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arrachés de leur temple et jetés aux quatre horizons. Mais elle aimait ses idoles et elle avait depuis sa plus tendre enfance l'habitude de révérer ses dieux; c'est pourquoi la lumière, en éclairant son âme, blessait son cœur.- Il la pressa contre son sein, lui adressa de ces mots doux qui sont comme un baume miraculeux, quand ils tombent d'une bouche aimée, et ils ne reparlèrent plus, ce jour-là, de ces croyances si élevées, que la foi ou la philosophie de nos pères se rapprocherait du christianisme lui-même, si le révélateur, si l'Homme-Dieu n'avait ajouté à sa doctrine la splendide aumône que la divinité scule pouvait faire à l'humanité, nous voulons dire la charité, l'amour, qu'on ne trouve que dans notre religion, et qui en atteste l'origine céleste (1).

(1) Voir la note II, à la fin de cette nouvelle.

-A continuer.

HISTOIRE

DE LA

COLONIE FRANÇAISE EN CANADA

Voici quelles furent les dispositions prises pour le commerce : les bâtiments envoyés de France, chargés d'objets manufacturés, étaient approvisionnés au Canada de bois, huiles, poissons, et dirigés aux Indes Occidentales, Antilles, Açores, Iles Canaries; là, ils prenaient du sucre, du café, et revenaient en France.

Enfin, M. Faillon termine cet exposé en donnant le prix des denrées, qui a suivi très exactement le cours de la monnaie, ce qui prouve que les denrées étaient dès lors abondantes dans la colonie.

En même temps que le ministre s'occupait du développement matériel de la Nouvelle-France, i n'oubliait pas ce qui est la base de toute société durable, l'éducation morale et religieuse. Il comprenait très bien, nous dit M. Faillon, que pour établir solidement une colonie, la rendre forte, capable de se suffire à elle-même et d'exercer autour d'elle une influence durable, il fallait y établir un système d'éducation qui fût au niveau de celui que existait alors dans la mère patrie.

La mère de l'Incarnation vint en Canada dès l'année 1639 et la sœur Bourgeois résidait à Montréal depuis 1653: elles furent encouragées par Mgr de Laval.

Ce fut vers 1667, que le roi écrivait à ce dernier ainsi que son premier ministre, pour le féliciter de son zèle pour l'éducation religieuse, et pour lui envoyer des secours, afin de l'aider dans cet objet important. Ils lui disent " que c'est le meilleur moyen de policer la colonie, et d'y former des gens capables de servir Dieu et le prince, dans toutes les professions où ils se trouvent engagés."

Et en effet, les autorités ecclésiastiques ne s'étaient pas bornées aux principes de l'instruction, mais elles avaient cherché, dès le commencement, à répondre au besoin de toutes les conditions

qui se trouvaient représentées au Canada. Ainsi, il y avait d'abord des écoles élémentaires, pour instruire ceux qui se destinaient aux métiers d'agriculteur, de chasseur ou de pêcheur; de plus, il y avait au cap Tourmente, à 40 milles de Québec, une école d'arts et métiers, établie pour préparer des ouvriers, des entrepreneurs et des conducteurs de travaux; enfin il y avait des institutions qui donnaient l'enseignement convenable aux professions les plus élevées. Outre le collége des PP. Jésuites, où il y eut des exercices publics pour les classes supérieures dès l'année 1664, il y avait un petit séminaire établi par Mgr de Laval, qui fournit bientôt des vocations au sacerdoce. On admettait, dans ce dernier établissement, les enfants sauvages qui annonçaient des dispositions pour l'étude.

A Ville-Marie, les prêtres du Séminaire se firent maîtres d'écoles, tant ils attachaient d'importance à l'éducation, pour former les enfants à la piété et à la vertu.

Quant à l'éducation des filles, il y fut abondamment pourvu par les soins de la sœur Bourgeois et de ses compagnes, qui donnaient gratuitement l'éducation à toutes les filles du pays. Ces religieuses dévouées soutenaient leur maison au moyen des travaux qu'elles faisaient dans l'intervalle des classes.

M. de Queylus, M. de Fénelon et M. d'Urfé, pour subvenir aux besoins des enfants sauvages, fondèrent, à une certaine distance de la ville, des établissements où ces enfants fussent plus à l'abri de la dissipation; ils allèrent occuper à l'extrémité de l'Ile de Montréal, vers Sainte-Anne, Gentilly, les Iles Courcelle, et l'endroit qu'on appelle encore actuellement la baie d'Urfé.

Il est vrai que les soins donnés aux enfants sauvages ne réussirent que médiocrement; le caractère indiscipliné de ces enfants et la faiblesse de leurs parents mettaient un obstacle insurmontable à toutes les tentatives essayées; la sœur Marie de l'Incarnation avait fait dès 1660 cette remarque en leur faveur, qui est restée vraie : "Les enfants sauvages ne peuvent être contraintes; si elles le sont, elles deviennent mélancoliques et la mélancolie les rend malades. D'ailleurs, les sauvages aiment extraordinairement leurs enfants; quand ils savent qu'ils sont tristes, ils passent par dessus toute considération pour les ravoir, etc., etc."

