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Pour traîner des jours heureux dans l'oisiveté et dans la mollesse; pour se répandre, à la faveur d'un honnête repos, en des joies mondaines et licencieuses; pour éloigner les chagrins et les frayeurs que jettent dans des esprits paisibles et voluptueux la confusion et le bruit des armes; pour se délivrer des incommodités des gens de guerre, dont le passage laisse toujours dans les villes des marques de violence ou d'avarice; pour être soulagé de ces subsides que la nécessité des temps fait imposer, et pour rendre à votre luxe et à votre vanité ce que les besoins de l'état en avoient peut-être retranché; pour voir les chemins ouverts à la liberté de votre commerce, et pour avoir plus de moyens d'amasser des biens, qui seront pour vous des sources d'inquiétude, et peut-être même de réprobation.

Demandez au ciel, non pas cette paix qui apporte le bonheur et les richesses, mais celle qui ramène la douceur et l'humilité chrétienne; non pas celle que est la source des plaisirs, mais celle qui est l'ouvrage de la justice; non pas celle que le monde donne à ceux qui sont enchantés de ses amusemens, mais celle que Dieu promet aux hommes de bonne volonté. Demandez-la comme saint Paul, dans son épître à Timothée, conseille de la demander: Ut quietam et tranquillam vitam agamus in omni pietate et cas

titate.

Demandez la paix pour mener une vie pure et innocente, et pour amasser, en repos dans une saison de justice et de charité, une moisson de bonnes cu

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vres; pour voir fleurir la religion dans toute sa ma-
gnificence, et réparer les brèches que peut avoir faites
à la loi de Dieu et à la discipline de Jésus-Christ la
cruauté et la licence des armes ; pour pouvoir croire
que le Seigneur est apaisé, et qu'au milieu de sa fu-
reur il n'a pas oublié ses miséricordes; pour n'avoir
plus d'attention qu'aux guerres spirituelles qu'on doit
soutenir contre les puissances des ténèbres, et pour
n'avoir plus à pleurer que ses péchés.

Enfin, mes frères, vous demandez à Dieu la paix :
mais consultez votre conscience, êtes-vous en paix
avec Dieu ? Vous sentez-vous dans le fond de votre
cœur, malgré le monde qui vous flatte et qui vous
entraîne, un désir secret de lui plaire? Recevez-vous
avec respect les afflictions qu'il vous envoie, comme
la peine de votre péché, ou comme l'épreuve de votre
vertu? Êtes-vous de ces enfans dociles, soit qu'il
veuille graver dans votre âme la pensée de son amour,
soit qu'il veuille imprimer dans votre cœur la crainte
de ses jugemens?

Nous nous prosternons, Seigneur, devant vous, pénétrés de ces sentimens pour vous demander votre paix n'êtes-vous pas le Dieu de la paix aussi bien que le Dieu des armées? N'essuyez-vous pas, quand

:

il vous plaît, votre glaive dégouttant du sang des nations? Votre Prophète ne dit-il pas que c'est vous qui créez la paix pour marquer que vous la tenez non du conseil des rois, ni de la sagesse de leurs ministres, ni de la force ou de la foiblesse des combattans, mais du sein de votre volonté et de votre adorable Providence.

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Au milieu des horreurs d'un sombre chaos et des ténèbres les plus épaisses, vous avez dit : Fiat lux, que la lumière soit faite, et l'on vit briller la lumière. Pourquoi, tournant comme il vous plaît le cœur des rois et calmant les passions des hommes au milieu de tant de guerres allumées, ne direz-vous pas : Fiat pax, que la paix se fasse, et la paix régnera sur la terre?

Accordez-la à nos désirs, à nos besoins, à nos prières, à nos larmes, pour notre repos, pour notre sanctification, pour notre salut, et pour travailler plus tranquillement à obtenir la gloire que vous nous avez promise. Ainsi soit-il.

SERMON

POUR

LA TRANSFIGURATION.

Bonum est nos hic esse. Faciamus tria tabernacula; tibi unum, et Moysi unum, et Elia unum. Non enim sciebat quid diceret.

Seigneur il est bon que nous soyons ici. Faisons-y dresser trois tentes; l'une pour vous, l'autre pour Moïse, l'autre pour Elie; car il ne savoit ce qu'il disoit.

Dans l'Évangile selon saint Marc, chap. ix, v. 4 et 5.

Il n'y eut jamais de spectacle plus glorieux, ni plus surprenant que celui qui se passa sur la montagne de Thabor en la personne de Jésus-Christ, à la vue de ses apôtres, et que l'Église nous met aujourd'hui et demain devant les yeux, pour l'instruction et pour l'édification de nos âmes. Dans une sainte et paisible retraite, loin du bruit et du commerce des hommes, au milieu d'une longue et fervente prière, le fils de Dieu paroît tout d'un coup dans sa grandeur et dans sa gloire. Son visage devint lumineux, une clarté céleste se répand tout autour de lui, et la divinité perçant, pour ainsi dire, le voile de sa chair mortelle, laisse voir sur la terre une image de la gloire dont les

bienheureux jouissent dans le ciel. Moïse et Élie sont comme les témoins fidèles de ces mystères, et c'est icí qu'on peut dire, avec saint Paul, qu'on a vu la justice de Dieu autorisée par la loi et par les prophètes : Nunc autem justitia Dei manifestata est, testificata à lege et prophetis. Mais ce qu'il y a de plus surprenant, c'est qu'au milieu de cette espèce de triomphe on ne parle que de passion, de souffrances, de mort, et de ces sacrés, mais tristes mystères qu'une excessive charité devoit faire accomplir à Jérusalem: pour nous apprendre qu'il faut, dans les lumières que Dieu nous donne, dans les grâces qu'il nous fait, et dans les prospérités qu'il nous envoie, modérer notre joie, par la vue des peines et des tribulations de la vie; et que dans les travaux et les mauvaises rencontres de la vie nous devons soutenir notre foiblesse, par l'espérance de la gloire que Jésus-Christ nous a promise.

Quoique tout paroisse admirable dans cette transfiguration de Jésus-Christ, tout y est pourtant instructif. La voix du Père qui se fait entendre nous commande l'obéissance; la majesté du fils qui se fait voir nous montre notre béatitude. Élie et Moïse assemblés nous représentent ce tempérament de zèle et de charité qui fait les hommes évangéliques. Les Apôtres, tantôt transportés de joie et tantôt abattus de crainte, sont la figure de ces chrétiens imparfaits que les consolations amollissent et que les difficultés rebutent; et saint Pierre, qui, par une indiscrète passion de jouir d'une félicité extérieure et

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