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tion, les persécutions auxquelles ils seront en butte. Inutile de recourir à des distinctions subtiles. Il suffit de se rappeler que les discours rapportés dans le premier Évang. ont une unité artificielle et logique; ils se composent de parties traitant d'un même sujet, mais qui se rattachent à différentes circonstances de la vie de Jésus. Jusqu'ici je ne vous ai pas parlé de cela, parce que j'étais avec vous; en s'exprimant de la sorte, Jésus anticipe sur la réalité : il se considère comme séparé des siens, tant son départ est imminent!

d) Promesse du Saint-Esprit (16, 5-15). Bien que, dans le courant de cette longue allocution, la mention du Paraclet revienne à plusieurs reprises, c'est ici que Jésus traite ce point, pour ainsi dire, ex professo. Et d'abord, il est nécessaire que l'Esprit vienne ici-bas. Mais, pour qu'il vienne, il faut que le Christ s'en aille. Ces deux envoyés divins doivent exercer leur ministère successivement. Le rôle du Paraclet consiste à venir parfaire l'œuvre commencée par Jésus. Les apôtres doivent puiser dans ces considérations un puissant motif d'encouragement (5-7). L'action du S.-E. s'exercera sur le monde et sur les chrétiens; elle aura pour objet de confirmer l'œuvre du Christ, d'accentuer la séparation entre les impies et les justes. A son arrivée, les méchants apparaîtront tels qu'ils sont (8). Le mot «< convaincre » (¿λé77ɛ:v) signifie, dans le cas présent, établir d'une manière irréfragable, manifester avec évidence. Cette manifestation portera sur trois points qui sont indiqués par les mots péché, justice et jugement. Le monde sera convaincu z) de péché (9), pour avoir volontairement rejeté le Messie (comp. 9, 41 ; 15, 22); 3) de justice (10), car, en présence du S.-E., il ne pourra plus méconnaître la divinité de Jésus; y) de jugement (11), car il aura alors nettement conscience de la défaite qu'il a éprouvée dans la personne de son chef. Le mot xçisi est pris dans le sens de condamnation. Ces trois points: le péché du monde, la justice et la condamnation de Satan, ne sont rattachés entre eux par aucun lien logique; ils font l'objet de trois assertions distinctes, au fond desquelles se trouve cependant une idée commune la confusion éclatante du monde par l'avènement de l'Esprit '. L'action du Paraclet sera invisible pour le monde lui-même, selon ce qui a été dit 14, 17. Les effets qui viennent d'être énumérés ne seront perçus que

1. S. Ignace a une réminiscence du texte évangélique Jo. 16, 11, quand il écrit: καταλύεται ὁ ἄρχων τοῦ αἰῶνος τούτου. Trall., 4, 2.

par les fidèles. Il faut croire cependant que les méchants en auront une connaissance indirecte, en tant qu'ils assisteront aux merveilles qui accompagneront les progrès de l'Évangile; ce spectacle les confondra, en s'offrant à leurs yeux comme un mystère impénétrable, qui n'aura sur eux d'autre effet que d'éveiller la conscience de l'erreur dans laquelle ils se sont volontairement enfermés. L'opération de l'Esprit ne se fera sentir d'une manière directe et positive qu'aux disciples (13-15). Elle est caractérisée à la fois par ses effets et par son principe. Elle aura pour principal résultat une illumination intérieure, grâce à laquelle la vérité révélée se manifestera tous les jours davantage à l'esprit des fidèles : c'est l'évolution de la foi, le progrès indéfini du dogme dans l'intelligence des chrétiens. Mais le rôle du Paraclet n'est pas d'apporter au monde une foi nouvelle, ni de compléter objectivement la révélation du Christ: il consiste à expliquer plutôt qu'à enseiner. Le Sauveur revendique la doctrine du salut comme son bien propre; il est le Révélateur par excellence. L'Esprit recevra de lui ce qu'il doit annoncer.

