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Mais ce titre ne limite en aucune manière les travaux ni les aspirations de notre Revue. Notre Revue est canadienne; et rien de ce qui intéresse la Province de Québec et le Canada en général ne lui sera étranger.

Elle fait appel à tous les écrivains de la Puissance.

Elle s'adresse avec confiance à tous les lecteurs.

S'il nous est permis de le dire: nous ne négligerons rien, nous ne reculerons devant aucun sacrifice, pour faire de la REVUE DE MONTRÉAL une œuvre patriotique, dans toute la force de l'expression.

POUR UN ANNIVERSAIRE

A MLLE. HONORINE CHAUVEAU

A quoi donc rêvent-ils, vos beaux yeux andalous,
Quand, voilant à demi sa lueur incertaine,
Votre regard s'en va se perdre loin de nous,
Comme s'il contemplait quelque image lointaine?

Quand vous chassez au loin toute pensée humaine,
Et que, sur le clavier au son plaintif et doux,
Sans but, las et distrait, votre doigt se promène,
Jeune fille rêveuse, à quoi donc songez-vous ?

Oh! sans doute qu'alors votre âme ouvre ses ailes,
Et s'en va retrouver, dans des sphères nouvelles,
Ceux que le ciel emporte, hélas ! et ne rend pas........

Nous vivons dans un monde où presque tout s'oublie,

Mais il reste toujours quelque chainon qui lie

Les anges de là-haut aux anges d'ici-bas !

LOUIS-H. FRÉCHETTE,

1er janvier 1877.

A MA FEMME

Hélas! ma bonne amie, elle fut bien ardue
La route que, sans toi, j'avais à parcourir;
Et de tout ce qu'on peut endurer sans mourir,
Mon cœur a bien des fois mesuré l'étendue.

Souvent j'ai failli croire, à force de souffrir,
A la fatalité sur mon front suspendue;

Et si mon âme, enfant, dans l'orage éperdue,
N'a pas senti parfois son courage tarir,

C'est que, lorsque le vent du Nord battait ma voile,
L'espérance était là, resplendissante étoile,
Dont le rayon béni venait sécher mes pleurs ;

Cette étoile aujourd'hui, c'est ton sourire d'ange,
O femme ! et pour payer un bonheur sans mélange,
C'est encore bien peu que vingt ans de douleurs !

LOUIS-H. FRÉCHETTE.

L'EXPÉDITION DE L'AMIRAL SIR HOVENDEN WALKER

CONTRE QUÉBEC

EN 1711 (1)

Ce fut le 11 avril 1711, à sept heures du soir, que le contreamiral de l'escadre blanche, Sir Hovenden Walker, accompagné par le brigadier-général, l'honorable John Hill, commandant les troupes de débarquement destinées au Canada, vint recevoir au palais de St. James les ordres de la reine Anne.

Ces instructions royales étaient précises. Apres avoir pris rendez-vous à Spithead, l'amiral et le général devaient au premier vent favorable faire voile directement pour Boston.Une fois rendu là, Sir Hovenden Walker détachait de l'escadre un nombre suffisant de vaisseaux pour armer, équiper et convoyer les troupes de New-York, du Jersey et de la Pensylvanie qui devaient prendre part, par terre, à l'expédition du Canada, puis, une fois cette mission accomplie, renforcer sa flotte de tous les vaisseaux disponibles et remonter immédiatement le St. Lau. rent pour se mettre en mesure d'attaquer Québec au plus tôt.

Embossé devant la malheureuse ville, l'amiral anglais avait ordre d'employer toutes les forces suffisantes, tous les moyens connus pour la réduire, pendant que le lieutenaut général Nicholson, maintenant en route pour organiser les milices de la colonie anglaise, combinerait un mouvement qui s'exécuterait par terre.

Tout ce qu'il est donné à l'esprit humain de prévoir avait été employé pour assurer le succès de cette campagne, préparée longuement d'avance et destinée dès l'abord, à être commandée par Sir Thomas Hardy (2). Les médecins de la flotte avaient été pourvus de douze mois de médicaments. On avait poussé

(1) Nous donnons ce chapitre comme la primeur de l'ouvrage que M. Faucher de Saint-Maurice doit publier bientôt les souvenirs de trois croisières dans le golfe Saint-Laurent. Ce travail formera deux volumes. Le sujet en est très-intéressant, et la réputation de l'auteur n'a pas besoin de réclame.

(1) Vide.-Introduction du journal de Walker, p. 3.

la précaution jusqu'à embarquer d'énormes grues pour hisser des canons anglais sur les remparts de Québec, et les larges vaisseaux de Sir Hovenden renfermaient une flotille de flibots à fond plat, destinés à être jetés sur le lac St. Pierre pour empêcher l'ennemi de communiquer avec les assiégés, et protéger en même temps-ils étaient armés en frégate-les canots et les flûtes qui emmenaient les troupes de Nicholson (1). Les embarras d'argent avaient même été prévus, et on avait donné droit à Walker-droit qui lui fut contesté plus tard—de tirer à vue sur les commissaires de la marine, s'il arrivait à ses équipages de manquer de vivres ou de munitions.

En cas de succès-ce dont, avec le secours du Dieu tout puissant, la reine Anne n'avait aucune raison de douter, puisque tous les préparatifs avaient été faits, tous les ordres avaient été donnés, tous les moyens avaient été pris pour mener à bonne fin cette campagne (2)-une force navale anglaise devait rester dans le St. Laurent, pendant que les prises faites sur les Français transporteraient en Europe le gouverneur ennemi, les troupes prisonnières, les religieux et toutes autres personnes comprises dans les articles de la capitulation. Puis, quand ces choses glorieuses seraient passées dans le domaine de l'histoire britannique, lorsque la Nouvelle France aurait pris rang au nombre des vassaux de celle qui s'intitulait alors reine d'Angleterre, de France (3) et d'Irlande, un ordre d'embarquement devait être donné aux troupes qui n'étaient plus nécessaires au maintien de la paix, et Sir Hovenden Walker s'empresserait alors de revenir, non toutefois sans avoir attaqué Plaisance, dans le cas où la saison lui permettrait d'approcher Terreneuve Enfin, pour conclure, comme de tout temps il y a eu une pointe de commerce dans les guerres anglaises, Sa gracieuse Majesté

(1) D'après le rapport officiel de MM. Thomas Taylor et Ed. Bradshaw, chargés d'examiner l'état de cette flottille, elle se composait de vingt baleinières portant chacune six rames et dix pagayes, et de vingt flibots à fond plat portant huit rames chacun.-Vide Appendice du journal de Walker, p. 243.

(2) In case of Success (of which with the Blessing of Allmighty god we have no reason to doubt considering the preparations that have been made, and the Directions that have been given, and the Methods that have been taken to carry on this Expedition.) Royal instructions for our trusty and well beloved Sir H. Walker, rear admiral of our White Squadron.

(3) Le titre de roi de France, pris pour la première fois par Edouard III d'Angleterre, fut porté par ses successeurs jusqu'en 1801.

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