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coutume de presser beaucoup trop le sens des mots << en esprit et en vérité. » Iahvé était bien le vrai Dieu; les Hébreux le connaissaient et l'adoraient comme le Dieu unique, créateur et dominateur de l'univers, comme un pur esprit, n'ayant rien de commun avec les idoles des Nations. Pour comprendre le sens précis du passage en question, il faut considérer, croyons-nous, moins les termes de l'antithèse, que la circonstance qui l'amène. Il s'agit de déterminer quel est le vrai lieu du culte. La réponse doit viser l'unité de sanctuaire. Envisagée de la sorte, l'opposition que contiennent les paroles de Jésus se restreint à un point déterminé : désormais, plus de sanctuaire unique, plus de lieu privilégié; l'exclusivisme de la Loi ancienne doit faire place au culte universel. L'adoration « en esprit et en vérité », c'est l'adoration chez tous les peuples et en tout lieu, celle qu'avait annoncée le dernier des prophètes : << Du levant au couchant, mon nom sera grand parmi les peuples, et en tout lieu on brûlera l'encens et on offrira en mon nom une oblation pure. Oui, mon nom sera grand parmi les nations, dit l'Éternel. » La réponse de Jésus à la Samaritaine peut être considérée comme la réalisation de ce fameux oracle. Il est vrai que nous y trouvons le mot << adorer », au lieu de « sacrifice ». Mais la réponse doit être conforme à la question posée, et la question porte sur l'adoration, non sur le sacrifice. La condamnation atteint donc directement le lieu du culte, en tant qu'exclusif. Mais, comme le culte mosaïque était indissolublement lié à l'unité de sanctuaire, on peut dire que sa déchéance est ici prononcée. Le culte nouveau aura par conséquent pour premier caractère l'universalité, et cela suffit à justifier l'antithèse. Il pourra, du reste, se manifester par des signes sensibles, avoir ses temples, ses sacrifices, ses cérémonies, ses prêtres; il pourra et devra avoir son expression extérieure. Ainsi tombe l'argument que semble fournir ce passage en faveur d'une religion purement intérieure et immatérielle 2.

1. Mal. 1, 11.

2. Notre explication n'est pas celle que donnent ordinairement les exégètes. Cependant on la trouve dès le xvIe siècle, chez un commentateur dont on ne fait pas assez de cas aujourd'hui, Maldonat : « Omnium haec opinionum probabilissima est..., ut spiritus corporeo opponatur loco, quo et Judaei et Samaritani Deum concludere videbantur, dum illi non extra Ierosolymam, hi non extra montem illum adorari posse putabant... ut sensus sit, venisse tempus, quo tempore «veri adoratores », neque certo ullo loco, neque legalibus illis ceremoniis, et sacrificiis quae umbrae tantum erant rerum futurarum, Deum adorarent, sed « veritate », i. e. rebus iis, quae per umbras illas significabantur ». Comm. in Jo., cap. 4, no 61.

P. CALMES.

· Évangile selon saint Jean.

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2° 4, 27-42.

27 Là-dessus ses disciples arrivèrent et s'étonnèrent de ce qu'il parlait à une femme; cependant, aucun ne dit: que demandes-tu? ou: pourquoi lui parles-tu? 28 La femme laissa donc sa cruche, s'en alla à la ville et dit aux gens: « 29 Venez voir un homme, qui m'a dit tout ce que j'ai fait; ne serait-ce point le Christ? » 30 Ils sortirent de la ville et se rendirent auprès de lui. 31 Cependant, les disciples le priaient en disant : « Maître, mange. » 32 Mais il leur dit : « J'ai à manger un aliment 33 Et que vous ne connaissez pas. >> les disciples disaient entre eux : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger? » 34 Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. 35 Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois avant que la moisson n'arrive? Eh bien, je vous dis : levez vos yeux et contemplez la campagne; elle est déjà blanche pour la moisson. 31 Le moissonneur reçoit le salaire et recueille le fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble. 37 Car en ceci se vérifie le proverbe : autre le semeur, autre le moissonneur. 38 Moi, je vous ai envoyés moissonner ce que vous n'avez pas travaillé ; d'autres ont travaillé et vous êtes entrés dans leur travail. » 39 Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, à cause de ce que disait la femme, qui attestait : « il m'a dit tout ce que j'ai fait. » 40 Les Samaritains donc, étant venus le trouver, le prièrent de rester chez eux, et il y resta deux jours. 41 Et un bien plus grand nombre crurent en lui à cause de ses discours. 42 Et ils disaient à la femme « Ce n'est plus à cause de ton récit* que nous croyons; car nous avons entendu nous-mêmes et nous savons qu'il est vraiment le sauveur du monde*. »

42. D, It. ont shy μaptopíav, au lieu de oǹy λaλiáv. que les versions it, et syr., ajoutent ó XpistÓS.

Plusieurs mss.,

ainsi

Cette section comprend deux parties principales: conversation de Jésus avec ses disciples (31-38) et relation de son ministère chez les Samaritains (39-42). Les versets 27-30 servent d'exorde aux deux parties du récit. Ce morceau offre un caractère exclusivement historique. Placé