e) Dernières instructions. La fin du chap. (16, 16-33) représente la péroraison de l'entretien. Le Sauveur y formule en termes précis et clairs les principaux points de la doctrine qu'il vient de développer, et adresse à ses apôtres un dernier adieu. Le fragment 16-19 roule tout entier sur la succession chronologique indiquée par le terme expóv et sur deux événements qui s'y trouvent rattachés, la disparition de Jésus et sa réapparition. Le premier de ces faits ne souffre pas d'équivoque sous peu vous ne me verrez plus (16); c'est l'annonce du départ. Le Sauveur est sur le point de quitter le monde et de se séparer des siens. Quant au second, la manifestation ultérieure de Jésus aux fidèles, quiconque a saisi l'idée qui est à la base de tout ce discours (14-16) n'aura aucune difficulté à le définir. Il ne saurait être question ici ni de la Pentecôte, ni du jugement dernier. La résurrection n'est pas non plus l'objet de la promesse; mais on peut dire qu'elle est sous-entendue. Un peu plus loin, le Sauveur y fera allusion (22). Il s'agit de la manifestation intérieure, dont seront favorisés les fidèles, après qu'ils auront surmonté l'épreuve de la crise finale. La mort tragique du Maître provoquera dans l'âme des croyants l'hésitation et le trouble; pour un instant, la conscience chrétienne sera voilée; Jésus semblera avoir totalement abandonné ses disciples, qui seront frappés de stupeur. La

foi même des apôtres subira une éclipse momentanée. Mais bientôt les chrétiens sortiront de leur abattement, reprendront possession d'euxmêmes; alors leur foi revivra plus ardente, le nuage de tristesse que les scènes de la Passion avaient produit dans leur âme se dissipera, la figure du divin Maître renaîtra dans leur esprit, Jésus leur manifestera intérieurement sa présence pour les consoler et les raffermir. Telle est la signification de la formule généralement incomprise encore un peu de temps et vous me verrez. Elle est la seule qui s'adapte à l'ensemble du discours et qui soit en rapport avec les endroits parallèles, notamment avec 14, 19. On peut même dire qu'elle est seule conforme avec les versets qui suivent et dans lesquels Jésus développe sa pensée. Il importe de noter, avant d'aller plus loin, que les mots qui terminent le v. 17, ὅτι ὑπάγω πρὸς τὸν πατέρα, ont trait seulement au premier μικρόν, c'est-à-dire au départ du Sauveur, et n'ont aucun rapport avec le fait de la réapparition. Le v. 20 doit être considéré comme le commentaire authentique du v. 16. La différence des temps marquée par la répétition de xpóv est caractérisée par le changement qui doit se produire dans l'état d'âme des disciples. Devant le triomphe apparent du << monde », les fidèles seront d'abord plongés dans la tristesse : mais bientôt, à l'abattement succédera une joie inaltérable. Le Sauveur explique sa pensée au moyen d'une comparaison; aux douleurs de l'enfantement succèdent les joies de la maternité (21). La comparaison porte uniquement sur la transition qui s'opère chez la femme en travail. L'idée de fécondité spirituelle est étrangère à ce texte1. En faisant ses adieux aux disciples, le Sauveur leur dit au revoir. Plus haut, il leur a dit vous me reverrez. Plusieurs interprètes pensent qu'il s'agit d'un même fait, que Jésus envisage tantôt au point de vue de ses auditeurs, tantôt à son propre point de vue. Nous croyons qu'il y a là deux événements, qui doivent s'accomplir dans le même temps, indépendamment l'un de l'autre, mais de manière à converger vers un même résultat, la joie des fidèles. C'est, d'une part, un phénomène mystique, la réapparition de Jésus dans l'âme des chrétiens, d'autre part, un fait objectif et physique, la manifestation du Christ ressuscité. Il faut donc voir au v. 22 une allusion à la résurrection. Mais

