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Ainsi parla le solitaire.

Il fut cru, l'on suivit ce conseil salutaire.

Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert.
Puisqu'on plaide, et qu'on meurt, et qu'on devient malad
Il faut des médecins, il faut des avocats.

Ces secours,grace à Dieu,ne nous manqueront pas :
Les honneurs et le gain, tout me le persuade.
Cependant on s'oublie en ces communs besoins.
O vous ! dont le public emporte tous les soins,
Magistrats, princes et ministres,

Vous,que doivent troubler mille accidens sinistres,
Que le malheur abat, que le bonheur corrompt,
Vous ne vous voyez point, vous ne voyez personne.
Si quelque bon moment à ces pensers vous donne,
Quelque flatteur vous interrompt.

Cette leçon sera la fin de ces ouvrages:
Puisse-t-elle être utile aux siècles à venir !
Je la présente aux rois, je la propose aux sages:
Par où saurais-je mieux finir?

FIN.

Sur les six derniers Livres des Fables

de La Fontaine.

Par CHAM FORT.

СЕ

LIVRE SEPTIEM E.

DEDICACE A MADAME DE MONTES PAN, page 1.

Vers 1. L'Apologue est un don qui vient des immortels.

que dit La Fontaine est presque d'une vérité exacte, et est au moins d'une vérité poétique. On trouve des apologues jusques dans les plus anciens livres de la bible. En voici un bien extraordinaire. Les arbres voulurent un jour se choisir un Roi. Ils s'adressèrent d'abord à l'olivier et lui dirent: règne. L'olivier répondit: je ne quitterai pas le soin de mon huile pour régner sur vous. Le figuier dit, qu'il aimait mieux ses figues que l'embarras du pouvoir suprême. La vigne donna la préférence à ses raisins. Enfin les arbres s'adressèrent au buisson : le buisson répondit. Je vous offre mon ombre.

On sent tout ce qu'il y a de hardi dans cette idée, et si on trouvait une telle fable dans les écrits de ceux qu'on nomme philosophes, on se récrierait contre cette audace. Heureusement le Saint-Esprit n'est pas exposé aux persécutions et ne les craint pas plus qu'il ne les inspire, ou ne les approuve.

V. 23. Paroles et regards, tout est charme dans vous.

Cet éloge est trop direct, et le goût délicat de madame de Montespan eût sans doute été plus flatté d'une louange plus fine. Tout ce que lui dit La Fontaine est assez commun; mais il y a deux vers bien singuliers.

V. 27. Et d'un plus grand maître que moi

Votre louange est le partage.

Ce grand maître était, comme on sait, Louis XIV. Peut-être un autre que La Fontaine n'eut pas osé s'exprimer aussi simplement, mais la bonhommie a bien des droits.

FABLE I, page 3.

Ce second volume ouvre par le plus beau des Apologues de La Fontaine, et de tous les Apologues. Outre le mérite de l'exécution, qui dans son genre est aussi parfaite que celle du chêne et du roseau, cette fable a l'avantage d'un fond beaucoup plus riche et plus étendu ; et les applications morales en sont bien autrement importantes. C'est presque l'histoire de toute société humaine.

Le lieu de la scène est imposant ; c'est l'assemblée générale des animaux. L'époque en est terrible, celle d'une peste universelle; l'intérêt aussi grand qu'il peut être dans un Apologue, celui de sauver presque tous les êtres ; hôtes de l'univers sous le nom d'animaux, comme a dit La Fontaine dans un autre endroit. Les discours des trois principaux personnages, le lion, le renard et l'àne, sont d'une vérité telle que Molière lui-même n'eût pu aller plus loin. Le dénouement de la pièce a, comme celui d'une bonne comédie, le mérite d'être préparé sans être prévu; et donne lieu à une surprise agréable, après laquelle l'esprit est comme forcé de rêver à la leçon qu'il vient de recevoir, et aux conséquences qu'elles lui présentent. Passons au détail.

L'auteur commence par le plus grand ton... Un mal qui répand la terreur, etc... C'est qu'il veut remplir l'esprit du lecteur de l'importance de son sujet, ct de plus il se prépare un contraste avec le ton qu'il va prendre dix vers plus bas.

V. 13. Les tourterelles se fuyaient;

Plus d'amour, partant plus de joie.

Quel vers que ce dernier, et peut-on mieux exprimer la désolation que par le vers précédent... Les tourterelles se fuyaient. Ce sont de ces traits qui valent un tableau tout entier.

