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» de pourpre et de fin lin, et qui se trai-
» tait splendidement tous les jours. Il
» avait aussi un pauvre nommé Lazare,
» étendu à sa porte, tout couvert d'ulcè-
»res, lequel désirait de se nourrir des
» miettes qui tombaient de la table du
riche, et personne ne lui en donnait,
tandisque les chiens3, moins inhumains
que leur maître, venaient lécher ses
plaies. Ce pauvre vint à mourir, et les an-
ges le portèrent dans le sein d'Abraham3.
» Le riche mourut aussi, et l'enfer fut son
» tombeau'. Au milieu des tourments,
» élevant les il vit de loin Abraham
yeux,
» avec Lazare dans son sein, et il s'écria :
» Père Abraham, ayez pitié de moi, et
envoyez Lazare, afin qu'il trempe dans
» l'eau le bout du doigt pour me rafraî-

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erat dives, qui indue

so: et epulabatur quotidie splendide. 20 Et nomine Lazarus, qui erat quidam mendicus jacebat ad januam ejus, ulceribus plenus,

batur purpura et bys

21. Cupiens saturari de micis quæ cadebant de mensa divitis, et nemo

illi dabat: sed et canes veniebant, et linge

bant ulcera ejus. 22.

Factum est autem ut moreretur mendicus, et portaretur ab angelis in sinum Abrahæ.

dives, et sepultus est in inferno. 23. Elevans autem oculos suos, cum esset in tormen

Mortuus est autem et

tis, vidit Abraham a longe, Et Lazarum in sinu ejus 24. Et ipse clamans dixit : Pater

été un nom composé pour signifier l'état où il le représentait; car Lazare, en hébreu, signifie sans secours; supposé que ce ne soit pas un diminutif d'Eléazar, qui signifie au contraire secours de Dieu. Quoi qu'il en soit, de ce que le riche n'est pas nommé, tandis que le pauvre l'est, on voit que c'est une raison de plus de croire que le nom de celui-ci est le nom d'un homme qui a réellement existé. Les difficultés viennent ensuite. On y répondra lorsqu'elles se présenteront.

2 C'était eux qui mangeaient les morceaux qui tombaient de la table. Lear condition valait mieux que la sienne. On a entendu des pauvres exprimer par des plaintes amères l'envie qu'ils leur portaient. Si celui qui aura régalé les riches sera inexcusable de n'avoir pas soulagé la faim des pauvres, quelle sera l'excuse de ceux qui auraient pu nourrir des familles entières de ce que leur coûtaient une troupe d'animaux qui ne sont que pour le luxe et pour le plaisir ?

3 Les âmes des justes sont portées au ciel par les anges : l'Eglise le croit ainsi. Ordonnez, Seigneur, dit-elle dans la prière qu'elle fait pour les mourants, ordonnez que les saints anges reçoivent cette âme, et qu'ils la conduisent dans la céleste patrie. Par la raison des contraires, on croit que les démons emportent aux enfers les âmes des reprouvés.

4 Vie sensuelle et fastueuse, surtout si elle est accompagnée de dureté à l'égard des pauvres; vie manifestement damnable, sinon plus criminelle, au moins plus dangereuse qu'une vie débordée. Si elle n'a pas tous les vices de celle-ci, elle n'en a pas non plus les remords.

