateurs, savoir, que la justice originelle est due à l'homme et constitue une partie au moins intégrante de sa nature.

85. Par qui fut condamné le baïanisme?

Par les papes saint Pie V, Grégoire XIII et Urbain VIII.

86. Par qui fut condamné le jansénisme?

Par les papes Innocent X, Alexandre VII et Clément XI.

a Les baïanistes étaient les sectateurs de Michel Baïus, ou Bay, né en 1513 à Milin, dans le Hainaut, professeur d'Écriture sainte à Louvain, mort en 1589. b Les jansénistes furent les sectateurs de Jansénius, né en 1585 à Acquoy (Hollande), mort évêque d'Ypres, en 1638, auteur de l'Augustinus.

Le jansénisme était contenu dans les cinq propositions suivantes, extraites de l'Augustinus :

1o Quelques commandements de Dieu sont impossibles à des hommes justes

Conclusion de la condamnation de ces erreurs.

87. Que devons-nous conclure de la condamnation des pélagiens et semipélagiens?

De la condamnation des pélagiens et des semi-pélagiens, qui ont exalté la nature au préjudice de la grâce, nous devons conclure :

1° Que nos premiers parents ont été élevés, par la bonté toute gratuite de Dieu, à un état surnaturel, consistant ici-bas dans la grâce sanctifiante, germe de la gloire future, et qu'en outre ils ont reçu des dons essentiellement distincts des dons surnaturels, qui rendaient leur nature intègre.

2o Que le péché les a réduits, eux et leurs descendants, à l'état de nature déchue, c'est-à-dire à l'état dans lequel naissent les enfants aujourd'hui; état dont nous sommes relevés par le baptême, qui nous rend la grâce sanctifiante, mais non les privilèges d'intégrité.

3o Que, par suite du péché originel, le libre arbitre a été affaibli et incliné, suivant les paroles du concile de Trente, c'est-à-dire qu'il n'a plus la force et la rectitude qu'il avait dans l'état d'innocence, ni la même facilité de se porter au bien; mais que le poids de la concupiscence lui donne un penchant violent vers le mal, sans qu'il puisse se redresser de lui-même, pour se tourner du côté de Dieu, en tant qu'il est notre fin surnaturelle.

4o Que, par conséquent, l'homme déchu ne peut, sans la grâce, connaître toutes les vérités de l'ordre naturel, observer tous les commandements de la loi naturelle, surmonter les graves tenta

tions.

5o Que pour tous les actes relatifs au salut, et pour chacun d'eux, comme aussi pour commencer à croire d'une foi salutaire et persévérer dans la foi jusqu'à la fin, l'homme a besoin de la grâce intérieure de lumière et d'inspiration de l'Esprit-Saint.

qui veulent les accomplir, et qui font à cet effet des efforts selon les forces présentes qu'ils ont; la grâce qui les leur rendrait possibles leur manque.

2o Dans l'état de nature déchue, on ne résiste jamais à la grâce intérieure. 3o Dans l'état de nature déchue, pour mériter ou démériter, on n'a pas besoin d'une liberté exempte de nécessité; il suffit d'avoir une liberté exempte de coaction ou de contrainte.

4o Les semi-pélagiens admettaient la nécessité d'une gràce prévenante pour toutes les bonnes œuvres, même pour le commencement de la foi; mais ils étaient hérétiques en ce qu'ils pensaient que la volonté de l'homme pouvait s`y soumettre ou y résister.

5o C'est une erreur semi-pélagienne de dire que Jésus-Christ est mort et a répandu son sang pour tous les hommes.

6o Que l'homme justifié ne peut, sans un privilège spécial, éviter tous les péchés, même véniels.

7° Qu'il ne peut sans un secours spécial de Dieu persévérer dans la justice reçue.

8° Que la grâce est tout à fait gratuite, c'est-à-dire que, par aucune œuvre d'ordre naturel, on ne peut la mériter ni d'un mérite de convenance ni d'un mérite de justice.

88. Que faut-il conclure de la condamnation des hérétiques du seizième et du dix-septième siècle?

De la condamnation de Luther et de Calvin, de Baïus et de Jansénius, qui ont exalté la grâce au détriment de la nature, nous devons conclure:

1o Que l'élévation à l'état surnaturel et l'intégrité de nature n'étaient pas dues à nos premiers parents, et ne faisaient pas partie essentielle ou intégrante de leur nature, qu'il y a ainsi une distinction radicale entre l'ordre surnaturel et l'ordre naturel, entre la grâce et la nature.

2o Que le péché originel par conséquent n'a pas détruit le libre arbitre, mais qu'il l'a seulement affaibli et incliné.

