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sorte de vérité historique, quand on étudie attentivement l'homme dans sa réalité et dans son histoire.

« L'homme est une grande chose, » dit un Père ; Magna res est homo. Être matériel et spirituel, être du temps et de l'éternité, cherchant partout le bonheur; ne le cherchant plus cependant sur la terre dans les moments de force et de dignité véritable, mais le demandant au ciel. Job trouvait la patience dans l'ad— versité en se disant : « Je sais que mon Rédempteur vit; au dernier jour je me lèverai du sein de la terre..., et dans ma chair je verrai mon Dieu. » Scio quod Redemptor meus vivit, et in novissimo die de terra surrecturus sum..., et in carne mea videbo Deum meum 1.

David et Salomon, aux jours de gloire et aux jours d'infortune, appelaient de tous leurs vœux le repos de la patrie. Saint Paul, du milieu des triomphes de sa parole évangélique, implorait l'heure de sa délivrance et de sa réunion à Jésus-Christ: desiderium habens

dissolvi et esse cum Christo. Saint Étienne, le premier des martyrs, voyait en mourant les cieux ouverts, et le Fils de Dieu debout pour le recevoir à la droite de son Père: Video cœlos apertos, et Filium hominis stantem a dextris Dei 3. Jésus-Christ, en quittant la terre, disait à ses apôtres : « Je vais vous préparer votre place. » Vado parare vobis locum1.

Puis se succédèrent d'innombrables et fidèles géné– rations que la pensée du ciel enflammait de l'amour

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des plus héroïques vertus et des plus brûlants désirs d'y atteindre. Le martyr chantait cette gloire éternelle sur son bûcher comme le prix réservé à ses souffrances; dans les ténèbres sacrées des catacombes, les premiers chrétiens se préparaient à soutenir l'éclat du dernier jour, et se pénétraient loin du monde des impressions du céleste amour. Toujours les saints. vécurent d'espérances éternelles, toujours ils répétèrent: Que la terre est vile quand je regarde le ciel! Les plus sages, les plus vertueux, les plus calmes, les plus instruits parmi les hommes aspirèrent avec ardeur au ciel et à la possession de Dieu. Fait immense, universel, aussi ancien que le monde; les patriarches ne parlaient que de leur pèlerinage, dies peregrinationis meæ; les poëtes en consacraient l'existence dans leurs chants: nous le rencontrons partout où apparaît la vertu. Ah! c'est qu'il tient au fond de notre être; car nous y trouvons avec la connaissance, avec le désir et le besoin de Dieu, la possession de Dieu luimême.

Et ce fait, Messieurs, qui tient une si grande place dans l'histoire de l'homme, que signifie-t-il à son tour, sinon encore la destination unique et dernière, divine. et surnaturelle de l'homme à la vision et à la gloire des cieux ?

CINQUANTE-TROISIÈME CONFÉRENCE

ÉCONOMIE DE L'ORDRE SURNATUREL

OU PLAN DU CHRISTIANISME

MONSEIGNEUR,

Quelle bouche a pu faire entendre ici-bas ces étonnantes paroles rapportées dans l'Évangile : « Je suis la voie, la vérité, la vie!» Quel homme sur la terre a pu se croire en droit de se nommer ainsi lui-même la voie qu'il fallait suivre, la vérité qu'il fallait croire, la vie qui devait animer nos cœurs et les remplir de grâce et de vertu?

Celui que le monde, à peine sorti des mains du Créateur, dut saluer de loin comme son réparateur, par un culte de foi et d'espérance; cet enfant d'Abraham qui devait apporter à toutes les générations l'abondance des bénédictions divines; cet illustre rejeton de la tribu royale, promis comme chef et législateur de l'univers, l'attente des nations et le désir des collines éternelles; le prophète plus grand

que Moïse, et qui devait sceller une nouvelle alliance entre Dieu et ses frères; Celui qui longtemps avant sa venue fut nommé l'étoile de Jacob, la lumière, le docteur et le guide des peuples, le père du siècle futur; Celui en qui devait se trouver toute grâce pour marcher dans les voies de la vérité, toute espérance pour recueillir les fruits de vie et de salut. Rédempteur, libérateur et sauveur, Jésus-Christ apparut au monde pour éclairer et régénérer l'humanité assise à l'ombre de la mort, pour répandre au milieu d'elle les célestes influences de ses enseignements, et faire jaillir jusqu'à l'éternelle vie les eaux salutaires de sa grâce.

Telle fut, Messieurs, la mission de Jésus-Christ sur la terre. Il releva l'humanité déchue et la replaça dans ses premières destinées. Tout cet ordre de réparation divine appartient à l'état même surnaturel de l'homme. Mais nous ne connaissons bien l'homme, son état présent, sa destination véritable et les moyens qu'il a d'y parvenir, nous ne pouvons justement apprécier sa régénération en Jésus-Christ et l'ordre surnaturel tout entier, qu'en suivant les traditions catholiques, et en remontant avec elles d'un pas assuré à l'origine des choses. Nous y constaterons l'état primitif de l'homme sortant des mains du Créateur, puis sa chute, et enfin sa rédemption, qui, en laissant subsister ici-bas plusieurs effets de la prévarication, nous rendit néanmoins nos droits à l'éternelle et intuitive vision des cieux. Cette admirable économie des desseins de Dieu sur l'homme, cet ordre complet de destination et de réparation surnaturelles va, Messieurs, nous occuper dans cette conférence.

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