entre deux développements théologiques, celui de l'eau vive et celui de la nourriture surnaturelle, il ne peut avoir sa raison d'être que dans le souci de l'écrivain de reproduire les détails d'une scène à laquelle il semble avoir été mêlé. A propos de la nourriture matérielle qui lui est offerte, Jésus emploie la même méthode qu'il a déjà employée à l'égard de Nicodème et de la Samaritaine. Les circonstances de la vie ordinaire sont pour lui des occasions de développer ses enseignements. Il débute par une assertion destinée à éveiller l'attention en frappant les esprits : « J'ai pour nourriture un aliment qui vous est inconnu »> (comp. 3, 3; 4, 10). Comme dans les conversations précédentes, cette sorte d'exorde provoque un malentendu. Jésus a faim et soif de la gloire de son Père; accomplir la volonté de Celui qui l'envoie, remplir la tâche qui lui est confiée voilà son aliment. Au v. 35, le Sauveur passe à un autre ordre d'idées; mais la forme de l'expression reste la même; elle consiste dans une image empruntée à la nature pour figurer une vérité de l'ordre surnaturelle on est vers le mois de décembre et les blés sont encore en herbe; un temps considérable s'écoulera avant l'époque de la moisson; c'est du moins ce que l'on doit penser à l'aspect de la campagne. Eh bien! le temps de la récolte est arrivé, les blés sont mûrs et n'attendent plus que la main du moissonneur. Évidemment, l'image est forcée et ne répond que négativement et par antithèse à l'enseignement du Sauveur. Il y a néanmoins un certain rapport entre l'idée vulgaire que suggérait aux disciples le spectacle de la nature et la vérité sublime que le Maître veut leur inculquer; c'est moins une comparaison qu'un artifice oratoire destiné à frapper les esprits. La moisson jaunissante dont parle Jésus, c'est la population samaritaine qui s'avance vers lui; les moissonneurs, ce sont les disciples. Nous ne pensons pas qu'il y ait lieu d'insister sur la portée chronologique du v. 35. L'on a même voulu voir dans cette phrase l'application d'un proverbe, comme si le Sauveur disait aux disciples : « N'avez-vous pas coutume de dire: encore quatre mois et la moisson vient?... » La métaphore se poursuit par l'opposition entre celui qui sème et celui qui récolte (36-37). Le laboureur, après s'être livré aux durs travaux des semailles, ne goûte pas toujours les joies de la récolte et un autre recueille à sa place le fruit de son labeur. Le cas est proverbial (37); il trouve ici son application avec une

1. David Smith, dans l'Expositor d'octobre 1902. Cf. Rev. bibl.,

XII, p.

142.

variante. Il s'agit d'épis mûrs pour la vie éternelle; ceux qui les ont semés ne seront pas frustrés du fruit de leurs efforts; ils seront associés à l'allégresse des moissonneurs. Mais qui sont les semeurs? Si l'on veut interpréter les paroles contenues au v. 38 d'après les circonstances historiques dans lesquelles elles ont été prononcées, ceux qui ont préparé la moisson prochaine ne peuvent être que les prophètes de l'A. T. Et c'est là l'explication donnée par le commun des commentateurs; elle correspond à la lettre du texte. Mais ne pourrait-on pas voir dans le langage du Seigneur une anticipation sur les événements ? Le Fils de Dieu est venu sur la terre travailler au champ du Père céleste qu'il a arrosé de sa sueur et de son sang1. Il n'a pas assisté à la moisson qu'il avait préparée. Après avoir répandu le bon grain de sa doctrine, il a laissé à ses Apôtres le soin de la récolte. Le dernier fragment du récit (39-42) ne demande aucune explication. La finale le Sauveur du monde est l'équivalent de Messie.

1. Cf. Hermæ Pastor, Sim. V, 5.

§ IX. Le fils de l'officier de Capharnaüm.

4, 43-54.

43 Après ces deux jours, il partit de là* en Galilée. 44 Car Jésus lui-même avait déclaré qu'un prophète n'est pas honoré dans sa propre patrie. 45 Lors donc qu'il fut arrivé en Galilée, les Galiléens l'accueillirent, parce qu'ils avaient vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem pendant la fête. Car eux aussi étaient allés à la fête. 46 Il alla donc de nouveau à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Et il y avait un officier royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. 47 Ayant appris que Jésus était venu de Judée en Galilée, il alla le trouver et le pria de descendre et de guérir son fils; car il était mourant. 48 Jésus lui dit donc : « A moins de voir des signes et des prodiges, vous ne croirez donc point! 49 L'officier lui dit : «< Seigneur, descends avant que mon enfant meure. » Jésus lui dit : « Va, ton fils vit. » Et l'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et s'en alla. 51 Déjà comme il descendait, ses serviteurs allèrent à sa rencontre* et lui annoncèrent que son fils vivait. » 52 Comme il leur demandait à quelle heure il s'était trouvé mieux, ils lui dirent : « Hier, à la septième heure, la fièvre l'a quitté. » 53 Le père reconnut donc que c'était l'heure où Jésus lui avait dit ton fils vit; et il crut, lui et toute sa famille. 54 Ce fut là un nouveau miracle, le second que Jésus fit en Galilée, au retour de la Judée.

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43. Le T. R. ajoute xaì àññλ0ɛv. & B C D, It., Syr. cur., Or. omettent ces

mots.

51. BCD ont vτnav. D'autres textes moins importants ont åñývīŋsav.

Jésus passe en Galilée et s'applique à lui-même le proverbe d'après lequel nul n'est prophète dans son pays ». Il semble que sa remarque ne répond pas à sa démarche et ne peut pas servir à l'expliquer. Jésus, en effet, était galiléen. Or, l'auteur dit qu'il entre en Galilée (43), car, ajoute-t-il, le Sauveur lui-même déclara dans cette circonstance qu'un prophète n'est pas honoré dans sa patrie (44), et il est dit immédiate

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