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1 Les âmes séparées des corps n'ont ni langue, ni doigts, ni elles ne désirent de l'eau, ni elles ne peuvent en donner. De plus, celles qui sont réprouvées n'ont aucune communication avec celles qui sont dans le séjour de la béatitude; elles ne s'aviseraient pas de leur demander un soulagement qu'elles savent bien qu'elles n'en obtiendraient jamais. Voilà les difficultés qui ont fait croire à quelques-uns que c'était ici une parabole; à plusieurs autres, que le commencement était historique, et que la parabole commençait ici. Cependant Dieu a pu faire 1o que le mauvais riche, au moment de son entrée aux enfers, ait eu la vue, si l'on n'aime mieux dire la vision, du sein d'Abraham et du repos délicieux que Lazare y goûtait; 2o que, malgré la distance des lieux, ces deux âmes (celle d'Abraham et celle du mauvais riche) aient pu se communiquer leurs pensées et leurs désirs; 3° que l'âme du mauvais riche ait senti des ardeurs pareilles à celles que ressentirait un homme dont le corps serait au milieu d'un brasier dévorant, et qu'elle ait désiré un soulagement pareil à celui que procurerait une goutte d'eau fraîche sur le bout de sa langue. 4o Il n'était pas impossible que le mauvais riche ignorât encore qu'il ne pouvait obtenir ce qu'il demandait, ou que le sachant, la violence de la douleur lui arrachât cette prière inutile. Or, comme c'est l'impossibilité prétendue de toutes ces choses qui a fait recourir à la parabole, on peut donc s'en tenir encore à l'histoire.

2 Ce mot a fait donner dans deux erreurs opposées : l'une, que l'âme est matérielle; l'autre, que le feu de l'enfer ne l'est pas. Dieu a pu faire qu'un feu matériel agît sur des âmes spirituelles lorsqu'elles sont séparées des corps, comme il a pu faire qu'il agît sur elles lorsqu'elles y sont renfermées, puisque, de l'une ou de l'autre de ces deux façons, c'est toujours la matière qui agit sur l'esprit. 3 Prospérité en ce monde, préjugé du malheur futur. Adversité en ce monde, préjugé du bonheur futur : je dis préjugé, et non preuve; car ici l'exception a Fieu. Que les pauvres donc ne s'en prévalent pas, et que les riches ne se désespèrent pas. C'est le riche Abraham qui reçoit les prédestinés dans son sein, et bien des pauvres brûlent à côté du mauvais riche. La charité ou la dureté dans les premiers, la patience ou l'impatience dans les seconds, en font la différence. Cependant, puisque le préjugé est contre les premiers et pour les seconds, il faut bien que la charité manque plus souvent aux riches, que la patience aux pau

vres.

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On n'est pas à remarquer que le Sauveur parlait souvent du royaume du Dieu. Les Juifs ne l'entendaient que du règne temporel du Messie sur la terre. C'était l'objet de tous leurs désirs, et il était bien naturel que l'impatience les prît de savoir quand il arriverait. Celui qu'ils désiraient ne devait jamais arriver, et celui qu'ils ne voulaient pas était déjà venu,

* Autre raison de prendre ceci pour une parabole : Les réprouvés dans les enfers n'ont point le zèle du salut des âmes. Tout ce qu'on peut conclure de là, c'est que le mauvais riche a donc parlé ainsi par un autre motif: on lui en suppose plusieurs plus ou moins vraisemblables; mais ne lui en trouvât-on aucun, cette raison générale suffit, savoir que Jésus-Christ ne pouvait pas le faire parler, même dans une parabole, comme il était impossible qu'un réprouvé parlat. C'eût été aller contre toute vraisemblance et pécher contre la première règle de la parabole.

5 Cependant la résurrection de Jésus-Christ a été suivie de la foi du monde entier. Mais il faut distinguer ceux qui n'ont pas encore des preuves suffisantes pour croire, et ceux qui en ont. Ceux qui n'en ont pas croiront à la vue d'un mort ressuscité, et ceux qui en ont, généralement parlant, ne croiront pas ; ainsi, des miracles qui convertiraient une nation idolâtre ne convertiront point une nation hérétique, et ceux qui convertiraient des hérétiques par éducation et par préjugé ne convertiront pas des chrétiens devenus infidèles par libertinage. Rien ne suffit à ceux qui ne veulent pas croire. Un mort ressuscité ne convertirait pas les pécheurs que cette histoire ne convertit pas; que dirait-il de plus certain et de plus fort?

comme Jésus-Christ le leur apprit. Car« un jour que les » Pharisiens lui demandèrent: Quand est» ce que vient le royaume de Dieu ? il leur répondit: Le royaume de Dieu ne viendra point avec des marques éclatantes'

L. 17, 20. Interrogatus autem a Pharisæis Quando venit regnum Dei? Respondens eis, dixit : Non venit regnum Dei cum observatione: 21. Neque dicent: Ecce hic aut ecce illic. Ecce enim regnum Dei intra

Vos est.