1. La même comparaison se trouve dans le IVe livre d'Esdr. 16, 39. Tatien l'a reproduite dans son Diatessaron.

c'est un aperçu historique qui se glisse incidemment dans le discours. Au verset suivant, Jésus revient à l'objet principal de son entretien. L'expression en ce jour-là marque la période de joies spirituelles qui doit s'ouvrir pour les disciples, après un intervalle d'abattement et de tristesse. Le moment de l'épreuve sera si court, que Jésus le néglige désormais et transporte directement ses auditeurs au temps de la consolation. Le temps vient en effet, où les désirs des disciples seront pleinement réalisés, pntat pa (25). Alors, le ministère de Jésus sera consommé ; son rôle historique de Révélateur sera terminé, on ne l'interrogera plus (23). Le verbe pwtav signifie demander soit pour savoir, soit pour obtenir; ici comme au v. 30, il répond à la première de ces deux significations, et doit se rendre par interroger. Le Sauveur envisage le temps où, vivant dans l'âme du chrétien, il s'identifiera en quelque sorte avec elle. Tandis qu'il s'est présenté jusqu'à présent comme un moyen extérieur pour aller au Père, désormais il sera un principe subjectif, qui éclairera intérieurement le fidèle, inspirera et dirigera ses démarches. On ne s'adressera plus au Père par son intermédiaire, mais en son nom; il prendra lui-même l'initiative et la responsabilité de la demande (26). Tout ce passage (22-27) n'est que le développement de la promesse exprimée plus haut, 14, 20. La repartie des disciples contient la répétition des paroles du Maître : 29b 25b; 30a23a; 30b27c. Mais cette répétition prouve la bonne volonté des apôtres, plutôt que leur intelligence de la situation. Elle part d'un point de vue actuel, tandis que le langage de Jésus plonge dans l'avenir. Cependant, elle est une profession de foi qui marque le terme de l'entretien. Le moment de la séparation est venu. En adressant aux siens un suprême adieu, Jésus leur laisse entrevoir un triomphe à remporter sur le monde. Les disciples marcheront sur les traces du Maître; les persécutions seront pour eux le prélude de la victoire. Cette même pensée se retrouve plus complète dans l'épître I Jo. 5, 4-5 : c'est par la foi à la divinité de J.-C., dit l'auteur, que nous avons vaincu le monde.

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Ce long entretien renferme les vérités essentielles de la Nouvelle Loi. Toutefois, comme il est rédigé sans souci de l'ordre logique, l'analyse est impuissante à en faire ressortir la portée doctrinale. En le parcourant, nous nous sommes astreint au sens littéral. Il con

vient maintenant d'en faire la synthèse, de grouper méthodiquement les données éparses, qui convergent vers un même point du dogme chrétien. Trois idées principales se détachent du fond du discours: a) rapport qui unit entre elles les personnes divines; b) union mystique de Dieu avec l'âme du fidèle; c) relations de J.-C. avec la société des chrétiens.

1° Nulle part ailleurs, dans le IV Évang., on ne rencontre une expression aussi claire du dogme trinitaire. Nous trouvons ici, avec l'énumération distincte des trois personnes, la mention, pour chacune d'elles, des attributs propres à la divinité. Que l'on considère, dans le texte évangélique, le Père en rapport soit avec Jésus, soit avec le Paraclet, on trouve, dans un cas comme dans l'autre, les deux notions fondamentales d'identité et de distinction. - a) Jésus et le Père. La divinité de Jésus étant mise hors de question, il est clair que le Sauveur se proclame simplement l'égal du Père, quoique distinct de lui. 2) Connaître et voir Jésus, c'est connaître et voir le Père (14, 7, 9); Jésus est dans le Père et le Père en Jésus (14, 10, 11, 20); le Père parle et agit en Jésus (14, 10); celui qui hait Jésus, hait le Père (15, 23); tout ce qui appartient au Père appartient aussi à Jésus (16, 15). On ne saurait rendre en termes plus expressifs la notion d'égalité absolue. ẞ). La distinction est affirmée avec non moins de clarté et d'insistance: il y a, entre Jésus et le Père, le rapport qui existe entre le moyen et le terme (14, 6), entre la vigne et l'agriculteur (15, 1), entre l'envoyé et celui qui l'envoie (14, 24), entre celui qui obéit et celui qui ordonne (14, 31); Jésus quitte le monde, et le Père est le terme de son voyage (14, 12, 28; 16, 10, 17, 28); il possède les titres des bienfaits dont le Père est le dispensateur (14, 13; 15, 16; 16, 23); il est le médiateur qui apporte aux hommes l'enseignement du Père (15, 15) et présente au Père les demandes des hommes. (14, 16).—b) La divinité du S.-E. ressort des différents passages où il est fait mention du Paraclet (14, 16-17; 26; 15, 26; 16, 7-15. Ce point est universellement admis. Mais certains critiques nient que le S.-E. soit présenté comme un être divin doué d'une subsistance propre, comme une personne distincte du Fils et du Père. Ce second point demande à être démontré. Il s'agit d'une distinction double :) Le Paraclet est une personne distincte de Jésus. En effet, le Sauveur parle de lui comme d'un autre Paraclet qu'il enverra à ses disciples pour lui succéder auprès d'eux (14, 16) et continuer son œuvre (14, 26); il le caractérise comme une sorte de médiateur chargé de transmettre aux hommes son propre enseignement (16, 14). ß) Le Paraclet est une personne distincte du Père, puisqu'il est envoyé par lui (14, 16,26) et qu'il procède de lui (15, 26). Il convient de signaler deux phrases particulièrement significatives au point de vue qui nous occupe; elles se

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