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C'est pourquoi ce qui arrive dans le royaume des cieux est comparé à ce que fit un roi qui voulut faire compte avec ses serviteurs. Quand il eut commencé à compter, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talens. Et parce qu'il n'avait pas de quoi payer; son maître commanda qu'il fût vendu, lui, sa femme et ses enfans, et tout ce qu'il avait, afin que la dette fút payée, etc., Saint Matth. xviii, 23, 35.

XVIII,

Mes chers et bien-aimés auditeurs.

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PUISQUE c'est de Dieu que l'homme dépend absolument, comme de celui de qui il tient l'être, la vie, et toutes choses, c'est la grâce de ce Dieu qui fait le souverain bonheur ; et le malheur éternel est une suite nécesssaire de son indignation. Ainsi l'homme est heureux ou malheureux, selon qu'il est disposé à l'égard de son

Dieu, et Dieu à l'égard de l'homme : car Dieu étant le centre du parfait bonheur, aussi long-temps que l'homme lui est uni, il jouit du repos et de la paix ; au contraire dès qu'il est hors de ce centre, il tombe dans le trouble et dans la mort. Si l'homme pouvait comprendre que ce Dieu est seul capable de le rendre heureux, il serait plus empressé à s'en rapprocher, et moins enclin à chercher son bonheur dans les créatures. Mais il se soucie peu d'avoir part à la grâce de Dieu; et loin de craindre son indignation, il ne se fait aucun scrupule de s'exposer à la rigueur de ses plus terribles jugemens. Par une suite naturelle de cette affreuse dépravation, il n'est occupé qu'à satisfaire ses désirs charnels, et à se procurer les avantages temporels de ce monde. D'un autre côté, il craint plus les maux passagers, peuvent venir de la part des créatures, que l'indignation du grand Dieu. Tout cela, dis-je, vient de ce que l'homme ne sent point qu'il dépend absolument de Dieu, que sa véritable félicité consiste dans la jouissance de sa grâce, et le souverain malheur dans le sentiment de son indignation, Ce sont-là des vérités fondamentales dont la connaissance est très-importante et absolument nécessaire. Il n'y a que l'esprit de Dieu qui puisse vous en convaincre efficacement: lui seul peut et doit vous porter à chercher la grâce de ce Dieu, et à éviter la colère à venir. C'est de cette grâce et de cette indignation du grand Dieu, que notre texte nous donne aujourd'hui matière de nous entretenir. Nous trouvons dans cette parabole un fidèle tableau de la grâce et de l'indignation de Dieu. Nous y verrons

qui lui

I. Comment l'homme se procure la grâce de son Dieu, et

II. Comment il devient l'objet de son indignation.

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I. Nous avons deux choses à considération dans la première partie de ce discours. Premièrement comment l'homme devient participant de la grâce de de Dieu et secondement en quoi cette grâce consiste. Le sauveur représente dans notre texte un malheureux serviteur qui devait dix mille talens à son maître, et qui n'ayant pas de quoi payer, devait être vendu, lui, sa femme et ses enfans; mais qui s'étant humilié devant son Seigneur, en implorant sa miséricorde et sa patience, l'excite à la compassion; de sorte qu'il obtient la remise de sa dette, et son élargissement. Ici il faut d'abord remarquer quel est le sujet qui doit obtenir grâce. Notre texte nous le réprésente sous l'image d'un serviteur qui devait dix mille talens à son maître. Pour que ce domestique pût faire une dette si immense, il fallait qu'il fût un grand dissipateur. Pour cela il fallait qu'il eût toujours pris, sans jamais rendre : il prenait sans doute, non- seulement pour fournir à ses nécessités, mais encore pour ses plaisirs et pour ses débauches sans songer qu'un jour il faudrait rendre un compte exact, et s'acquitter de ce qu'il devait à son Seigneur. Il est rare de trouver dans la nature de pareils exemples de serviteurs dissolus ; cependant c'est là le cas où se trouve l'homme à l'égard de Dieu. Il est ce serviteur, aussi insensé qu'infidèle, qui reçoit, qui prend et qui dissipe les biens de son maître : il les emploie à son gré, non-seulement à ses nécessités, mais encore à ses dissolutions. sans songer qu'il faudra en rendre compte. Oubliant que les biens qu'il a entre les mains, et les grâces que Dieu lui a faites et lui fait encore tous les jours,

