HISTOIRE DE L'IMAGE DE NOTRE-DAME DE BON-ESPOIR, DE SON CULTE, ET DE LA CONFRAIRIE ÉTABLIE EN SON HONNEUR, DANS L'ÉGLISE PAROISSIALE NOTRE-DAME DE DIJON. DANS tous les lieux où Jésus-Christ a des Temples, des Autels et des Sacrifices, Marie sa très-sainte Mère a des fidèles Serviteurs, qui, pleins de respect pour elle, s'empressent de lui rendre un Culte particulier; Culte même qu'un zèle indiseret porte quelquefois au-delà des justes bornes que l'Eglise lui a si sagement prescrites, et sur lequel les Pasteurs ne peuvent trop veiller, pour empêcher les abus que l'ignorance ou la superstition ont coutume d'y introduire. Ce sont eux à faire connaître aux peuples ce qu'ils doivent à Dieu, ce qu'ils doivent à ses Saints; de erainte que, confondant la créature avec le Créateur, ils ne rendent à la Mère de Dieu des honneurs qui ne sont dus qu'à son Fils, et qui facilement se changent en idolâtrie. Il y a des endroits où la dévotion pour Marie est plus grande et plus animée; ce qui vient sans doute, ou du caractère de ceux qui la révèrent, qui sont plus portés à la piété, qui ont un amour plus tendre, car tous n'aiment pas également; ou des images dont il a plu au Seigneur de se servir, pour nous faire connaître avec plus d'éclat, l'amour qu'il porte à sa Mère, et combien lui sont agréables, et la dé votion que l'on a pour elle, et les prières qu'on lui adresse. Telle est l'Image miraculeuse de NotreDame de Bon-Espoir, qui, dans la Paroisse qui lui est consacrée, attire tous les jours et à chaque instant, un si grand nombre de fidèles de l'un et de l'autre sexe, de tout état, de tout âge, qui regardent l'Autel sur lequel elle est élevée, comme le Trône d'où découlent les grâces et les miséricordes de son Fils; ensorte que l'on peut dire qu'il y a peu de Sanctuaire dans cette Ville qui soit distingué par un plus grand_concours de Peuple, où l'on offre plus de vœux, et qui produise plus d'exemples d'une véritable piété. Cette dévotion n'est pas nouvelle: pour en trouver l'époque, il faut remonter jusqu'à des siècles très-éloignés; et l'on a tout heu de se persuader qu'elle n'est pas moins ancienne que l'Image qui en est l'heureuse source. Tout montre en cette Image une vénérable antiquité. 1° La matière dont elle est faite elle est d'un bois si usé, si caduc, qu'il est surprenant qu'elle subsiste. 2° Sa forme, qui est non-seulement très-imparfaite, mais très-grossière, fait juger qu'elle est du onzième, ou même du dixième siècle, pour ne pas remon ter plus haut, temps auquel les Gots et les Barbares répandus dans la France, avaient tout infecté de leur goût rustique, et où l'on ne voyait plus aucun vestige de cette élégance où l'architecture et la sculpture avaient été portées dans les jours d'Auguste. Ce qui peut autoriser ce sentiment, est la confrontation que l'on peut faire de I'Image de Notre-Dame de Bon-Espoir, avec la manière dont la Sainte Vierge est représentée sur des sceaux attachés à plusieurs chartres données par des Eglises anciennes dont elle est Patrone. On y remarque la même situation de NotreDame, la forme du visage longue, ayant la tête environnée d'une couronne sem blable à celle que les Rois portaient dans le dixième siècle, et différente de celle dont ils se servirent depuis.. Sa couleur même prouve son antiquité: elle est noire, et le peuple croit que c'est l'effet de la fumée des canons des Suisses qui assiégèrent Dijon au commencemen' du seizième siècle; erreur que je rougis de rapporter, mais qui est tellement répandue, même parmi des personnes trèssensées, que pour la détruire, j'ai été obligé de rechercher les véritables causes de cette couleur. Elle est donc noire, ou plutôt d'un brun foncé qui la fait paraître noire c'est la couleur qu'elle a toujours eue. Les siècles pendant lesquels cette Image a été faite, attribuaient cette couleur à la Sainte Vierge, Toutes les Images que l'on en voit dans les plus anciennes Eglises, la représentent ainsi. Nicephore, dans son Histoire ecclésiastique, dit, que la Sainte Vierge était d'une couleur trèsbasanée. Ce qui a pu donner lieu à cette opinion, est l'explication littérale de ces paroles du Cantique des Cantiques chap. 1, 4: Nigra sum, sed formosa. Je suis noire, mais je suis belle, que l'Eglise applique à la Sainte Vierge dans un Office qui lui est consacré Il est vrai que telle est la couleur de presque toutes les per sonnes qui, comme Marie, sont nées C dans la Palestine, où le soleil n'est pas mcins brûlant que dans l'Afrique. C'est dans ces derniers siècles que les peintres ont épuisé tout leur art, pour la représenter avec toutes les grâces que la nature peut = donner. Ils ont cru par-là flatter la dévotion des Peuples, qui s'imaginent qu'elle a été la plus belle de toutes les créatures, fondés sur ce que l'Eglise lui attribue encore ces paroles dont Salomon se sert dans son Cantique des Cantiques, pour relever les charmes de son épouse: Tota pulchra es: Vous êtes toute belle; vous êtes la plus belle d'entre toutes les femmes; vous n'êtes pas moins éclatante que la Lune; vous effacez les astres les plus brillans. Ces expressions, et plusieurs autres que Eglise emploie pour louer Marie, ne doivent pas être entendues à la lettre non plus que celle du roi Prophète, que la même Eglise attribue à Jésus-Christ. Speciosus formâ præ Filiis hominum: Vous êtes le plus beau d'entre les enfans des hommes. On veut nous faire comprendre par ces expressions, non leur beauté extérieure, qui n'avait rien d'extraordinaire, mais leur beauté intérieure, c'est-à-dire, pureté, l'innocence, la sainteté et les admirables vertus qui ornent leur ame.. Dieu a pris soin de nous en avertir par |