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Peu satisfaits d'une réponse qui ne disait pas ce qu'ils voulaient savoir, et qui disait trop ce qu'ils voulaient ignorer, les Pharisiens cessèrent de le questionner. Jésus, continuant » son discours, dit à ses disciples: Un jour

22. Et ait ad discilos suos Venient dies quando desideretis videre unum diem Filii hominis, et non videbitis.

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>> viendra que vous désirerez voir un des

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jours du Fils de l'homme, et vous ne le » verrez pas. » Comme s'il leur eût dit : Je disparaîtrai bientôt de vos yeux, et mon absence vous sera bien douloureuse; car il leur prédisait le temps où, accablés de travaux, exposés sans défense à la rage de leurs ennemis, ils désireraient inutilement sa présence sensible, qui était pour eux une source inépuisable de lumières et de consolations. L'amour qu'il leur portait le faisait parler de la sorte. Mais, de peur que le désir trop impatient de le revoir ne les fasse tomber eux et leurs premiers disciples dans les piéges que de faux Messies tendront à leur foi, il les prévient qu'avant son retour, qu'il prédit en même temps, il en paraîtra plusieurs. Ils parurent en effet avant la ruine de Jérusalem, dont ils furent comme les avantcoureurs, ce qui donne occasion à Jésus-Christ de la prédire avec les autres signes dont elle sera précédée. De là, portant

1 Il ne paraîtra pas dans un éclat assez éblouissant pour qu'il soit impossible de ne pas l'apercevoir. Tel a été en effet le premier avénement. Il a fallu y chercher le Messie pour le trouver, et l'étudier pour le connaître. Au second avénement, il sera plus visible que le soleil dans la splendeur de son midi. Dans l'un il est évident à ceux qui le cherchent, dans l'autre il sera évident à ceux mêmes qui ne le chercheront pas. De là vient qu'il y a du mérite à le reconnaître dans son premier avénement, et qu'il n'y en aura pas à le reconnaître au second.

sa vue jusqu'aux extrémités des temps les plus reculés, il annonce les signes redoutables qui précéderont la ruine du monde entier, dont celle de Jérusalem ne devait être que la figure, mêlant l'une avec l'autre, et néanmoins les distinguant assez pour qu'il soit facile de ne pas les confondre. Cette instruction, nécessaire à ceux qui virent le premier de ces deux événements et à ceux qui verront le second, n'est pas inutile à ceux qui, placés entre les deux, n'ont vu et ne verront ni l'un ni l'autre. Assurés de l'accomplissement du premier, ils ne peuvent pas révoquer en doute la vérité de la prophétie qui annonce le second. Mais comme Jésus-Christ en parla encore plus en détail peu de temps avant sa mort, nous remettons à en donner alors le tableau plus étendu et plus complet.

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2 On prie toujours, lorsque, dans les temps où l'on ne peut pas prier, on se rappelle, autant qu'on le peut, la pensée de la présence de Dieu, et qu'on lui of fre l'action dont on est actuellement occupé. En cette manière, il n'est personne qui ne puisse prier toujours, comme Dieu nous y exhorte en plusieurs endroits de l'Ecriture. Ce n'est pas là cependant le sens dans lequel il est dit ici qu'il faut toujours prier : ce que Jésus-Christ a directement en vue, c'est de nous apprendre à ne pas nous rebuter lorsque Dieu diffère à nous exaucer, persuadés qu'une prière persévérante sera exaucée infailliblement. Ce second sens est clairement déterminé par la parabole.

Dieu paraît différer, parce qu'il ne nous exauce pas dans le temps où nous désirons d'être exaucés; réellement et de fait il ne diffère pas, parce qu'il exauce dans le temps où il est plus avantageux pour nous que nous soyons exaucés. S'il nous disait son secret, nous le remercierions de ses délais mêmes; mais il aime mieux nous le laisser ignorer, parce que c'est encore ce qui est le meilleu pour nous.

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