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LXII. SERMON.

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JÉSUS

NOUS INSTRUISANT DE NOS DEVOIRS.

Alors les Pharisiens s'étant retirés, consultèrent pour le surprendre dans ses discours. Et ils lui envoyèrent de leurs disciples, avec des Herodiens, qui lui dirent: · Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point à l'apparence des hommes. Dis-nous donc ce qu'il te semble de ceci; est-il permis de payer le tribut› à César, ou non? Mais Jésus connaissant leur malice, leur dit: Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi la monnaie dont on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. Et il leur dit: De qui est cette image et cette inscription? Ils lui dirent: De César. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient! à Dieu. Et ayant entendu cette réponse, ils l'admirèrent; et le laissant, ils s'en allèrent. Saint Matth. XXII, 15, 22.

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Mes chers et bien aimés auditeurs.

JÉSUS-CHRIST est le seul fondement du salut, et sä connaissance est l'unique chemin qui conduit â la gloire. Cette vérité passe pour incontestable chez les hommes qui se disent chrétiens; cependant pour l'adopter, ils ont besoin d'en être convaincus par le Saint-Esprit, et par l'expérience que chacun en doit faire dans son âme. Car s'il est vrai que ce Jésus est celui-là seul par qui et en qui nous pouvons être sauvés, il n'est pas moins vrai que la sagesse humaine ne saurait nous porter à le con

naître et à l'adorer comme notre Dieu et notre maître.

Personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur sans l'inspiration du Saint-Esprit. 1. Cor. xII, 3. Il est vrai que, par la lecture et par l'instruction, un homme raisonnable apprend à s'en former certaines idées qui le mettent en état d'en parler comme s'il en avait une connaissance claire; cependant comme ces lumières sont destituées de réalité et d'expérience, elles ne font point dans le cœur les effets que produit la connaissance spirituelle et expérimentale, dans une âme qui a appris à le connaître, lui et la vertu de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, afin d'être rendue conforme à lui. Phil. II, 10. L'on ne sent point cette confiance et cet amour que le cœur conçoit pour lui, quand on le connaît salutairement : l'on ne se trouve point de docilité pour se soumettre aux volontés de ce divin maître, ni de goût à embrasser la croix, les mépris et les opprobres de ce Jésus méprisé : on peut passer pour docteur par les connaissances historiques et littérales qu'on a ; mais avec cela on peut être un docteur incré

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dule et hypocrite, tel qu'on en voit et qu'on en a vu de tout temps. Nous trouvons un exemple de cette connaissance morte et stérile, dans la personne des disciples des Pharisiens et des Hérodiens dont il est parlé dans le texte d'aujourd'hui. D'un autre côté, nous y voyons comment le Seigneur Jésus se fait connaître comme le seul et véritable docteur qui enseigne la voie de Dieu en vérité, montrant à tous comment ils doivent rendre cc qui est dû à Dieu et aux hommes. Ce texte nous fournira matière de considérer le Seigneur Jésus comme notre seul et véritable docteur. Nous verrons,

I. Que l'homme naturel, éclairé par sa seule raison, ne peut pas le connaître comme tel.

II. Comment le Seigneur se légitime comme tel chez tous ses vrais disciples, en leur montrant leurs devoirs, tant envers Dieu qu'envers les hommes.

I. Nous voyons dans les disciples des Pharisiens et des Hérodiens, une image de ce que l'homme est, par sa nature, dans sa corruption, et de ce qu'il affecte d'être en apparence. Ceux qui vinrent à Jésus pour l'interroger, étaient dans le fond des gens remplis de mauvais desseins, qui cependant contrefaisaient les gens de bien, et faisaient semblant de vouloir s'instruire en proposant une question à Jésus. Si nous considérons ces gens-là selon ce qu'ils étaient dans la réalité devant Dieu, nous verrons qu'ils n'étaient que des hypocrites. Le SaintEsprit les désigne sous le nom de disciples des Pharisiens et des Hérodiens; c'est-à-dire, comme des gens qui se servaient de la religion comme d'un moyen pour être honorés des hommes, et pour avancer les intérêts temporels. Les Pharisiens se faisaient un point essentiel

