Seigneur Jésus, renferme-nous tous sous tes charitables soins, purifie-nous de nos souillures et guéris nos langueurs que ta main puissante; qui guérit tout ce qu'elle touche, soit continuellement posée sur nos cœurs, jusqu'à ce que nous soyons parvenus à une nouvelle vie et à une heureuse santé spirituelle, afin qu'étant rétablis par ta grâce et comblés de tes bienfaits, nous puissions t'aimer éternellement! Amen.

LII. SERMON.

LES COMMENCEMENS

ET LES PROGRÈS DE LA GRACE.

Et comme il allait à Jérusalem, par le milieu de la Samarie et de la Galilée, et entrant dans un bourg il rencontra dix hommes lépreux qui se tenaient éloignés, et ils s'écrièrent: Jésus, notre maître, aies pitié de nous! Et dès qu'il les eut vus, il leur dit : Allez, montrez-vous aux sacrificateurs. Et il arriva qu'en s'en allant ils furent nettoyés, etc., etc. SaintLuc XVII, 11, 19.

Mes chers et bien-aimés auditeurs.

LE christianisme est une carrière où il ne suffit pas d'être entré, mais dans laquelle il faut marcher avec persévérance jusqu'à ce qu'on ait atteint le but. Avoir bien commencé, être engagé dans cette carrière, c'est

avoir déjà fait un pas vers le salut; mais on n'y est pas encore parvenu pour cela. Pour remporter le prix, il faut courir jusqu'au bout de la lice, et personne ne reçoit la couronne de la victoire s'il n'a combattu jusqu'à la fin. Delà vient que l'esprit de Dien adresse tant de puissantes exhortations à ceux qui entrent dans cette lice pour les encourager à la parcourir tout entière: Prenez garde, disait l'apôtre aux Hébreux convertis, prenez garde que nul ne se prive de la grâce de Dieu, que quelque racine d'amertume, poussant en haut des rejettons, ne vous trouble, et que plusieurs n'en soient infectés: Fortifiez vos mains qui sont affaiblies et vos genoux relâchés, faites à vos pieds un chemin droit et redressez le sentier où vous mettez votre pied. Hébr. XII, 12. Lorsque nous avons entendu la voix du fils de Dieu, et que par sa grâce nous avons été conduits à lui, nous avons besoin que notre vocation soit affermie et que notre élection soit de plus en plus assurée, afin que l'entrée du royaume éternel de notre Seigneur JésusChrist nous soit entièrement ouverte. 2. Pierre I, 10. Sans cela on perd bientôt la trace, on retombe sous la puissance des ennemis, et on est bientôt replongé dans les souillures du monde. Ce n'est donc pas assez, chers amis, de commencer à devenir chrétiens, de se tourner vers Jésus ; quand on en est là, il faut profiter des premières grâces pour croître de plus en plus dans sa connaissance, et pour entrer plus avant dans son union. S'il n'y a pas beaucoup de chrétiens, c'est qu'il s'en trouve peu qui commencent sérieusement à le suivre ; et parmi ce petit nombre, il y en a peu qui continuent dans ses voies, qui s'y laissent affermir pour remporter enfin le prix du vainqueur. De dix lépreux guéris, à

peine s'en trouve-t-il un qui pervévère à s'attacher à Jésus et à se consacrer entièrement à lui. Il n'y en eut qu'un qui rapporta à Jésus la gloire dé sa guérison; cette partie de l'histoire évangélique nous fournit occasion d'examiner,

Les commencemens et les progrès de la grâce de Jésus dans les âmes.

I. Comment l'œuvre de la grâce est commencée.

II. Les progrès qu'elle fait dans les âmes en qui elle opère.

I. Dans la première partie nous avons à considérer comment le Seigneur Jésus commence l'œuvre de să grâce dans les âmes; c'est ce que nous pouvons apprendre dans l'histoire des dix lépreux. Nous y trouverons trois circonstances qui nous fourniront des instructions utiles

sur cette matière.

La première circonstance, c'est l'heureuse rencontre qu'ils firent du Sauveur : Comme Jésus passait par la Samarie et par la Galilée, en allant à Jérusalem, dix lépreux le rencontrèrent. Cette rencontre fut d'autant plus heureuse pour ces misérables, que s'ils ne l'eussent rencontré cette fois-là, peut-être n'auraient-ils jamais eu l'occasion de le voir et de lui demander son secours, parce qu'il était dans son dernier voyage de Jérusalem. Cependant cette rencontre n'arriva pas à l'aventure, elle était indubitablement dispensée par cet amour infini que Jésus a pour les pauvres âmes. Cet aimable Sauveur savait qu'il trouverait-là ces dix lépreux, et il n'en fallait pas davantage pour lui faire tourner ses pas de cè côté-là ; c'est pourquoi il va à leur rencontre pour leur donner occasion de profiter de sa présence. Cette dé

marche charitable designe le premier acte de la grâce avec laquelle le Sauveur cherche tous les hommes. Les rencontres de Jésus ont toujours quelque chose de gracieux et de salutaire. C'est toujours dans des intentions miséricordieuses et pleines de tendresse, qu'il s'approche des hommes pendant qu'ils sont dans cette vië. Dans la vie à venir, les rencontres de Jésus seront des rencontres terribles pour les impies, parce qu'il paraîtra alors comme un juge justement indigné; mais ici bas, c'est l'amour, c'est le désir de sauver, qui le porte à venir rencontrer les âmes. Que faut-il entendre par ces gracieuses rencontres de Jésus.

Ici, mes chers auditeurs, il faut se souvenir que nous sommes dans cette vie comme sur un chemin par lequel nous avançons continuellement du côté de l'éternité; souvent même, sans que nous y pensions, sans que nous sachions où nous allons, et ce que nous deviendrons un jour. Nous sommes occupés sur ce chemin à bien des sortes de vanités et à plusieurs choses qui, en nous éloignant de notre véritable centre, nous conduisent à la perdition. Nous suivons la voie large du imonde, et nous tombons d'égaremens en égaremens, jusqu'à ce que nous soyons tout à fait précipités dans l'abime. Jésus, qui aime infiniment nos âmes, nous voyant dans ce triste et dangereux aveuglement, vient nous trouver sur ce chemin et se présente à nous. Par la lumière de sa parole et par la vertu de son esprit, il vient éclairer nos consciences et nous faire sentir des mouvemens qui souvent nous arrêtent au milieu de notre course criminelle, qui nous font craindre la colère de Dieu et le malheur éternel où le péché nous entraîne. Dans ces rencontres, le Seigneur Jésus ne manque pas