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CINQUANTE-NEUVIÈME CONFÉRENCE.

LE SACREMENT DE PÉNITENCE

MONSEIGNEUR,

Une grande institution établie parmi les peuples, égale par son origine et son autorité à tout ce que les hommes ont le plus respecté sur la terre, une institution antique et forte, étendue et stable, pénétrant partout; une institution bienfaisante aux sociétés, aux familles, aux individus, vivant dans les esprits et les cœurs par des principes féconds de régénération et de vertu une telle institution a droit à notre admiration et à nos hommages. Elle commande l'attention, l'estime, l'étude des hommes sérieux aussi bien que la vénération et la fidélité des peuples.

Mais lorsque tout est attaqué ici-bas, tout ce qui est stable et bon du moins dans les choses humaines et même divines, alors, au milieu de cette lutte des pen

sées, des passions, des intérêts personnels contre les liens constitutifs et régulateurs de l'ordre social et des mœurs, il faut savoir marquer sa place par un jugement courageux, savoir prendre l'attitude de la conviction et du respect à l'égard de ces faits et de ces lois qui influent le plus efficacement sur le bien de l'humanité.

C'est aussi, Messieurs, ce que je viens vous proposer en ce moment à l'égard d'une des grandes institutions du christianisme, autorisée, puissante comme lui, comme lui acceptée, universelle, stable, bienfaisante; comme lui attaquée, honorée, trahie, aimée, et réalisant elle seule la garantie la plus forte et la plus efficace des biens apportés au monde par l'Évangile. Je veux parler du sacrement de la réconciliation et de la pénitence.

Je le nomme sans crainte devant vous une insittution, et une institution grande, vénérable, efficace et puissante entre toutes pour régénérer et retremper les âmes aux sources mêmes du bien et du vrai. Institution en butte aux assauts et aux dédains des hommes, mais toujours invincible; contraire à l'indépendance et à l'orgueil des passions autant qu'une chose peut l'être; et, malgré toutes les résistances, répandue avec la foi chez tous les peuples, en sorte que la volonté toute-puissante de Dieu peut seule expliquer sa durée, sa force comme son origine.

Il me semble, Messieurs, que nous jugerons cette cause selon les règles de la justice et de la vérité en étudiant le sacrement de pénitence, la confession sous ce rapport, et en prenant pour règle et pour mesure

les grands caractères des institutions qui méritent le plus incontestablement nos hommages.

Je réduis ces caractères à deux, l'autorité la plus haute et l'efficacité la plus bienfaisante.

Si ces conditions sont vraies, si elles s'appliquent dans le plus éminent degré à l'institution catholique de la confession, il faudra la respecter, l'admirer et se condamner avec franchise si on l'avait malheureusement bannie de ses devoirs religieux et des besoins de

son cœur.

Tel est mon but et l'objet de cette conférence: apprécier les caractères de l'institution catholique de la confession, c'est-à-dire du sacrement de la réconciliation et de la pénitence: je le ferai avec confiance.

I. P. Une institution doit avoir d'abord autorité et puissance; il faut qu'elle commande la soumission; il faut qu'elle soit établie, maintenue dans des conditions d'universalité et de stabilité qui imposent cette conviction et ce respect.

Si dans une institution donnée surtout comme régulatrice des consciences, et destinée à les sonder et à les purifier dans leurs plus intimes replis, il n'apparaissait aucune de ces origines, aucun de ces droits ou de ces titres qui font autorité parmi les hommes; si un œil attentif n'y découvrait qu'un caprice de l'opinion ou que l'instinct des préjugés, je le conçois, il faudrait en retirer son affection et son estime, et reporter ailleurs sa confiance et son hommage.

Mais voyez,

Messieurs, je vous en prie, quelles conditions de grandeur et de vie constituent parmi nous

le sacrement de la réconciliation et de la pénitence, président à sa venue sur la terre, accompagnent sa durée, et le recommandent à nos méditations et à nos respects.

Il est vrai, un pénible et humiliant aveu de nos fautes nous est prescrit; il est vrai, nous devons aussi, pour les réparer, nous vouer à des actes de douleur sincère et à de justes expiations; un homme, un prêtre est établi juge et dispensateur du pardon divin, telle est l'institution catholique. Mais ces choses, ces exigences, quelque fortes qu'elles soient, s'offrent à nousavec la plus haute expression de puissance qui existe dans le monde.

Et d'abord l'Église les propose et les enseigne.

En ce moment, remarquez-le, Messieurs, je ne veux point parler la langue de la foi. Je n'invoque point le souvenir chrétien d'une infaillibilité surnaturelle et divine; j'en appelle à votre raison des répugnances et de l'indocilité de votre cœur que la réflexion soit juge.

Pour nous, catholiques, il Ꭹ a ici sans doute bien plus qu'une grande autorité de sagesse et de doctrine; nous reconnaissons, nous croyons, nous adorons l'autorité même de Dieu qui fonda, qui institua, qui prescrit encore et vivifie toujours cette loi de régénération et de sanctification des âmes par l'aveu, le repentir et le pardon du péché.

Or, pour tout homme qui pense et compare, qui sait peser les motifs et les mérites des choses, l'Église, Messieurs, est par elle-même une immense autorité, humaine du moins, quand on a encore le malheur de

ne pas la croire divine. Car elle se présente à nous avec tout le poids des traditions, avec toutes les sanctions de son origine, avec les mille voix de la gloire, de la science, de la civilisation, du génie et de la vertu, retentissant d'âge en âge dans les illustres générations de ses pontifes, de ses docteurs, de ses saints et de ses héros.

L'Église affirme comme divine, elle garde et pratique comme telle l'institution sacrée de la confession et de la pénitence; à cette vue tout esprit sérieux doit se dire Mes pensées, mes passions peuvent bien murmurer et se révolter; un jour ne serai-je pas heureux de rencontrer ce sacrement de la réconciliation? Et l'Église n'est-elle donc pas une recommandation puissante, une sage et grave autorité? Ma raison lui est-elle supérieure?

L'Église affirme, c'est quelque chose; mais ce n'est pas tout.

Daignez encore, Messieurs, vous rendre compte à vous-mêmes de ce fait étrange, si vous le pouvez.

La confession s'établit dans le monde, elle s'enracine comme une institution indestructible et chérie, elle règne dans les convictions de l'esprit, dans les affections du cœur, elle s'impose aux passions frémissantes et libres et aux répunances de l'orgueil : qui peut le nier? Elle s'établit, elle s'impose, elle vit, elle règne encore; c'est là un fait.

Or, qui eut jamais un pareil empire parmi les hommes? Qui fut capable d'établir une pareille loi, au sein des civilisations les plus avancées, parmi toutes les splendeurs des arts, des lettres, des richesses,

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