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lorsque dans la cérémonie dont elle accompagne la consécration de l'autel elle demande à Dieu que cet autel soit toujours honoré d'un culte divin et spirituel; que ceux qui en approcheront deviennent eux-mêmes les hosties de Jésus-Christ; qu'ils s'efforcent de détruire tout ce qui peut déplaire à Dieu dans leurs âmes; que l'orgueil y soit sacrifié; que la colère y soit immolée.

Il faut se purifier de toutes les affections, de toutes les inclinations, de toutes les attaches qui peuvent souiller notre cœur. L'amour de quelque chose que ce soit, hors de Dieu, souille l'âme; c'est un déréglement, c'est une tache. Si vous voulez être des temples de Dieu, renouvelez votre esprit, votre cœur. Vous étiez du vieil homme, dit saint Augustin, vous ne m'aviez pas encore édifié de maison, vous étiez comme ensevelis dans vos ruines. Sortez donc de cette ancienne masure; parez-vous de

vertus.

Rappelez en votre mémoire, messieurs, votre ancienne et pauvre église. Quelle peine n'aviez-vous pas de voir les restes presque effacés de la piété de vos pères! De quels yeux de pitié regardiez-vous ces autels que le temps avoit presque usés, et que couvroit une indécente poussière! Combien de fois aviez-vous dit à Jésus-Christ, dans les transports d'une sainte impatience : Seigneur, quand rebâtirezvous ce temple? Combien de fois, vous reprochant la propreté de vos maisons, à la vue de ces ruines, avez-vous dit : L'arche du Seigneur est dans le camp

et sous les tentes, et je serai logé délicatement et superbement ! La moindre indécence vous offensoit. Dieu a béni vos desseins; l'ouvrage est élevé, il est consommé, il est consacré. Que reste-t-il, sinon de vous y consacrer vous-mêmes? Il est vrai cependant que Dieu ne mesure pas son culte par la grandeur et par la magnificence de ces temples matériels, mais par la pureté du cœur de ceux qui y prient. La pauvreté même, disoit saint Jérôme, ne messied pas à une église de Jésus-Christ pauvre et humble. Ses richesses sont dans l'efficace de ses sacremens et dans les miséricordes de Dieu, et non pas dans les lambris et les dorures des bâtimens.

Ne dites donc pas comme cet apôtre à JésusChrist Maître, regardez quelles pierres et quels bâtimens ! Il mettoit dans ces magnifiques dehors, dans cette masse orgueilleuse de bâtimens, toute la gloire du temple de Dieu. Notre-Seigneur lui répond Voyez-vous ces grands bâtimens? Ils seront tellement détruits, qu'il n'y demeurera pas pierre sur pierre. Le temps, qui dévore tout, usera les édifices les plus solides. Ces pierres auront le même sort; ces grandes masses, après avoir été long-temps augustes, ne seront plus vénérables que par leurs ruines. La gloire de cette église n'est pas dans sa structure et dans l'assemblage des pierres. Ne dites pas: Nous avons une belle église; dites plutôt : Nous avons de bons désirs; nous renouvelons notre zèle; nous assisterons avec plus de ferveur aux saints offices; nous ne perdrons pas une grâce de celles que

Dieu y répandra; nous profiterons de toutes ses bénédictions, jusqu'à ce que nous puissions recevoir celles que Dieu nous prépare dans la Jérusalem céleste, où nous règnerons avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

SERMON

POUR LE JOUR

DE LA PENTECOTE,

PRÉCHÉ DEVANT LE ROI, DANS SA CHAPELLE DE VERSAILLES, EN 1681.

Paracletus autem spiritus, quem mittet pater in nomine meo, ille vos docebit omnia, et suggeret vobis omnia, quæcumque dixero vobis.

L'esprit consolateur, que mon père vous enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous inspirera tout ce que je vous ai dit.

En saint Jean, chap. xiv.

SIRE,

IL arrive ordinairement parmi les hommes que ceux qui sortent d'un état pauvre et malheureux, et qui sont élevés de quelque degré de gloire et de fortune éminente, oublient et méprisent leurs amis, qui ont été les compagnons et les témoins de leurs misères passées. Ils éloignent de leurs yeux et de leur mémoire tout ce qui peut leur retracer l'image et le souvenir de leur malheur. Occupés de leur pro

pre grandeur et de la complaisance qu'ils ont pour eux-mêmes, ils croiroient faire tort à leur dignité de s'abaisser à des amitiés qui sont devenues disproportionnées; et, soit qu'il y ait plus de blâme à porter la bonne fortune que la mauvaise, parce que la vertu se recueille et se réunit dans l'adversité, et qu'elle se dissipe et se relâche dans le bonheur; soit que l'égalité soit de l'essence des foibles amitiés humaines, ils quittent leurs amis en quittant leur condition, et croient que ce n'est pas tant une infidélité de leur cœur et une marque de leur inconstance, qu'une suite de leur fortune et une bienséance de leur état tant l'orgueil, l'intérêt et la corruption de la nature l'emportent sur toutes les lois de la raison, de la charité et de la justice.

La conduite de Jésus-Christ est bien différente à l'égard de ses apôtres, qui avoient été les compagnons de ses travaux et les témoins de sa croix et de sa mort ignominieuse. Plus il est élevé, plus il a pour eux de soins et de tendresse. A peine a-t-il ouvert les cieux pour y prendre place à la droite de son Père, qu'il les rouvre pour leur faire part, sinon de sa grandeur et de sa gloire, du moins de l'abondance de sa grâce. Ne pouvant descendre jusqu'à enx, ne pouvant les élever jusqu'à lui, il leur envoie un autre lui-même qui les console, qui les instruit, qui les protége, qui les sanctifie. Ainsi l'Église se trouve heureusement aujourd'hui entre Jésus-Christ et le Saint-Esprit, attirée par l'un, conduite par l'autre. Ils se partagent, dit saint Bernard,

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