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§ III. Vocation des premiers disciples.

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1° 1, 35-43.

35 Le lendemain, Jean se tenait là de nouveau, ainsi que deux de ses disciples. Et, regardant Jésus qui passait, il dit : «< Voilà l'agneau de Dieu. » 37 Les deux disciples entendirent ses paroles et suivirent Jésus. 38 Jésus, s'étant retourné et les ayant vus qui le suivaient, leur dit : 59 « Que cherchez-vous? » Ils lui dirent : « Rabbi » (ce qui veut dire : Maître), où demeures-tu? » 40 Il leur dit « Venez, et vous verrez* » Ils allèrent donc et virent où il demeurait; et ils restèrent près de lui ce jour-là. C'était vers la dixième heure. 41 André, le frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui l'avaient suivi. 42 Le premier*, il trouva son propre frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (ce qui veut dire le Christ). » 43 Et il le conduisit à Jésus. L'ayant regardé, Jésus dit : « Tu es Simon le fils de Jonas*; tu seras appelé Céphas (ce qui veut dire : Pierre). »

39.

0e d'après B et C. Le T. R. a dete conformément à et A. 42. A B et plusieurs autres mjj. ont πρῶτον au lieu de πρῶτος. 43. B, It. ont 'Iwavvou au lieu de 'Iova.

Les deux scènes qui se déroulent dans ce fragment ont trait à la vocation des premiers disciples. D'abord, trois nouveaux personnages sont introduits (35-43); ce sont André, Simon, son frère, et un autre qui n'est pas nommé. Tous les trois sont présentés comme étant disciples de Jean-Baptiste. Le Précurseur, apercevant Jésus, le désigne par l'expression d'« agneau de Dieu », expression que nous avons déjà rencontrée dans sa bouche (29). Déterminés par ce mot, les deux disciples qui se trouvaient à côté de Jean quittent leur maître pour se joindre à Jésus, dans la personne duquel ils viennent de reconnaître le Messie. A la question que cherchez-vous? ils répondent par une autre question: où demeurez-vous? La tournure de ce colloque est fortement elliptique. Jésus, voyant deux hommes s'attacher à ses pas,

commence par garder le silence; puis, voyant qu'ils persistent à le suivre sans oser lui adresser la parole, il provoque une explication par une interrogation brusque. La réponse qu'il reçoit est comme empreinte de timidité. Sous ce langage laconique, le lecteur découvre aisément la pensée des deux inconnus : c'est vous que nous cherchons, nous vous saluons notre Maître, et nous voulons demeurer avec vous. L'auteur a soin d'interpréter les mots araméens (39, 42 et 43); il écrit done pour un public étranger à la langue de la Palestine, c'est-à-dire pour des Grecs. Le v. 401 renferme un détail qui fait supposer chez l'écrivain un témoin oculaire du fait qu'il raconte : c'était vers la dixième heure2. Une telle précision de langage fait présumer que le narrateur est l'un des deux inconnus, qui ont suivi le Maître. Cette présomption se confirme par la lecture du verset suivant; un des deux premiers disciples est nommé, tandis que l'autre reste discrètement dans l'ombre. Si l'on se rappelle les observations générales faites plus haut (p. 29 ss.), on n'aura pas de peine à reconnaître dans ce disciple anonyme celui qui est appelé le disciple bien-aimé, nous voulons dire Jean, le fils de Zébédée. C'est par anticipation qu'au v. 41 Simon, frère d'André, est appelé Pierre; le surnom ne lui est donné qu'après, v. 43. Nous avons trouvé le Messie, exclamation de joie, provoquée par la découverte de l'objet tant désiré. Cet exaμev rappelle l'ɛüç d'Archimède. Messie, · nom par lequel les Juifs désignaient le libérateur attendu, le mot est sémitique, en hébreu, en araméen N, et signifie «oint »>, unctus, en grec xpistós, d'où la dénomination de Christ appliqué à Jésus et le nom de chrétiens (pistiavo) dont on se servit dès les premiers temps de l'Église pour désigner les fidèles (Act. Ap. 11, 26; comp. 26, 28). Le IV Évang. seul emploie le mot Messias, en ayant soin de l'interpréter (comp. 4, 25). André, le premier disciple qui nous soit connu nommément présente son frère Simon à Jésus. C'est dans

:

1. Les nouvelles éditions critiques de Gebhardt et de Nestle suivent ici la numérotation de la Vulgate, qui, à partir du v. 38 jusqu'à la fin du chap., est en retard d'une unité sur l'ancienne numérotation du texte grec. Nous suivons cette dernière, qui est celle de Tischendorf.