Il parait par le discours du lion qu'il en agit de très-bonne-foi, et qu'il se confesse très-complettement. Remarquons pourtant après ce grand vers:

V. 28. Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Remarquons ce petit vers.

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Le berger.

Il semble qu'il voudrait bien escamoter un péché aussi énorme.

On se rappelle cet acteur qui, dans Dupuis et Desronais, escamote par sa prononciation le mot de cette petite fille, ste-p-tite fille. Voyez ensuite ce scélérat de renard, ce maudit flatteur, qui ôte à son roi le remords des plus grands crimes.

V. 37.

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Vous leur fites, seigneur,

En les croquant beaucoup d'honneur.

Puis vient ce trait de satyre contre l'homme et contre ses prétentions à l'empire sur les animaux. Reproche qui est assez grave à leurs yeux pour justifier leur roi d'avoir mangé le berger même. Aussi le discours du renard a un grand succès.

Je ne dirai rien des grandes puissances qui se trouvent innocentes, mais pesons chaque circonstances de la confession de l'âne. J'ai souvenance --- (La faute est ancienne.)

V. 49.

Qu'en un pré de moines passant,

Il ne faisait que passer. L'intention de pécher n'y était pas. Et puis un pré de moines, la plaisante idée de La Fontaine d'avoir choisi des moines, au lieu d'une commune de paysans, afin que la faute de l'âne fut la plus petite possible, et sa confession plus comique.

V. 56. Un loup quelque peu clerc,.... Voilà la science et la justice aux ordres du plus fort, comme il arrive, et n'épargnant pas les injures, ce pelé, ce galeux, etc.

Enfin vient la morale énoncée très-brièvement.

V. 63. Selon que vous serez heureux ou misérable,

Les jugemens de cour vous rendront blanc ou noir.

Non-seulement les jugemens de cour, mais les jugemens de ville et je crois ceux de village. Presque par-tout, l'opinion publique est aussi partiale que les loix. Par-tout on peut dire comme Sosie dans l'Amphitrion de Molière :

Selon ce que l'on peut être,

Les choses changent de nom.

FABLE II, page 5.

V. 6. Ne trouvez pas mauvais.... Je ne sais pourquoi La Fontaine parle ainsi. On sait qu'il fut marié. Oublierait-il sa femme? Rien n'est plus vraisemblable; il vécut loin d'elle presque toute sa vie. Au surplus, après un Apologue excellent, voilà une fable fort mé

diocre, et même on peut dire que ce n'est pas une fable. C'est une aventure fort commune qui ne méritait guère la peine d'être rimée. FABLE III, page 7.

V. 1. Les Lévantins, etc.... On verra à la fin pourquoi La Fontaine met le lieu de la scène dans le Levant.

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Se retira, etc.... Remarquez ces expres

sions qui appartiennent à la langue dévote. C'est ainsi que Molière met tous les termes de la mysticité dans la bouche du Tartuffe. V. 5. La solitude était profonde,

Ces mots si simples, si usités, deviennent plaisans ici, parce que cette solitude était un vaste fromage.

V. 10.

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V. 11.

.

Que faut-il davantage? Quelle modération!

Dieu prodigue ses biens... Allusion bien mesurée à la richesse de ceux qui ont renoncé aux biens du siècle.

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V. 14. Des députés. . Otez des huit vers suivans ces mots de Rats, Chats, Ratopolis, vous croiriez qu'il s'agit d'une grande république, et que c'est ici une narration de Vertot ou de Rollin.

V. 25. Les choses d'ici-bas ne me regardent plus :

Nous avons vu un peu plus haut le prétexte de la dévotion cacher le goût de toutes les jouissances. Nout voyons l'égoïsme et la dureté monacale, cachés sous l'air de la sainteté. C'est après avoir parlé du ciel qu'il ferme sa porte à ces pauvres gens. L'auteur du Tartuffe dût être bien content de cette petite fable. C'est vraiment un chef-d'œuvre. Un goût sévère n'en effacerait qu'un seul mot, c'est celui d'argent dans le récit du voyage des députés. Il fallait u terme plus général, celui de provisions, par exemple.

un

V. 35. Je suppose qu'un moine.... C'est pour cela qu'il a mis la scène dans le Levant. Que de malice dans la prétendue bonhommie de ce vers et c'est le même auteur qui vous a dit si crûment, votre ennemi c'est votre maître. Craignait-il plus les moines que les rois? Peut-être n'avait-il pas tout-à-fait tort.

FABLE IV, page 9.

V. 1. Un jour sur ses longs pieds.... M. de Voltaire critique ces

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