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celui de Bézétha, dont se sert Josèphe pour désigner la « partie neuve » de Jérusalem', et qui s'est maintenu jusqu'à nos jours. La célèbre piscine est aujourd'hui parfaitement connue; il n'est plus permis de l'identifier avec le bassin situé à l'angle nord-est de l'esplanade du temple et connu sous le nom de Birket Isra'în. On a découvert, dans le terrain attenant à l'église française de Sainte-Anne, une piscine qui répond exactement à la piscine du paralytique décrite dans notre Evang. et avec laquelle, par conséquent, on est unanime à l'identifier. Parmi les malades qu'attirait la vertu curative de la source, nous voyons figurer des aveugles et des boiteux. Cette remarque aurait dû suffire pour arrêter les commentateurs en quête d'explications purement naturelles. Le phénomène dont nous lisons la description au v. 4 est sans doute fort singulier. Nous discuterons plus loin sa nature. Bornons-nous pour le moment à déterminer le caractère littéraire de ce fragment.

Il s'agit des cinq derniers mots du v. 3 et du v. 4 tout entier. Ce passage est-il authentique, ou bien doit-on y voir une glose explicative insérée après coup? La question est controversée 2. Ajoutons qu'elle est discutable et qu'elle ne peut être résolue a priori. Ce n'est pas là une de ces parties intégrantes des Livres saints qu'avait en vue le concile de Trente dans sa session vie3. On peut donc l'examiner librement. Nous avons, pour nous diriger dans notre jugement, trois sources d'informations les témoins du texte (manuscrits et versions), la critique interne et la tradition. a) Les meilleurs manuscrits (Sinaït., Vatic., Paris., Cantab.) omettent ce passage, d'autres le reproduisent avec des variantes, d'autres enfin le marquent d'un signe dubitatif. Le Codex alexandrinus le rapporte sans aucune restriction. La plupart des versions le reproduisent; mais la plus ancienne de toutes, la traduction syriaque de Cureton, ne la contient pas. En somme, les témoins du texte, pris en eux-mêmes, ne sont pas favorables à l'authenticité. Leur autorité n'est cependant pas décisive. Il faut la contrôler par l'examen nterne du récit, et voir si la narration repousse le fragment suspect

1. Bell. jud., V, 13.

2. Pour la discussion détaillée, cf. Martin, Introduction à la critique du N. T., partie pratique, IV, p. 1-177.

3. Corluy, Comment., in Evang. Joan., p. 109.

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ou si elle le réclame. b) On a prétendu qu'à moins de maintenir le passage en question, le langage du malade devenait inintelligible. Les deux versets 4 et 7 se répondent parfaitement de part et d'autre, l'eau est agitée par intervalles et, à chaque fois, un seul infirme est guéri. Or, l'authenticité du v. 7 n'a jamais été mise en doute. Il faut donc admettre également l'authenticité du v. 4, qui le prépare et l'explique. Cet argument ne manque pas de valeur. Mais il trouve un point d'appui suffisant dans le dernier membre du v. 3. Or, les témoins occidentaux, Cod. cant. et It., reproduisent ce membre de phrase, et tout porte à croire que, dans le cas présent, ils représentent la vraie leçon2.

c) En ce qui concerne la tradition patristique, un seul témoignage mérite d'être mis en ligne de compte. C'est celui de Tertullien. Dès la fin du n° siècle, cet écrivain, parlant de la piscine de « Béthesda »>, mentionne l'ange qui en agitait les eaux 3. Dans la suite, Chrysostome, Cyrille d'Alex., Ambroise, Augustin nous fournissent des témoignages analogues. Tout bien considéré, il demeure probable que le v.4 a été interpolé pour servir d'explication au membre qui termine la phrase précédente: attendant l'agitation de l'eau. La manière dont la Vulgate rend la première partie de ce verset est défectueuse sous plusieurs rapports. Rappelons le texte grec : « "Αγγελος δὲ (ν. 1. γάρ κυρίου) κατὰ καιρὸν κατέβαινεν (v. l. ἐλούετο ἐν τῇ κολυμβήτρᾳ καὶ ἐτάρασσεν (ν. 1. ἐταράσσετο) τὸ ὕδωρ. Car de temps à autre un ange descendait dans la piscine et agitait l'eau. » Il s'agit d'un ange quelconque; comme on le voit, le mot << domini », que donne la Vulgate conformément à la leçon du ms. Alex. (xupíou), n'a pas son correspondant en grec. Celui donc (o ouv) qui descendait le premier se trouvait guéri de son infirmité, quelle qu'elle fût. Un détail semble indiquer qu'on ne pouvait entrer dans la piscine que l'un après l'autre : celui qui entrait le premier. Peut-être le bassin n'était pas assez grand pour contenir plus d'un homme à la fois. La maladie que Jésus va guérir est probablement une paralysie; on peut du moins le présumer d'après ce qui est dit aux versets 7 et 8. La

