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je vous ai choisis sachant bien que l'un de vous me trahirait'. La formule par laquelle la citation biblique est introduite, vzʼn rрaph

po, se rattache à une idée générale sous-ent. il en est ainsi pour que... Le texte tiré du Ps. XLI, 10, est rapporté librement. Il s'écarte de la version des Sept., notamment en ce que le mot prous (s. art.) est remplacé par l'expression tov žptov. La notion d'une nourriture déterminée est mise en opposition avec l'ingratitude de celui qui la reçoit celui-ci regimbera contre son bienfaiteur. Jésus profite de l'occasion pour manifester une fois de plus sa science surnaturelle (19). Le v. 20 a trait à la dignité de l'apostolat: il est le complément du v. 16. Les deux notions d'humilité et de dignité sont étroitement unies dans les discours du Sauveur (comp. Mt. 10, 40; Lc. 9, 48; 10, 16; 22, 27-30). c) La suite du récit (21-30) est consacrée à la personne de Judas. Au moment de désigner le traître, Jésus est saisi d'une émotion spirituelle, ἐταράχθη τῷ πνεύματι. La remarque faite plus haut, à propos de 11, 33 s'applique également ici, avec cette différence toutefois que, dans le cas présent, la prévision de la mort n'entre pour rien dans l'état d'âme du Sauveur. L'auteur nous fait pénétrer dans l'intimité du cénacle. Il retrace avec une vivacité remarquable une scène dans laquelle il entend s'attribuer à lui-même un rôle important. Il y avait, dit-il, un disciple qui reposait sa tête sur la poitrine de Jésus; ce disciple, ajoute-t-il, était particulièrement chéri du Maître : ÍÇ ÈX TŎv μαθητῶν... ἂν ἠγάπα ὁ Ἰησοῦς (23). Ces paroles ne sauraient être entendues d'un attachement exclusif (comp. 1); le disciple dont il s'agit était simplement favorisé d'une sorte de prédilection. Pierre était assez éloigné de Jésus pour qu'il lui fût impossible de lui parler sans être entendu des autres convives. Tandis que tout le monde demeure interdit, comme frappé de stupeur par la déclaration inattendue qui vient d'être faite (21), il prend l'initiative en vue d'éclaircir le doute qui pèse sur l'assemblée; s'adressant au disciple bien-aimé, il lui fait signe d'interroger le Maître, afin d'apprendre quel est celui dont il a voulu parler. Tel est le sens obvie du v. 24. Les mots que nous lisons dans la Vulg. <«<et dixit ei » sont reproduits de la version Itala; ils se trouvent également dans les mss. B et C. Mais le texte grec reçu, fidèle à la leçon des mss. A et D, ne les contient pas. Un scribe les aura insérés pour

1. Maldonat, Comment. in Joan., ad loc..

introduire la demande qui termine le verset, ne s'apercevant pas que cette formule n'était pas autre chose que l'interprétation du geste de Pierre. Étant donnée, en effet, la disposition des personnages (23, 25), il eût été aussi facile à Pierre d'adresser directement la parole au Maître que de recourir à l'intermédiaire du disciple. S'il adopte un procédé indirect, c'est qu'il veut éviter d'élever la voix. L'apôtre qui a été l'objet de cette interpellation tacite, se penche aussitôt vers le Maître pour l'interroger sans être entendu des autres (25). Le moyen employé par Jésus pour désigner le traître consiste en une action. journellement pratiquée dans l'ancien orient; c'était un procédé familier par lequel l'hôte exprimait son amitié aux convives. Mais, dans la circonstance, il est significatif, vu que l'on a cessé de manger. Le repas est fini, puisque nous voyons Judas, immédiatement après avoir reçu la bouchée, sortir du cénacle sans que son départ éveille le moindre soupçon (29-30). Si l'on eût été au milieu du banquet, ce départ subit aurait paru étrange; vu l'état d'inquiétude où se trouvaient les esprits, il aurait été interprété dans un sens défavorable; le traître, en se retirant, se serait démasqué. Or, l'auteur dit expressément que personne ne le reconnut, sauf le disciple bien-aimé (28-29). En rapportant le colloque intime entre Jésus et l'apôtre, l'écrivain laisse percer discrètement le désir d'être reconnu du lecteur comme le disciple chéri entre tous. Qui aurait pu en effet, avoir connaissance des paroles échangées dans ce tête-à-tête? Lorsqu'il est dit que Satan entra dans Judas (27), l'intrusion de l'esprit mauvais n'est nullement attribuée à l'efficacité du morceau de pain. Le mot μɛti indique simplement l'ordre de succession immédiate. Jusqu'ici, le diable a préparé la mort du Fils de Dieu en agissant sur la masse des Juifs (8, 44); il a exercé une action en quelque sorte collective; il n'est pas encore entré en scène personnellement. Mais à présent que tout est préparé, il n'a plus qu'à prendre possession de celui qui est désigné d'avance pour être son instrument (6, 71-72; comp. 13, 18-19); personnifié en Judas, il jouera désormais un rôle individuel. L'évangéliste le désigne sous le nom de Satan, l'ennemi. Ce que tu fais, faisle vite; quand on lit ces mots sans arrière-pensée, on les comprend comme les comprirent les apôtres qui n'étaient pas initiés au secret de la trahison (29) et comme les comprit probablement Judas lui-même. On a tort, croyons-nous, d'attacher à cette phrase un sens mystérieux.

