son Prophète, qui nous assure que la beauté de Marie, figurée par la fille de ce Roi dont parle David, n'est qu'intérieure: Omnis gloria filiæ Regis ab intus. L'antiquité de cette Image donne occasion de présumer qu'elle était dans la Chapelle jadis située dans le faubourg de l'ancien Dijon, et que l'on appellait Ja chapelle de Notre-Dame-du-Marché(1), parce qu'en effet elle était construite dans le marché public: elle servait de secours à l'église paroissiale de Saint-Jacques de Trémolois, ou comme on l'a appellée depuis, de Saint-Jacques-des-Vignes, dont on voyait encore les murs, avant la révolution, sur le chemin de Dijon à Chenove on y célébrait encore la Messe sur la fin du siècle dernier (2). Ce qui compose à présent la paroisse Notre-Dame, était un faubourg de l'ancien Dijon. Les Habitans de ce faubourg allaient dans la chapelle de Notre-Damedu-Marché faire leurs prières: on y célébrait le saint Sacrifice de la Messe; mais (1) Cappella nostræ Dominæ à foro. 8 Tous les ans le jour de Saint Jacques, le 25 Juillet, le Curé de Notre-Dame était obligé d'y aller dire la Messe. Ce ne fut qu'en 1686 qu'il crus pouvoir se dispenser de cette obligation, parce qu'en effet cette église était réduite en un tel état, qu'on ne pouvait y célébrer avec décenée, il ne paraît pas que l'on y administrât les Sacremens, et qu'il y eût, ni des fonts baptismaux, ni des sépultures: et quoique les Bulles des souverains Pontifes et les Chartres des évêques de Langres ne parlent point de cette Chapelle avant le milieu du douzième siècle, cela n'empêche pas qu'elle n'ait été bâtie longtemps auparavant. Elle pouvait n'avoir eu jusques-là qu'un usage pareil à celui dés chapelles particulières que l'on voit dans plusieurs Bourgs et Villages, où aucun Prêtre n'était attaché, parce qu'il n'y avait point de Services à y faire; et comme environ ces temps-là on commença à y faire quelques fondations, et par conséquent à établir des Prêtres pour la desserte, et qu'il fallait que ces Prêtres dépendissent de quelque Supérieur, ce fut alors qu'on les soumit aux abbés de Saint-Etienne, dans le territoire desquels la Chapelle était construite, et qu'on commença à mettre cette même Chapelle an nombre des Eglises dépendantes de leur Abbaye. Comment se persuader en effet, que des peuples, encore plus religieux qu'on ne l'est à présent, et aussi éloignés de leur église matrice qu'ils en étaient, puisqu'il y avait près d'une lieue de la chapelle de Notre-Dame à Saint-Jacques-des-Vignes eussent différé jusqu'au douzième siècle pour élever un Temple à la mère de Dieu. Dans tous les autres faubourgs il y avait des Eglises celui-ci seul, en aurait-il été privé? Dira-t-on qu'il était près de SaintEtienne? Mais ceux qui habitaient la paroisse Saint-Michel en étaient encore plus voisins: cependant ils avaient une Eglise qui touchait cette Abbaye. La seule figure de l'Image de NotreDame de Bon-Espoir fait juger, que la chapelle du Marché doit avoir une date plus ancienne encore, que celle que lui donne l'Histoire de l'abbaye de SaintEtienne de cette Ville. Quoi qu'il en soit, la dévotion pour Notre-Dame de Bon-Espoir était déjà fervente, et il fallait qu'elle signalât son pouvoir dans cette Chapelle avec éclat, puisque les Peuples y accouraient de toutes parts avec tant d'empressement. Bientôt même, pour favoriser la piété des Etrangers et des Pélerins, on fonda prés de cette Chapelle un Hôpital (1) qui (1) Cet Hôpital était élevé sur la place de la Charbonnerie, où sont aujourd'hui les bains nouveaux; on en voyait encore il y a quelques années la principale porte, au-dessus de laquelle on lisait cette inscription en caractères très-gothiques: C'est ici l'Ouftau de Notre-Dame. portait le nom de Notre-Dame; car c'etait la coutume de bâtir des Hôpitaux près des lieux où il y avait quelque dévotion particulière: celle-ci attirait les Etrangers. Si nous en croyons l'histoire que je viens de citer, cet Hopital devait son établissement à la charité de quelques Chanoines réguliers de cette Abbaye, qui consacrèrent une partie de leurs revenus et de leur logement à l'hospitalité (1). Il ne fut d'abord desservi et gouverné que par un seul Prêtre tiré du collège des Chanoines, auquel on donna le titre de Recteur; cependant comme le nombre des Pélerins et des Malades devenait chaque jour plus considérable, les fonds et les revenus augmentèrent aussi; on y fit de nouvelles fondations. Les abbés et les chanoines de Saint-Etienne envoyèrent quatre autres prêtres religieux pour aider le Recteur; ensorte que les cinq, composèrent un petit Monastère; l'Hôpital même ne fut plus appellé que le petit Monastère de Notre-Dame. Le Recteur (1) Voyez l'Histoire de l'église Saint-Etienne de Dijon, 1 vol. in 4° Dijon, 1696. première partie, pag. 298 et 299. L'auteur y entre dans un grand detail touchant cet Hôpital. On y voit les différens changemens qu'il éprouva, les fondations qui y furent faites, et les bienfaiteurs de ces fondations. était chargé de pourvoir aux besoins des quatre Prêtres qui desservaient avec lui(1); ils célébraient l'Office (2) en commun, dans une Chapelle, qui était dans l'enceinte de l'Hôpital, dédiée sous l'invocation de saint Martin, après que celle du Marché fut détruite; mais enfin, cette chapelle de Saint-Martin étant tombée par caducité, il fut permis au Recteur et aux quatre Prêtres ses confrères, de faire l'Office dans l'église Notre-Dame; ce qui arriva sur la fin du quinzième siè cle, où ils furent incorporés avec les mépartistes de cette Eglise; et comme ils étaient d'une plus ancienne fondation, et qu'ils sortaient originairement du Collège de Saint-Etienne, on leur donna le premier rang, à l'exception du Curé, qui les précéda toujours, même lorsqu'il n'était que Vicaire amovible. Mais soit que la chapelle de Notre-Damedu-Marché fût trop petite par rapport à l'affluence des Peuples qui y venaient de toutes parts invoquer Marie, et lui pré (1) Il donnait à chacun 15 liv. pour sa nourriture et son entretien: ces 15 liv. feraient à présent, selon notre monnaie, la somme de 50 f. 8o c ils étaient outre cela logés. (2) C'est-à-dire, tout l'Office canoniale, ils chantaient tous les jours une Grand'Messe. |