1. Reuss, Théologie Johann., p. 167.

2. Scrivener, Introduction to the criticism of the New Testament*, II, p. 361 s.

3. Piscinam Bethsaidam angelus interveniens commovebat; observabant qui valetudinem querebantur: nam si quis prævenerat descendere illuc, queri post lavacrum desinebat (De baptismo, 5).

manière dont le miracle est raconté n'est pas sans analogie avec la guérison rapportée dans les Évang. Synopt., Mt. 9, 5-9; Mc. 2, 9-12; Lc. 5, 23-26. On remarquera l'identité des expressions eyeipe xai meρiñάTEI. Le récit johannique se rapproche en particulier de celui de Marc par Temploi du mot κράββατος (Mt. κλίνη, 9, 6; Lc. κλινίδιον, 5, 24). Mais un trait assez remarquable, qui se trouve dans les quatre narrations, c'est le rapport établi entre la guérison du corps et la rémission des péchés. Dans le IVe Évang., comme dans les Synopt., le miracle est opéré en vue d'un résultat moral. Te voilà guéri, dit le Sauveur à l'infirme de Bethesda, ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. (Jo. 5, 14). Jésus tient à peu près le même langage au paralytique de Capharnaüm, mais avant de le guérir : « Tes péchés te sont remis » (Mt. 9, 2; Mc. 2, 5; Lc. 5, 20). On peut tirer un autre rapprochement de l'intention apologétique du divin thaumaturge. Dans les Synopt., Jésus fait le miracle pour que les Juifs reconnaissent qu'il a le pouvoir de remettre les péchés (Mt. 9, 6; Mc. 2, 10; Lc. 5, 24) 1; dans le IVe Évang., il opère la guérison pour prouver qu'il est le Fils de Dieu (5, 17-19). Les trois premiers évangélistes et saint Jean visent deux événements distincts. Mais saint Jean, en rédigeant son récit, a pu subir l'influence du récit analogue écrit par ses devanciers. Ce qui suit est d'une parfaite clarté, le Sauveur, sans condamner la Loi, se place au-dessus d'elle. V. 14, μɛtà Tauta, le même jour ou les jours suivants? Nous n'en savons rien. Dans cette dernière rencontre, Jésus tire du bienfait qu'il a accordé un enseignement moral, d'où il ressort que l'infirme de Bethesda souffrait en punition de ses péchés; dans cette même circonstance, le malade reconnaît son bienfaiteur (15).

Même en faisant abstraction du v. 4, on peut se demander quelle est le caractère du phénomène mentionné dans l'Évang. L'intermittence et les qualités bienfaisantes des eaux sont-elles dues à la nature, ou bien faut-il y reconnaître un élément surnaturel?

