étaient suivis des écoliers que les Jésuites mettaient sous la protection de la Sainte Vierge, et qu'ils assemblaient les Dimanches et Fêtes pour chanter ses louanges, et leur inspirer l'amour et l'imitation de ses vertus; ils avaient tous un cierge à la main, aussi bien que leurs professeurs qui les conduisaient Ensuite marchait une grande multitude d'enfans habillés comme on représente les Anges; ils étaient divisés en neuf troupes qui représentaient les neuf chœurs. Ils en avaient à leur tête, un qui, plus grand que les autres, figurait Saint Michel; il les conduisait, tenant un étendard où était peinte l'Image de Notre-Dame de Bon-Espoir: Tous ces Anges portaient, ou des emblèmes consacrés à la Sainte Vierge; ou une devise à son honneur; ou un de ses mystères; ou une de ses vertus représentées sur le tableau; ou une des sentences de l'Eeriture Sainte que l'Eglise applique ordinairement à cette Reine des Anges. Les deux Séminaires, les Clercs de toutes les paroisses marchaient sous la Croix de de Notre-Dame, avec le Clergé de cette paroisse, qui fut encore honoré de la présence de plusieurs prêtres des autres Eglises, qui se firent une gloire d'aug menter par leur nombre, mais sur-tout par leur modestie, la pompe de cette cérémonie. L'Image de la Sainte Vierge, portée par les deux plus anciens prêtres de cette Eglise, était encore précédée par une autre troupe d'anges qui ne cessaient de répandre des fleurs, dont l'odeur mêlée avec la fumée des parfums les plus précieux, embaumait toutes les rues, et s'élevait avec les prières du Clergé et du peuple jusqu'au Trône des miséricordes, comme un sacrifice agréable à Dieu. Sur le brancard où était posée l'Image miraculeuse, on avait élevé une espèce de dais composé de fleurs, dont le dessus formait une couronne fermée, Elle était environnée de douze torches ardentes armoriées des armes de la Ville. La Procession était terminée par tout le Corps de la Magistrature, et par une si grande multitude de peuple, que l'on n'avait jamais rien vu de semblable. Le lieu de la station était aux Bénédictins, lesquels en chape, et un flambeau à la main, allèrent hors de leur portail recevoir la Sainte Vierge. La magnificence éclatait de toutes parts dans leur Eglise ; la grand 'Messe y fut chantée par tout ce que l'on put réunir de musiciens. Après la Messe on se remit en marche dans le même ordre. Les R. P. Jésuites avaient demandé que l'on procurât à leur Eglise l'avantage de recevoir la Sainte Vierge on se fit un plaisir de seconder leur zèle et leur dévotion. Enfin, on rentra dans l'église Notre-Dame, où, après avoir donné la Bénédiction au peuple, on remit l'Image dans la chapelle qui lui est consacrée. Ainsi finit la neuvaine; ainsi l'on s'efforçait de rendre à Marie la gloire qui lui étoit due, puisqu'elle avait triomphé des rigueurs des saisons, et rendu son Fils favorable à nos vœux; ainsi dans ces temps, on l'invoquait d'une manière qui méritait d'être exaucée, c'est-à-dire, avec cette foi vive, cette pureté d'intention, cette humilité, cette persévérance sans lesquelles les prières, sont inutiles. En 1718, où les besoins étaient pressans, on lui rendit les mêmes honneurs qu'en 1693; on lui adressa les mêmes vœux avec les mêmes cérémonies et les mêmes solennités: si cependant on ne fut pas exaucé, ce n'est pas que le pouvoir de la Sainte Vierge soit diminué, ce n'est pas qu'elle ait moins de tendresse pour cette Ville qu'autrefois, c'est qu'elle trouve dans ceux qui la prient, des oppositions aux bienfaits qu'elle voudrait nous pro curer. En 1758, tous les biens de la terre dépérissant par les pluies qui tombaient continuellement depuis un mois, on fit une neuvaine à Notre-Dame de Bon-Espoir pour obtenir un temps favorable, par l'intercession de cette Mère pleine de tendresse et de miséricorde. Les grandsvicaires, doyen et Chapitre de la Cathédrale y invitèrent les fidèles par un mandement fait à ce sujet. En conséquence l'Image de Notre-Dame de bon-Espoir fut exposée sur le maître Autel, le dimanche 23 Juillet avant la grand'Messe. L'ouverture de la neuvaine se fit par une Procession solennelle, qui, à l'issue des Vêpres alla à la Cathédrale. Les neuf jours suivans, l'Image fut pareillement exposée; et pendant ce temps, toutes les paroisses de la Ville, le Chapitre de la Sainte-Chapelle, celui de la Chapelle-aux-Riches, et les religieux Bénédictins, vinrent chanter des grand'Messes, et les différentes Communautés faire des Stations devant l'image de la Sainte Vierge. Le mardi 1er Août, la neuvaine fut terminée par une Prócession des plus solennelles, qui se fit à l'église de la Sainte-Chapelle, n'ayant pu être faite le lundi 31 Juillet, à cause du mauvais temps. Les vœux des Fidèles furent encore exaucés cette fois ; et quoique la saison fut avancée, on fit une récolte assez abondante. La Foi de nos pères n'était peut-être pas si éclairée que la nôtre, mais elle était plus vive, plus agissante; leur dévotion n'etait peut-être pas si éclatante, mais elle était plus solide, plus réelle, ils ne multipliaient peut-être pas tant leurs prières, mais elles étaient plus humbles, plus ferventes; voilà pourquoi ils n'invoquaient jamais Marie, qu'ils ne ressentissent les heureux effets de sa puissante médiation, comme Saint Bernard l'assurait des fidèles de son temps. Soyons aussi religieux envers Dieu, aussi fermes dans notre Foi, aussi enracinés dans la charité aussi dévots à Marie que nos pères, et Marie ne nous sera pas moins favorable. |