L'évangéliste ne dit pas que les disciples ne comprirent pas ce que Jésus voulait dire, mais seulement qu'ils ne se rendirent pas compte du but qu'il se proposait en parlant ainsi. Rien n'empêche de croire que Judas devait à cette heure-là, vaquer à quelque occupation inhérente à sa charge d'économe (29) et que Jésus le lui rappelle pour l'engager à sortir et se débarrasser de lui. Lorsque le traître se retire, il fait nuit. C'est l'heure favorable à la puissance des ténèbres (Lc. 22, 53).

§ XXIII. Dernier entretien de Jésus avec les apôtres.

Les trois chapitres 14-16 ne forment qu'un seul tout; ils reproduisent un entretien ou, si l'on veut, un discours qui a son exorde à la fin du chap. 13. Ici, comme partout ailleurs dans le IVe Évang., les paroles de Jésus ont une portée profondément théologique. L'imminence de la séparation est l'idée dominante de tout ce passage, que l'on peut appeler à juste titre le discours d'adieu. Le Sauveur joint à l'annonce de son prochain départ l'exposé des motifs qui doivent consoler et fortifier. les apôtres (réunion future, dignité de l'apostolat, retour du Christ glorifié), et leur adresse ses recommandations suprêmes par-dessus tout la charité. Ces idées ne sont pas exposées d'une manière méthodique; le discours n'offre aucun plan déterminé; souvent même, l'enchaînement logique est difficile à saisir et l'on serait tenté de réunir en un même contexte les différents passages traitant d'un même sujet, par exemple les quatre endroits où il est question du Paraclet (14, 1617, 26; 15, 26, 16, 7-15). On a souvent signalé la différence qui règne entre les discours du IVe Évang. et le langage que tient Jésus dans les Évang. synopt. « Un Jésus, dont les prédications offrent les différences que nous remarquons entre Mt. 5-7 et Jo. 14-16, est une impossibilité psychologique.'» Cette prétendue impossibilité psychologique n'est rien moins qu'évidente, même aux yeux de l'hypercritique. Dans un récent ouvrage 2, un auteur anglais que l'on ne taxera pas de modéré, M. Abbott, croit trouver l'origine des discours johanniques dans l'enseignement par lequel un écrivain primitif, qui a des chances d'être Jean l'apôtre, aurait essayé de reproduire, sinon le langage du Seigneur, du moins ses sentiments intimes. Un apôtre se serait-il mépris sur la psychologie du Maître, et serait-il réservé à l'exégèse du xx° siècle de rectifier ses aperçus? Dans le long entretien que nous avons ici, quelques faits servent de points de repère et de fil conducteur. C'est d'abord l'attitude des disciples Pierre (13, 36), Thomas (14, 5), Philippe (14, 8) et Judas (14, 22); puis, c'est Jésus donnant

1. Jülicher, Einleitung in das N. T. 2, p. 258. 2. From letter to spirit, p. 4 s.

le signal du départ (14, 31). Tout le contenu de ce fragment appartient à un même colloque. Comme on le voit par les premiers mots du chap. 18, l'entretien a lieu d'un bout à l'autre dans le cénacle. Il comprend, outre le préambule (13, 31-38), deux parties bien tranchées : la première (14) est une sorte de conversation tenue à table; la deuxième (15-16) représente une allocution soutenue et suivie, que Jésus adresse à ses disciples, après qu'on s'est levé et qu'on est sur le point de sortir.

1° 13, 31-38.

31 Quand il fut sorti, Jésus dit : « Maintenant le Fils de l'homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui, 32* et Dieu le glorifiera en lui-même, et il le glorifiera bientôt. 33 Mes petits enfants, je suis encore un peu de temps avec vous; vous me chercherez et, comme je l'ai dit aux Juifs, là où je vais, vous ne pouvez pas venir; je vous le dis à vous autres maintenant. 34 Je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous aimer les uns les autres, de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. 35 En cela tout le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » 36Simon Pierre lui dit : «< Seigneur, où vas-tu? » Jésus lui répondit : « Où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. » 37 Pierre lui dit : « Pourquoi ne puis-je pas te suivre tout de suite? Je donnerai ma vie pour toi. » 38 Jésus lui répondit : « Tu donneras ta vie pour moi? En vérité, en vérité je te dis, le coq ne chantera point que tu ne m'aies renié trois fois. »

32. T. R. ajoute au commencement du verset: i ó 0ɛòç èòožáσ0ŋ év aútỷ, sur le témoignage de 12 mjj., de It., Vulg., Syr. pesch., Cop., Or.

Judas étant sorti, Jésus n'a plus devant lui que les onze apôtres fidèles. Le moment est venu, où il doit leur adresser ses recommandations suprêmes et leur inculquer la doctrine qu'ils seront chargés de répandre dans le monde. Son langage prend un caractère plus confidentiel et un accent plus intime. Les versets 31-35 contiennent comme le texte des développements qui se déroulent dans les trois chapitres suivants; deux idées s'y dessinent, l'une confusément, le départ prochain de Jésus, l'autre avec précision, le précepte de la charité. Le Sauveur

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