Comme il fallait s'y attendre, l'exégèse indépendante a reconnu dans la description évangélique une source thermale intermittente, dont les eaux avaient une certaine vertu curative 2. Tant par ses éruptions

1. Cf. Calmes, La question des Évangiles synoptiques, p. 12 (Paris, Lecoffre). 2. L'unique source qu'il y ait à Jérusalem, la Fontaine de la Vierge, appelée aujourd'hui 'Aïn Oumm ed-Deredj, est intermittente; elle se trouve au fond

soudaines que par les effets salutaires qu'elle produisait, cette source était de nature à frapper l'imagination du peuple. Ignorant les causes de ces phénomènes, le vulgaire recourait, pour les expliquer, à l'intervention de puissances surnaturelles. L'évangéliste se fait l'interprète de l'opinion populaire. L'explication contraire, généralement admise par les catholiques, reconnaît dans le fait évangélique un phénomène surnaturel. Les deux explications s'accordent donc pour ce qui regarde le sens des termes; elles diffèrent en ce qui concerne la réalité objective du fait en question. D'où il résulte que, pour quiconque admet l'authenticité du fragment, le problème se pose sous la forme suivante l'évangéliste fait-il sienne la manière d'exposer les faits? Si oui, il assume la responsabilité de la forme et se porte garant des termes qu'il emploie; si non, son style est peut-être conforme au langage reçu, mais ne répond pas à la réalité. Pour éclairer ce point, il faut considérer l'ensemble du récit. Or, si nous nous reportons au v. 3, nous trouvons une énumération de maladies destinée à faire ressortir les qualités bienfaisantes de la source; il y est fait mention d'aveugles et de boiteux. Dans l'opinion commune, on n'attribue pas aux eaux thermales ou minérales le pouvoir de guérir de la claudication et de la cécité. La fontaine de Bethesda guérissait de toutes les maladies; et cela, semble-t-il, instantanément; il suffisait de s'y plonger une fois, au moment de l'ébullition. D'où nous concluons que, dans l'esprit de l'évangéliste, il s'agit d'un miracle. Telles sont les deux explications contraires auxquelles a donné lieu l'histoire de la piscine, l'une simplement naturelle, l'autre surnaturelle. Il en est une troisième que l'on peut appeler mixte; elle consiste à dire que la source avait des propriétés curatives naturelles, dont Dieu se servait pour opérer les guérisons d'une manière subite et infaillible. Ce mode d'interprétation nous paraît apporter à l'explication du texte une complication superflue.

de la vallée du Cédron, assez loin de la piscine de Bethesda. Cf. Boedeker, Palestine et Syrie 2, p. 100 s.

§ XI. Jésus affirme et prouve sa mission.

1° 5, 16-18.

16 C'est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus*, parce qu'il faisait cela un jour de sabbat. 17 Il leur répondit : «< Mon père agit jusqu'à présent, et moi aussi j'agis. » 18 C'est pourquoi les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, parce que non seulement il profanait le sabbat, mais encore il appelait Dieu son propre père, se faisant égal à Dieu.

16. Plusieurs mss. de second ordre, ainsi que les verss. It. et Syr, pesch., ajoutent ici et ils cherchaient à le tuer.

Le miracle de Béthesda est l'occasion du discours que le Seigneur adresse aux Juifs, et dont les trois versets 16-18 contiennent le préambule. En ordonnant au malade d'emporter son grabat, Jésus se mettait au-dessus d'un commandement divin, il contrevenait à une observance dont le Créateur lui-même avait donné l'exemple. Dieu, après avoir consacré six jours à produire le monde, ne s'était-il pas reposé le septième (Gen. 2, 2)? Tel est le grief des Pharisiens. L'événement de Bethesda, en réalité, n'était qu'un prétexte d'accusation, ou tout au plus la cause déterminante du conflit. Ce qui excitait la colère des Juifs, c'était, en général, la liberté que prenait Jésus à l'égard de la Loi et ses prétentions au rôle de réformateur. Ils devaient se rappeler surtout la scène des vendeurs du temple. C'est ce qui explique l'emploi des imparf. ¿díwxov..... énoíet. Il s'agit d'une persécution continue, motivée par des infractions habituelles aux prescriptions légales et aux coutumes reçues. Cependant, le Sauveur s'en tient à l'état actuel de la question. L'argument des Juifs, c'est que Dieu a institué le sabbat en le pratiquant d'abord lui-même, en suspendant son œuvre. Jésus y répond en affirmant le contraire: Dieu n'a pas cessé son œuvre, mais il la poursuit sans discontinuer (17). L'allégation des adversaires contient sans doute une part de vérité : le septième jour, Dieu a cessé son œuvre de production créatrice, mais il n'a pas cessé

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