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ses juges. Bien qu'elle parle comme fille du ciel, et comme en ayant reçu toute autorité, elle vous convie cependant au banquet de la liberté, elle en appelle à toutes vos facultés libres, elle défend contre vousmêmes, s'il le faut, votre pouvoir de la choisir, d'élire dans vos cœurs la foi et le salut, Dieu même pour ami et pour récompense. Et alors il ne tient plus qu'à vous d'enfanter le plus grand acte de la vie et de la liberté humaines, de monter au plus haut degré de la dignité d'un être libre ici-bas, je veux dire de choisir Dieu même et de le constituer la fin dernière de vos œuvres, de votre cœur et de votre vie. Mais il y a labeur, peine et combat dans cette condition du juste ; et voilà pourquoi un trop grand nombre, hélas! abandonnent le chemin de la vertu.

Plaignez-vous donc, Messieurs, de la gloire des braves, des travaux et des triomphes du génie, des découvertes de la science, des conquêtes de l'industrie; car la guerre, la science, l'art ont leurs dangers, leurs douleurs et leurs maux dignes d'une compassion véritable. Alors ne formez le soldat que pour un honteux repos, la jeunesse que pour une facile ignorance, l'artiste ou le savant que pour de paisibles et lâches 'oisirs. Mais non, le mal de la guerre, le mal du traail, le mal de la science, les obstacles que la nature oppose en tout genre à nos efforts, font à la fois nos douleurs et notre gloire; souffrez que la vertu ait aussi les siennes, et que dans la lutte continue du mal contre le bien, du péché contre la réparation même divine, Dieu montre à l'admiration des siècles ses justes et ses héros. Sans la liberté même et la présence du mal

moral sur cette terre, je me demande ce que seraient le courage ou la gloire du bien, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus grand parmi les hommes. Je ne le vois pas.

Messieurs, il faut donc combattre : vous vengerez ainsi la Providence, et vous comprendrez mieux pourquoi le péché est libre sur la terre, puni dans les enfers, banni des cieux, où règne la sainteté, ce bien suprême dont la conquête est laborieuse sans doute, mais dont la jouissance est éternelle et bienheureuse.

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CINQUANTE-HUITIEME CONFÉRENCE

L'ÉTERNITÉ DES PEINES

MONSEIGNEUR,

H y a dans la foi chrétienne une sanction terrible ajoutée aux préceptes évangéliques: sanction confirmée par la bouche de Celui qui enseigne toute vérité à la terre, dogme aussi certain que la parole et l'autorité divines, dogme redoutable qu'on ne peut séparer du christianisme sans rejeter et nier le christianisme lui-même, et que je ne saurais omettre de vous exposer dans cette chaire. Je veux parler, Messieurs, de l'éternité des peines dues au péché.

L'éternité des peines! L'indifférence l'oublie, l'incrédulité la repousse, la légèreté en rit, la timidité veut rester indécise; la foule, livrée en aveugle aux intérêts du temps, remet à d'autres jours le soin d'y penser. Je viens, Messieurs, vous presser en ce moment d'en faire l'objet de vos réflexions; vous ne

pouvez pas le refuser, car on ne peut exprimer que des doutes ou des répugnances à cet égard; et on ne parvient jamais au repos d'une conviction assurée dans la négation de ce grand enseignement catholique.

Il faut donc le présenter résolûment à sa conscience, et trouver à tout prix la solution de la question la plus grave. Est-il vrai qu'il y ait un enfer? Est-il vrai qu'il soit éternel, que ses supplices ne doivent jamais avoir de terme ?

Quoi! s'écrie-t-on, Dieu n'aurait pris plaisir à former la créature intelligente, il ne l'aurait enrichie de tous ses dons, il ne lui aurait donné la liberté que pour la dévouer bientôt à des tortures et à des flammes éternelles! Le genre humain, avec ses innombrables multitudes, serait presque en totalité réservé à des peines incommensurables et sans fin! le très-petit nombre des hommes jouirait de la félicité des cieux!

Le faible, le triste plaisir d'un moment, quelques joies fugitives, quelques égarements passagers méri– teraient les vengeances éternelles du Dieu infiniment bon et miséricordieux ! Mais penser ainsi c'est faire la plus cruelle injure à sa bonté. Quelle proportion établir, d'ailleurs, entre la faute qui passe rapide comme l'éclair dans un orage, et la suite éternelle de ces tourments infinis?

Une telle foi ne peut être véritable, et il n'y a là que folle terreur et imaginations abusées.

Messieurs, je ne veux rien dissimuler, rien atténuer, j'exagèrerais même volontiers les difficultés qui arrêtent quelques esprits devant le dogme de l'éternité

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