2. Les heures du jour, chez les Juifs, étaient invariablement fixées au nombre de 12. Elles embrassaient toute l'étendue du jour naturel, qui va de l'apparition de l'aurore jusqu'au lever des étoiles. D'où il résulte que la longueur des heures variait avec la longueur du jour.

cette circonstance que Jésus change le nom de Simon en celui de Pierre, ou plutôt de Céphas, mot araméen & de l'hébreu, qui signifie rocher, en grec éτpos, d'où le nom latin à terminaison masculine « Petrus »'. Dans la Bible, l'imposition d'un nom nouveau est ordinairement l'expression symbolique d'une mission divine, d'un rôle extraordinaire 2. Le Sauveur voulait insinuer à Pierre, dès l'instant de sa vocation, le rôle qu'il était appelé à remplir dans l'Église, se réservant de donner plus tard la haute signification du nom qu'il lui attribuait (Mt. 16, 18). Le nom du père de Simon semble avoir été le même que celui du prophète Jonas, 'Iovž (Mt. 12, 39-41; Lc. 11, 29-32), en hébreu, contraction de (Neh. 12, 22) mis pour

(Esdr. 10, 6), LXX 'Izváv (Esdr. 9, 1; Neh. 22, 22).

2o 1, 44-52.

Le lendemain, il résolut d'aller en Galilée; ayant trouvé Philippe, Jésus lui dit : « Suis-moi. » 45 Or, Philippe était de Bethsaïde, ville d'André et de Pierre. 46 Philippe trouva Nathanaël et lui dit : «Celui au sujet duquel Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les Prophètes, nous l'avons trouvé : c'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 47 Et Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? » Philippe lui répondit : « Viens et vois. » 48 Jésus vit Nathanaël venant vers lui et dit de lui : « Voici un véritable Israélite, dans lequel il n'y a point d'artifice. » 49 Nathanaël lui dit : « D'où me connais-tu? » Jésus répondit et lui dit: « Avant que Philippe t'appelât, je t'ai vu, quand tu étais sous le figuier. 50 Nathanaël répondit et lui dit : « Rabbi, tu es le fils

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1. Le nom de Simon est d'origine hébraïque. Mais le mot hébreu Tipy (= tip I Par. 4, 20) offre plusieurs variantes dans les transcriptions grecques. Nous trouvons, outre la forme Lipov, Zeptov (I Par. 4, 20, Sept. A Σεμείων), Συμεών (Lc. 2, 25, 34, 3, 30; Act. Ap. 13, 1 ; 15, 14; II Petr. 1, 1; Apoc. 7, 7) et, dans certains livres apocryphes, Σupóv.

2. Gen., 17, 5; 32, 29; Num. 13, 16. Le nom de Kapa; ne se trouve pas ailleurs dans le IVe Évang.; il est complètement absent des Synopt. ; en revanche on le trouve cinq fois dans les épitres de saint Paul (I Cor, 1, 12; 3, 22; 9, 5; 15, 5; Gal. 2, 9).

de Dieu, tu es le roi d'Israël. » 51 Jésus reprit et lui dit : «< Parce que * je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier, tu crois? Tu verras des choses plus grandes que celles-là. » 52 Et il lui dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, oui, certes* vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l'homme. »

51. Ν Α Β lisent ὅτι devant εἰδόν.