Mais il en fut tout autrement pour les enfants des familles françaises. L'instruction se répandit dans toutes les classes; les Vocations ecclésiastiques furent nombreuses et remplirent

l'Amérique de missionnaires. L'amour de la langue et des institutions de la mère patrie prit de si profondes racines, que rien ne put l'altérer, ni la distance, ni les années, ni la conquête, ni la séparation, et c'est cet attachement aux liens d'origine, qui a fait jusqu'à ce jour du peuple canadien un tout, uni, compact, plein de vie, de force et de spontanéité.

Nous terminerons cette revue en énumérant ce qui se rapporte à l'organisation des seigneuries, des bourgades et des paroisses. L'établissement de la colonie était fondé sur le régime féodal, tel qu'il est formulé par la coutume de Paris. Ce régime était le seul que l'on connût alors, et, quelques abus qu'on lui ait reprochés depuis, il est certain qu'il était éminemment propre à faciliter l'établissement d'une colonie, et le plus favorable aux intérêts des particuliers: on peut en juger par l'exposition des faits.

On avait divisé le pays en fiefs d'une étendue assez considérable pour se suffire à eux-mêmes. Les uns étaient attribués à des hommes de guerre, afin qu'ils pussent défendre les points principaux de la colonie, tels que Québec, Trois-Rivières et Montréal; les autres étaient érigés pour récompenser les services rendus par des officiers, des employés du gouvernement, ou des communautés religieuses qui avaient contribué à l'établissement du pays. Mais ces fiefs n'étaient concédés qu'à des conditions onéreuses.

Ceux qui les recevaient étaient obligés de les constituer en état de défense, de les cultiver, de les mettre en valeur, de concéder des lots pour attacher au sol les colons qui venaient les aider dans la défense du territoire.

Une partie du fief ne pouvait être aliénée, et elle était calculée de manière à répondre aux charges et aux frais considérables qui étaient imposés au propriétaire. Tout le reste devait être cédé dans un temps limité, suivant les intérêts de la colonie. Le prix de chaque lot était tout à fait libéral et sans proportion avec sa valeur, ce qui avait un double effet, d'abord d'attirer les censitaires, et ensuite de porter le propriétaire à concéder autant de lots que possible, pour mettre son revenu au niveau de ses charges, etc. Les emplacements, dans l'enceinte des villes, étaient donnés à la charge de payer annuellement cinq sous par arpent; dans la partie déjà habitée, on ne demandait qu'un liard de revenu par toise. Dans l'Ile de Montréal, on payait deux liards par arpent, et une demi pinte de blé; en sorte que

celui qui recevait cent arpents n'avait que cinquante sous à payer annuellement et cinquante pintes, qui ne font pas deux boisseaux, et encore en était-il dispensé les premières années.

Il n'avait jamais d'autres redevances à acquitter, tant qu'il gardait son lot, ou qu'il le transmettait par donation, par succession, ou par mutation d'immeubles; mais lorsqu'il le cédait par vente, il était obligé de payer au seigneur une douzième partie du prix qu'il recevait, prix que lui-même n'avait jamais eu à débourser.

On ne peut citer aucun pays, occupé régulièrement, où des conditions plus larges aient été accordées aux colons. La faible rétribution qu'ils avaient à acquitter, était plus que compensée par les services que leur rendait le maître du fief, et la protection qu'il leur assurait contre les sauvages. M. Faillon donne la liste des fiefs établis pour pourvoir à la défense de Montréal, et le nom des chemins conduisant au centre de la colonie. Presque toutes les premières dénominations de ces propriétés, étant encore actuellement conservées, peuvent servir de pièces à l'appui des données de l'histoire.

La ville formait un parallélogramme établi dans le sens de la longueur, le long du fleuve, et incliné suivant son cours de l'ouest au nord. Adossée à une haute montagne, nommée MontRoyal par Jacques Cartier, elle est précédée par deux grandes iles: l'une nommée Ste-Hélène par M. de Champlain en l'honneur de sa femme, Hélène Boullé; l'autre nommée St-Paul, qui rappelle M. Paul de Maisonneuve, fondateur de Ville-Marie. Ainsi, en se présentant devant cette grande cité, l'on trouve, en ces trois dénominations, des souvenirs frappants des trois grands fondateurs de la Nouvelle-France.

Dans le sens de la longueur de la ville, on traça trois grandes rues parallèles au fleuve; celle du milieu reçut le nom de Notre Dame, en l'honneur de la protectrice et souveraine de la ville; près de la rivière, la rue St-Paul, en l'honneur de M. de Maisonneuve; de l'autre coté, la rue St-Jacques, à cause de M. Jacques Olier. Ces trois rues étaient coupées par six autres à angle droit. La première, appelée St-Pierre, patron de M. de Fancamp; la seconde, St-François, en l'honneur de M. François Dollier de Casson, curé de Montréal; la troisième, St-Joseph, parce qu'elle longeait l'Hôtel-Dieu, placé sous ce patronage; la quatrième, St-Lambert, patron de M. Lambert Closse; la cinquième, St-Gabriel, patron de M. de Queylus; la sixième, St

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