Obrazy na stronie
PDF
ePub

moral sur cette terre, je me demande ce que seraient le courage ou la gloire du bien, c'est-à-dire ce qu'il ya de plus grand parmi les hommes. Je ne le vois

pas.

Messieurs, il faut donc combattre vous vengerez ainsi la Providence, et vous comprendrez mieux pourquoi le péché est libre sur la terre, puni dans les enfers, banni des cieux, où règne la sainteté, ce bien suprême dont la conquête est laborieuse sans doute, mais dont la jouissance est éternelle et bienheureuse.

CINQUANTE - HUITIÈME CONFÉRENCE

L'ÉTERNITÉ DES PEINES

MONSEIGNEUR,

Il y a dans la foi chrétienne une sanction terrible ajoutée aux préceptes évangéliques: sanction confirmée par la bouche de Celui qui enseigne toute vérité à la terre, dogme aussi certain que la parole et l'autorité divines, dogme redoutable qu'on ne peut séparer du christianisme sans rejeter et nier le christianisme lui-même, et que je ne saurais omettre de vous exposer dans cette chaire. Je veux parler, Messieurs, de l'éternité des peines dues au péché.

L'éternité des peines! L'indifférence l'oublie, l'incrédulité la repousse, la légèreté en rit, la timidité veut rester indécise; la foule, livrée en aveugle aux intérêts du temps, remet à d'autres jours le soin d'y penser. Je viens, Messieurs, vous presser en ce moment d'en faire l'objet de vos réflexions; vous ne

Mais l'homme est assailli par ses passions, entraîné par la violence de ses penchants; il veut lutter, et il succombe: l'homme alors, conclut-on, n'est plus libre; Dieu l'abandonne Dieu a prévu, ordonné, causé le crime de l'homme. L'homme ne pouvait pas ne pas s'en rendre coupable. Tout est fatal et nécessaire.

Messieurs, voilà ce qui arrive quand on s'exalte et qu'on s'égare dans l'orgueil de ses pensées. On se passionne pour la liberté jusqu'aux excès de la licence: on la nie jusqu'aux dernières conséquences du fatalisme; et tout cela en même temps. Tel est donc l'homme avec ses tristes inconséquences.

On ira jusqu'à méconnaître les principes les plus élémentaires de la nature humaine et sa liberté de penser, de vouloir et d'agir. On oublie, pour se livrer plus librement à la révolte et au blasphème, ou bien encore pour se justifier à soi-même sa mollesse et sa lâcheté, on oublie qu'être raisonnable c'est essentiellement pouvoir délibérer et choisir entre deux idées, entre deux actes: or choisir est l'effet propre du libre arbitre.

L'élection ou le choix est dans la volonté un caractère fondamental, un fait universel, un exercice constant de la raison et de l'activité humaines.

L'homme est donc libre; ou bien tout choix, toute délibération n'est qu'un jeu fatal et mécanique, une dérision de la Providence et du gouvernement moral du monde.

On nommerait le bien et le mal, nous serions bons ou mauvais, vertueux ou coupables; nous ressenti

rions l'horreur du crime, nous repousserions le parricide comme la plus affreuse et la plus libre monstruosité. Tout cela serait de vaines terreurs, de puérils préjugés !

Une prescience absolue et tyrannique, une prédestination de fer asservirait toutes les volontés; il n'y aurait que des combats sans courage, des victoires sans honneur et des défaites sans honte!

Alors pourquoi civiliser et instruire? Pourquoi gouverner et punir? Pourquoi les sacrifices de l'homme de bien à la probité et à l'honneur?

Pourquoi tout ce langage d'honneur et de vertu si Dieu, prévoyant tout, règle tout, détermine tout, applique forcément toutes les volontés humaines dans la série des siècles à un but éternellement imposé, éternellement nécessaire?

Et que devient alors le repentir? Que signifie-t-il? Le repentir, ce noble sentiment de l'âme humaine, qui se dit après la faute : J'ai trop souffert quand j'abusai de ma liberté, je saurai bien par elle me venger

d'elle et de moi-même.

Mais je ne dois pas, Messieurs, m'étendre ici davantage en vérité je vous ferais injure. Vous sentez bien, en vous rassemblant autour de cette chaire, que vous êtes libres de n'y point venir. Vous sentez que la parole évangélique elle-même est un hommage à votre liberté.

La vérité, que dis-je? Dieu même et sa paternelle sagesse se présente à vous pour vous demander un choix, un assentiment généreux. La religion devant vous plaide en quelque sorte sa cause et vous constitue III. 12

« PoprzedniaDalej »