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juftes & chers Concitoyens, de vous préfenter ici un petit Pamphlet que je fis il y a fix mois, fous le titre de TRES-Humbles REMONTRANCES AU PUBLIC. Je prends la liberté de vous l'adreffer, comme une fuite naturelle de mes réflexions.

TRÊS-HUMBLES

REMONTRANCES

AU PUBLIC.

C'EST aujourd'hui, Grand-Tout, que je vous dirai les chofes les plus importantes! celles que j'ai dans l'esprit, depuis les troubles inteftins qui vous agitent. Si jamais vous fûtes incon cevable, c'eft dans la circonftance actuelle ! Vous, que j'ai vu dévoué à vos Rois, difcuter les avantages du Gouvernement monarchique, & les pofer fur des bases folides; vous, à qui j'ai vu des fentimens plus fains qu'à l'Anglais luimême, qu'êtes vous aujourd'hui? Un furieux, ou un poliçon; un infenfé, ou un fot, illuftre Grand-Tout!

Quelle eft la bafe du Gouvernement monarchique? La voici :

En France, le Roi eft la tête de l'Etat ; les Militaires en font les mains; les Magiftrats

font partie de la tête ; ils font la bouche, les yeux, les oreilles ; ils font les organes du cervean, qui eft le Roi.

Le Roi eft encore le cœur, l'eftomac ; & les Magiftrats font les autres vifcères. Les Grands font le tronc, qui les envelope: le Peuple eft les bras, les cuiffes, les jambes & les pieds. Voilà le corps de l'Etat.

Examinez, d'après cela, Grand-Tout, quelles doivent être les fonctions du Monarque-cerveau-cœur-eftomac ? Il eft certain, que la fanté du Corps politique ne peut résulter que du bon accord entre toutes les parties: Que s'il fe trouve le moindre engorgement, le moindre défaut de correfpondance, le défordre fe met, la fièvre s'alume, & elle peut conduire le Corps à fon entière diffolution.

Comparons encore l'Etat à une Famille, dont le Roi eft le père: fes ordres doivent être abfolus s'ils ne le font pas, le defordre s'introduit. Il ne doit y avoir qu'un Chef pour commander, & des Enfans pour exécuter.

Qu'est-ce que la Souveraineté, en France è

C'eft la réunion, dans les mains d'Un feul, de tout le pouvoir des Concitoyens : cette réunion s'eft effectuée par l'exercice : vingtquatre millions d'Hommes ont remis chacun leur portion de Souveraineté au Roi, qui eft le commun & le feul Représentant. Or, GrandTout, fi le Roi eft votre feul Représentant, le feul dépofitaire de votre autorité ; fi lui feul la communique, aucun Corps particulier n'a droit de lui demander compte de fa geftion, parce que tous ces Corps ne font que fes Mandataires : c'est vous feul, Grand-Tout, qui pouvez demander, en corps, ce compte à votre Représentant; mais en vous respectans vous-même dans fa perfonne.

Cependant, qu'avez-vous fait ? Que faitesvous, depuis fix mois?

Vous agiffez comme un Infenfé! vous renyerfez toutes les idées raifonnables! Vous avez fouffert que des Corps particuliers, ufurpant vos droits, & ceux de votre Repréfentant, de Celui qui eft revêtu de toute votre fouveraineté, de toute votre majesté, lui ré

fiftaffent! Vous avez fouffert qu'ils ofaffent tenter de lui difputer sa prépondérance ; qu'ils diminuaffent votre confidération nationale › en lui liant les mains, qui font les vôtres; en l'accufant, le dénigrant! Vous avez eu, Grand-Tout, la fotife amère, de laiffer crier de vils Praticiens, en votre nom! Comme fi toute votre maffe n'étoit compofée que de Procureurs! Vous avez eu l'inconféquence impardonnable de laiffer abuser de votre nom en faveur des Pirates de la chicane; de vous oppofer aux loix les plus fages, les plus avantageufes pour vous, parce qu'elles font défaftreuses pour vos Sangsues.

O Grand-Tout! Grand-Tout! que je fuis irrité contre vous! que je vous méprise! que je vous plains!.....

Dira-t-on que je fuis un lâche Partisan du defpotisme ?

Non! non! j'ai fait mes preuves: je me fuis vu perfécuté, pour un Ouvrage fait en 1770-1771, où les maximes les plus faines étoient établies. Je n'en ai point changé ! je fuis toujours le même! Mais je dis, que la vile

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