3o Que l'homme déchu, n'étant pas totalement vicié dans son entendement et dans sa volonté, peut, sans le secours de la grâce, connaître quelques vérités de l'ordre naturel, accomplir les œuvres faciles du même ordre et surmonter les tentations légères.

4° Qu'il peut, avant d'avoir obtenu la grâce de la foi, faire des actions moralement bonnes, et que, par conséquent, toutes les œuvres des infidèles ne sont pas des vices ou des péchés.

5° Que l'homme, aidé de la grâce actuelle, peut, avant d'avoir obtenu la justification, accomplir des actes bons et surnaturels, et que, par conséquent, toutes les œuvres des pécheurs ne sont pas des péchés.

6o Que la grâce efficace n'impose pas à l'homme la nécessité d'agir, mais lui laisse toute sa liberté.

TRAITS HISTORIQUES

NÉCESSITÉ DE LA GRACE.

COOPÉRATION A LA GRACE.

12, 13.)

Parabole de la vigne. (Jean, xv, 1-10.)

Exemple de Manassès. (II Paral., xxxIII,

Conversion de saint Paul. (Actes, IX, 1-30.)

d'Achab. (III Rois, XXI, 27-29.)

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Repentir

INFIDELITÉ A LA GRACE. Endurcissement de Pharaon. (Exode, VII-X.) Saint Étienne reproche aux Juifs leurs infidélités. (Actes, VII.)

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RÉSUMÉ

Nature de la grâce actuelle. La grâce actuelle est un secours du moment, par lequel Dieu éclaire notre intelligence et meut notre volonté, pour nous aider à faire le bien et à éviter le mal. Elle consiste dans un acte passager et n'est point une qualité inhérente à l'âme. On divise la grâce actuelle en grâce extérieure et en grâce intérieure, suivant qu'elle est une chose extérieure dont la Providence se sert, comme d'une occasion, pour agir sur notre âme, ou bien qu'elle est l'acte même par lequel Dieu éclaire intérieurement notre intelligence et fortifie notre volonté. La grâce intérieure peut être : 1o prévenante, ou excitante, lorsqu'elle agit en nous sans nous, afin que nous connaissions et que nous voulions le bien; 2o concomitante, ou adjuvante, lorsqu'elle nous accompagne et nous aide, tandis que nous faisons le bien; 3° subséquente, lorsqu'elle nous suit, afin que nous continuions à vouloir et à faire le bien. La grâce intérieure est encore suffisante ou efficace. La grâce suffisante est celle qui donne à l'homme toutes les forces nécessaires pour faire le bien, mais qui est rendue inutile par suite de la résistance coupable de la volonté humaine. La grâce efficace, par rapport à nous, est celle qui est suivie de son effet, et avec laquelle nous faisons ce que Dieu nous commande.

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Nécessité de la grâce. La grâce actuelle intérieure est absolument nécessaire à l'homme dans l'ordre surnaturel. Ainsi elle est nécessaire pour tous les actes relatifs au salut; pour commencer à croire d'une foi salutaire et persévérer dans la foi; pour se préparer et se disposer positivement à la grâce; pour persévérer jusqu'à la fin, par un secours spécial, dans la justice reçue. Sans un privilège spécial, tel qu'il a été accordé à la très sainte Vierge, l'homme justifié ne peut pas éviter, durant toute sa vie, tous les péchés, même véniels. Cette vérité est de foi catholique; elle est attestée par les décisions de l'Église et par l'Écriture sainte.

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Sans la gråce actuelle, l'homme déchu ne peut moralement, ni connaître toutes les vérités de l'ordre naturel, ni accomplir tous les préceptes de la loi naturelle, ni surmonter les graves tentations. Mais la nature humaine n'ayant pas été totalement corrompue par le péché, l'homme par ses seules forces peut néanmoins connaître quelques vérités de l'ordre naturel, accomplir quelques préceptes, vaincre quelques tentations légères.

Efficacité de la grâce. Toute grâce est efficace en elle-même, car elle donne le pouvoir de faire le bien. Considérée dans ses effets, elle est suffisante ou efficace, suivant qu'il y a ou non défaut de coopération de notre part.

On distingue : 1o la grâce suffisante prochaine, ou celle qui donne le pouvoir immédiat d'exécuter la bonne œuvre que Dieu demande de nous; 2o la grâce suffisante éloignée, ou celle qui donne le pouvoir immédiat d'obtenir de Dieu par la prière le secours nécessaire pour bien agir. Il est de foi que Dieu donne à l'homme déchu une grâce vraiment suffisante, à laquelle cependant il résiste.

Par la grâce efficace, l'homme opère réellement et infailliblement le bien. La grâce efficace n'enlève pas à l'homme sa liberté. Cette libre coopération de

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