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sont autant de talens qui lui sont confiés à titre de prêt, il en dispose comme si c'était son bien propre dont il ne fût comptable à personne. Voilà, chers auditeurs, le portrait de la plupart d'entre vous: vous êtes tous dépositaires d'une certaine portion des biens de Dieu, qui vous environnent de tout côté : chaque moment de votre vie est une nouvelle grâce que ce Dieu vous fait; mais vous ne pensez pas qu'en recevant toujours, et en ne rendant jamais rien, vous contractez une dette de dix mille talens que vous ne pourrez jamais payer, si vous laissez écouler le temps de grace sans vous en acquitter.

Une circonstance remarquable qui est rapportée dans notre texte est, que ce domestique dissipateur est cité et présenté devant son seigneur pour lui rendre compte, pour être averti et convaincu de sa dette, pour l'avouer et se voir condamné à la payer. On lui en présenta un qui lui devait dix mille talens. C'est aussi ce que Dieu fait à l'égard de l'homme : c'est ainsi qu'il le somme de lui rendre compte ; et pour cela, il le cite en première instance par-devant le tribunal de sa propre conscience. Il lui fait voir ses ingratitudes, ses dissipations, le mépris des grâces reçues ou offertes, les négligences à bien employer tant de faveurs qu'il a foulées aux pieds; pendant qu'il n'a pensé qu'à satisfaire ses convoitises charnelles, à servir le monde et Mammon. Alors il paraît une liste que l'homme ne saurait lire sans trembler parce que de mille articles, il ne peut pas répondre à un seul, et de mille talens il n'en a pas conservé un entier qu'il puisse remettre au maître qui les lui a confiés. C'est en vérité un objet bien frappant que le livre de la conscience, quand Dieu vient à l'ouvrir pour sommer l'homme pécheur de lui rendre compic. Asaph repré

sente le jugement universel que Dieu exercera au grand jour de la rétribution et le jugement particulier qu'il exerce dans la conscience de chaque homme pécheur. Notre Dieu viendra, dit-il, et il ne gardera plus le silence, il aura devant lui un feu dévorant, et tout au tour de lui une grande tempête. Dans cet appareil majestueux et terrible, ce juge s'adressant à son peuple lui dit: Je ne te reprendrai point pour tes sacrifices, pour tes actes extérieurs de religion: mais voici ce que je demande de toi, c'est que tu offres des louanges à Dieu, et que tu rendes tes vœux au souverain. Pourquoi as-tu mon alliance dans la bouche, pendant que tu hais la discipline et que tu rejettes mes paroles? Les vœux que tu as faits de renoncer au diable et à toutes ses œuvres ont été oubliés, et tu violes tous les jours ceux que tu fais de nouveau ; ainsi rends compte une fois de ta conduite. C'est ainsi, chers amis, que le souverain juge doit venir un jour plaider avec vous. Si ce n'est dans cette vie, ce sera dans l'autre ; car vous recevez trop de grâces, et vous abusez trop indignement de ses biens, pour qu'il ne vous en convainque et ne vous en reprenne pas. Quand vous n'auriez reçu que les bienfaits de la création, dont vous avez fait un si mauvais usage : quand vous ne seriez chargés que du péché originel, il faut que Dieu vous en fasse sentir la laideur et l'énormité. Que sera ce quand le fils de Dieu vous remettra devant les yeux ce qu'il a fait pour vous, et l'ingratitude dont vous payez les témoignages de son amour? Ce sont là des articles bien accablans pour vous; cependant il faut que vous en rendiez compte. S'il n'entre pas en débat pendant cette vie, il y entrera au jour du jugement dernier, où il n'y sera plus temps de chercher les moyens d'ac

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