52. B, It., Orig. omettent àл'ápti.

Dans la seconde partie du récit, nous trouvons deux nouveaux personnages, Philippe et Nathanaël. La transition est marquée par une expression que l'évangéliste a déjà employée deux fois (29 et 35): tỷ Taúptov, le lendemain. ἠθέλεσεν ἐξελθεῖν, il voulut aller, ce qui signifie tandis qu'il partait ou se disposait à partir pour la Galilée, Jésus rencontra Philippe de Bethsaïde et se l'adjoignit pour disciple. Le v. 46 contient un fait analogue à celui que nous lisons plus haut v. 42. Philippe cherche à gagner Nathanaël à la doctrine de son nouveau maître, comme l'a fait André pour son frère Simon; dans les deux cas le motif proposé est le même : nous avons trouvé le Messie, le Sauveur prédit par Moïse et par les Prophètes. La Loi et les Prophètes désignent les deux premières et principales parties du canon sacré des Juifs. La littérature inspirée comprenait, comme on sait, trois catégories d'écrits: la Loi (le Pentateuque), les livres prophétiques, auxquels s'adjoignait le livre des psaumes; enfin les autres écrits (Ketoubim) qui ont reçu dans la suite le nom d'hagiographes'. La plupart des auteurs voient avec raison dans Nathanaël l'apôtre Barthélemy. L'argument principal qui milite en faveur de cette identification, c'est que, dans l'énumération des apôtres que donnent les évangélistes synoptiques (Mt. 10, 3; Mc. 3, 18; Lc. 6, 14), le nom de Nathanaël est absent, tandis que celui de Barthélemy vient immédiatement après celui de Philippe2. Or, Bar

1. Ici et en plusieurs autres endroits du N. T., le Pentateuque est attribué à Moïse. S'en suit-il, comme étant une vérité révélée, que les cinq premiers livres de la Bible, dans leur teneur actuelle, soient du législateur d'Israël ?... L'argument est trop clair pour que, s'il était concluant, la question de l'origine du Pentateuque pût être discutée par les catholiques. Or, personne n'ignore que de nos jours bon nombre d'exégètes orthodoxes révoquent en doute ou même rejettent l'origine mosaïque des cinq livres de la Loi. 2. V. supra, p. 31, note 1.

thélemy (fils de Ptolémée) est un nom patronymique, qui suppose un autre nom. Cet argument est confirmé par 21, 2, où Nathanaël figure au milieu des apôtres. La détermination de Nazareth se rapporte à Jésus; en effet, nous lisons : Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ Ἰωσὴφ τὸν ἀπὸ Ναζαρέτ. Il est vrai que, d'après Mt. et Lc., Jésus est né à Bethleem; mais, avant d'entrer dans la vie publique, il vécut à Nazareth, où ses parents avaient leur résidence habituelle; on pouvait donc l'appeler à bon droit Jésus de Nazareth. De cette appellation sortit le nom de Nazaréen que l'on appliqua d'abord aux chrétiens, mais qui se restreignit dans la suite à la secte judéo-chrétienne décrite par saint Epiphane3. Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? Il ne paraît pas que Nazareth fût, au temps de N.-S., un village mal famé. Ce qui provoque le scepticisme de Nathanaël, c'est le voisinage de cette localité; l'idée que les Juifs concevaient du Messie cadrait mal, dans leur esprit, avec l'idée d'une origine vulgaire; on avait de la peine à admettre que l'Envoyé divin sortît d'un village où tout le monde était connu (comp. 7, 27; Mt. 13, 57; Mc. 6, 4). Dans la conversation qui a lieu entre Jésus et Nathanaël, il est difficile de découvrir l'enchaînement des idées. Jésus connaît son interlocuteur et le salue par ces mots : Voici un véritable Israélite, dans lequel il n'y a pas d'artifice. On dirait, à première vue, que c'est là un compliment bien vague. Pourtant il doit caractériser la personne à laquelle il est adressé, puisqu'il provoque un si grand étonnement chez Nathanaël. Cette phrase se trouve citée dans saint Ephrem avec une variante: voici un vrai scribe israélite. Nous avons vu Philippe faire appel à la Loi et aux Prophètes pour amener Nathanaël à la doctrine de Jésus; c'est bien l'argument que l'on devait employer auprès d'un scribe. En partant de l'hypothèse que suggèrent ces considérations, la formule par laquelle le Sauveur salue son futur disciple devient beaucoup plus significative: Nathanaël est distingué de la tourbe des scribes pharisiens, qui, fidèles aux doctrines de Schammaï, renchérissaient à outrance sur les prescriptions de la loi mosaïque et fondaient la casuistique

1. Cependant Resch soutient avec quelque vraisemblance l'identification Nathanaël-Matthieu. Aussercanonische Paralleltexte zu den Evangelien, III, p. 829 ss.

2. Hær. XXIX.

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