de religion de soutenir les libertés de l'Eglise judaïque : ils prétendaient que le peuple juif devait être affranchi de toute autre domination que de celle de Dieu, et qu'il n'était tenu d'obéir qu'à un roi choisi d'entre le peuple; de sorte qu'ils regardaient comme une injustice qu'un peuple franc, tel que le leur, fût obligé de payer le tribut à un roi étranger et païen. Les Hérodiens, au contraire, étaient des gens vonés au maintien des intérêts de la seigneurie; ils établissaient comme un point capital, l'obligation où le peuple était de payer le tribut aux princes sous la domination desquels ils vivaient, et ils regardaient comme rebelles aux lois de Dieu et des hommes ceux qui refusaient de s'acquitter d'un devoir si juste. De là il paraît que les gens de ces deux partis avaient des principes et des maximes diamétralement contraires les uns aux autres Cependant quand il s'agit de Jésus, ils se liguent ensemble pour agir de concert contre lui leur intérêt particulier cède : pour quelque temps à l'intérêt commun qu'ils avaient à se défaire d'un homme qui leur était odieux à tous. Ici on reconnaît l'homme naturel et charnel. C'est un pharisien qui fait paraître du zèle et de l'attachement pour la religion, quand il en peut tirer de l'avantage et de l'hon neur : c'est un herodien qui s'emploie au service des grands, quand son intérêt le demande. C'est un pharisien qui n'est attaché à la religion que par préjugé et par esprit de parti. C'est un hérodien qui se voue à soutenir les droits des puissances, et qui, par une lâche flatterie, prétend les faire aller au-delà de leurs justes bornes. Enfin, dans tout ce que l'homme charnél fait, soit pour la religion, soit pour la société, il a toujours son propre intérêt en vue. Cette disposition se remarque non-seule

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ment chez ceux qui sont préposés aux affaires de l'église et de l'état, mais encore chez les simples particuliers. Pourquoi le peuple ignorant d'Ephèse crie-t-il long-temps, d'une voix tumultueuse: Grande est la Diane des éphésiens. Act. XIX, 34, sans savoir pourquoi il fait cela? C'est dans un esprit de pharisaïsme, et par un attachement aveugle pour l'objet de dévotion qu'il s'est choisi. Pourquoi les plus idiots et les moins religieux sont-ils si alarmés à la moindre atteinte qu'on fait à leur religion? C'est, le plus souvent, moins avec connaissance de cause et par un zèle éclairé, que par superstition. En vérité tout l'attachement que l'homme témoigne pour la religion, n'est qu'une pure opiniâtreté tant que Jésus ne lui a point donné, par son esprit, une solide connaissance de la religion par laquelle Dieu veut être glorifié et rendre l'homme heureux. Dans les affaires politiques, les plus ignorans, les plus pauvres sont des hérodiens: ils ont une déférence aveugle pour les volontés des grands, quoique ce qu'on exige d'eux soit contraire aux droits de Dieu et de la conscience. C'est ainsi que nous trouvons parmi nous les pharisiens et les hérodiens, qui s'allient pour faire la guerre à Jésus, pour rendre inutiles toutes les peines qu'il prend pour amener les âmes à lui.

Le but que les pharisiens hypocrites et les hérodiens rusés se proposaient, était de surprendre Jésus par ses paroles, pour l'avilir devant le peuple, pour le rendre suspect au magistrat, comme un homme séditieux et contraire aux intérêts de César. Les mêmes dispositious se trouvent encore dans le cœur de tout homme naturel à l'égard de Jésus. La nature corrompue fait voir sa haine en tâchant de rendre méprisables les saintes maximes de son évangile, comme si elles étaient contraires à la liberté d'une Vol. IV,

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