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les habitudes possibles du corps, de l'esprit et du cœur, celles qui, en produisant un maximum d'avantages, doivent le conduire plus sûrement, plus. directement à son but, et proscrire tout ce qui tendroit à l'en écarter. En un mot, il doit commencer par former deux grands tableaux ou tracer deux cercles, dont l'un renferme tout ce que l'homme n société peut ou doit savoir et faire, parce que ela est nécessaire ou avantageux, et l'autre tout qu'il doit ignorer ou éviter, parce que cela est utile ou nuisible. Ces deux cercles, une fois bien déterminés, fixent d'une manière précise les limites lu vice et de la vertu, du juste et de l'injuste, des roits et des devoirs, etc., et par suite l'étendue les bornes de la vraie liberté civile, qui consiste pouvoir faire tout ce qui n'est pas défendu par raison et de justes lois : or tout cela ne sauroit av lieu s'il n'est profond moraliste, car il ne doit etra er des forces de l'homme social que la portion qui ourroit lui devenir funeste, ainsi qu'à la société nt il fait partie. En un mot, les élémens dont il ompose sa machine sont des hommes; donc, pop a bien construire et la bien diriger, il doit les

anoître à fond, saisir tous les ressorts, tous les fils qui les font mouvoir, afin de les manier avec adresse, et de les faire servir avec habileté à ses projets.

Le législateur ayant une fois déterminé ce qu'une ertaine masse d'hommes doit savoir et faire pour troduire dans leur société la plus grande somme e force, de liberté et de bonheur, ses lois fonda

mulguer ou à les rendre publiques par la voie de l'écriture ou de l'impression, en les rédigeant et les présentant avec une simplicité et une clarté qui les rendent intelligibles pour tous. Donc les lois envisagées comme il faut, ne sont que l'expression publique des moyens apperçus par le génie pour rendre la plus heureuse possible une quantité donnée d'hommes réunis sur un terrein donné.

Il n'est donc pas toujours vrai de dire que les lois sont l'expression de la volonté générale; car cette volonté, au lieu d'être uniforme, est presque toujours composée d'une foule d'élémens contradictoires à la vérité la volonté générale exprimée ou tacite est bien le desir du maximum de bonheur; inais pour y parvenir, il faut apporter dans la confection et l'exécution des lois un maximum d'intelligence et de force, et il arrive très-souvent que les hommes qui tous desirent d'être heureux, ne savent pas voir et choisir les meilleurs moyens pour se rendre tels, ou que leurs mandataires, leurs représentans, leurs chefs ne savent pas ou ne veulent pas le faire eux-mêmes. Qui ne sait d'ailleurs que dans presque tous les pays, les lois ne sont que l'expression de la volonté de quelques hommes, et souvent d'un seul homme, du plus fort, du plus adroit ou du plus heureux, et quelquefois par malheur du plus sot ou du plus fou.

Les sociétés étant composées d'hommes, leur analyse dépend de celle de l'homme. Ainsi les qualités et facultés publiques ne sont que la somme des qualités et facultés communes à tous les particuliers ;

la force publique n'est que la somme des forces individuelles unies et bien dirigées; il en faut dire autant de la richesse ou de la pauvreté, des vertus et des vices, des opinions et des préjugés, des lumières et de l'ignorance, et, par suite, du bonheur et du malheur qui en résultent. Tous ces élémens moraux forment, en se réunissant et se combinant, autant d'espèces de faisceaux d'où résultent les habitudes publiques ou les mœurs d'un peuple, lesquelles sont bonnes ou mauvaises suivant que ces habitudes le sont elles-mêmes.

la

L'opinion publique est la somme des idées ou notions communes à tous les individus d'une même société (du moins au plus grand nombre) (1); donc si ces idées sont justes, l'opinion publique l'est elle-même ou est bonne; et si elles sont fausses, l'opinion l'est elle-même ou est mauvaise en général elle ne devroit jamais être que la somme des vérités morales et politiques, etc., dictées par raison et la nature, consacrées par le législateur, et bien senties par tous les membres de la société. Si tous les membres du corps social (au moins la très-grande majorité) n'ont pas les mêmes idées sur les choses qui intéressent leur bonheur et doivent déterminer leur conduite; si les vérités relatives à leurs droits, à leurs devoirs, etc., ne sont pas également claires pour tous, alors l'opinion publique

(1) L'opinion du genre humain est la somme d'idées communes à tous les hommes; c'est le résultat nécessaire d'une organisation à-peu-près la même pour tous les peuples, et qui

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se décompose en autant d'opinions partielles qu'il y a de différences, et souvent il se forme autant de sectes, de partis, ou de factions; et si les opinions de tous les individus étoient différentes, comme cela a par fois lieu sur quelques sujets, l'opinion publique deviendroit nulle, et la société, tombant dans la confusion et l'anarchie, seroit détruite par les dissentions intestines. Car cette opinion, principal ressort et caractère distinctif des gouvernemens, est en même tems une force directrice qui agit puissamment sur la conduite de tous les individus si elle ne crée pas toujours les lois elle force souvent le législateur de les modifier, de les corriger; elle force les gouvernans et les magistrats de s'y soumettre eux-mêmes, de les respecter, et de les faire exécuter avec une sorte de justice et d'impartialité; elle les surveille et forme cette puissante digue qu'elle oppose à la tendance continuelle qu'ils ont vers le despotisme ou l'abus du pouvoir. Sans cesse elle exerce sur tous les membres de la société une utile censure et une magistrature sévère; c'est elle qui, suppléant à l'insuffisance des lois, verse le blâme, le mépris, le ridicule et la honte sur les actions basses ou méchantes, ou les procédés vils et petits, et punit ainsi, d'une manière aussi sûre que douloureuse, les coupables qui s'étoient vainement flattés d'échapper aux jugemens de son tribunal redoutable, tandis qu'elle se plaît à distribuer les plus flatteuses récompenses aux belles actions, aux procédés généreux, aux qualités estimables, aux grandes découvertes, etc., en répandant

Elle est la cause princi

répandant sur les hommes d'un vrai mérite, les génies créateurs, les bons princes, et tous les vrais bienfaiteurs de l'humanité, l'estime, les éloges, la réputation et la gloire. pale des révolutions des états; car les grands changemens survenus dans les opinions et, par suite dans les mœurs d'un peuple, en produisent nécessairement d'analogues dans la forme de son gouvernement; d'ailleurs elle est un des principaux = élémens de la force motrice des individus, un des grands excitateurs de leurs passions, dont l'action combinée crée conserve, modifie ou détruit tout. C'est elle qui, sous le nom de l'honneur, etc., a fait faire en France, et dans presque dans tous les pays, tant de belles actions et d'extravagances, enfin de si bonnes et de si mauvaises choses; et il faut convenir que lorsqu'elle est bonne, elle a la plus grande influence sur le bonheur des sociétés qu'elle entraînę à leur perte quand elle est mauvaise.

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Souvent l'opinion d'un homme ou d'un peuple n'est pas une somme de vérités senties ou démontrées pour lui, mais un amas de préjugés, d'erreurs, de superstitions, d'idées fausses reçues pour vraies, etc. Alors les individus et les peuples qui se trouvent dans ce cas, livrés à la crédulité et au fanatisme, sont le jouet des prêtres, des intrigans des factieux, et de tous les charlatans politiques ils n'ont ni caractère, ni véritable énergie, ni liberté, ni bonheur; ils se laissent aisément subjuguer, changent souvent de maître, et sont faits. pour être esclaves la liberté est un fruit qui ne

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