Obrazy na stronie
PDF
ePub

lettre, et dont ils ne pénétroient pas l'esprit; qui, n'étant que des justices de la chair, comme parle saint Paul, ne pouvoient purifier leurs consciences, et n'étoient saintes, proprement, que parce que c'étoient les images des vérités qui devoient s'accomplir un jour.

:

La religion du ciel n'est que révélation et vérité, sans ombre et sans figure. Tous les voiles sont levés, et Dieu se manifestant à ses élus tel qu'il est, non plus en représentation et en énigme, mais à découvert et face à face, les transforme en lui, en les remplissant de sa vérité et de son amour. Mais la religion de l'Église et du christianisme est mêlée de ces deux états. Nous tenons à la terre par l'infirmité de nos corps mortels, et nous avons besoin des figures et des signes de l'ancienne loi mais nous tenons à Dieu par la fermeté de notre foi, et nous devons connoître les vérités de la nouvelle. Nous passons par les choses sensibles, mais c'est pour aller aux spirituelles et éternelles; notre culte est dans nos mains, sur nos lèvres et dans nos yeux; mais son origine et son principe est dans nos cœurs. Nous nourrissons notre piété par les cérémonies extérieures que l'Église a instituées; mais nous l'établissons sur les vertus intérieures que l'esprit de Dieu forme en nos âmes. Comme il y a en nous un homme du dehors qui se prosterne, qui offre, qui prie ; il y a un homme du dedans qui aime, qui adore, qui remercie. La loi nous apprend qu'il faut purifier tout ce qui doit servir à Dieu dans ses sacrifices, et la con

science nous avertit que notre soin principal doit être de nous purifier et de nous sacrifier nous-mêmes. Ce qui me donne lieu de vous faire voir dans ce dis

cours :

1o La sainteté qu'acquiert cette église par sa consécration extérieure ;

2o La sainteté que vous devez acquérir par une consécration intérieure.

Voilà tout le sujet de cet entretien.

PREMIER POINT.

Il est de la grandeur et de la majesté de Dieu d'avoir des lieux consacrés à son nom, où il répande ses grâces sur les hommes, et où les hommes lui rendent leurs hommages de religion. Comme il y a des temps marqués par sa providence pour l'accomplissement de ses mystères, il y a de même des lieux choisis pour en faire la distribution et l'usage, et c'est là qu'il faut pratiquer le culte divin. Gardezvous, disoit la loi, d'offrir partout indifféremment vos holocaustes, mais seulement dans les lieux que le Seigneur votre Dieu a destinés pour ses ministères. Et ne voyons-nous pas, dans l'Écriture, des rois estimables par leur vertu et par leur piété, blâmés de Dieu pour n'avoir pas détruit les hauts lieux, c'est-à-dire pour avoir laissé, par une tolérance criminelle, immoler des victimes dans des endroits non consacrés, où, quoiqu'on les offrît peut-être au vrai Dieu, on ne les offroit pas dans l'endroit qu'il avoit marqué? et si ce n'étoit pas idolâtrie, c'étoit au moins

[ocr errors]

une espèce de profanation et un défaut d'obéissance. Car, encore que le monde et toute son étendue soit au Seigneur; qu'il remplisse le ciel et la terre; que sa sagesse atteigne avec force et avec douceur d'un bout à l'autre de l'univers; qu'il soit juste que notre âme le bénisse partout, parce que tout est sous sa protection et de son domaine; et qu'il n'y ait point d'endroit où sa providence ne veille, où sa puissance n'agisse, où ses grâces ne puissent descendre, d'où nos oraisons ne puissent monter; il est certain qu'il y a des lieux destinés particulièrement pour l'adoration, pour la prière, pour le sacrifice et les sacremens; et que, comme Dieu a des vases d'élection qu'il a comme scellés de son sceau pour les usages et les services de son Église, il a de même des maisons d'élection, où il met son nom et où il établit sa demeure..

Or, ces temples doivent être saints. Il faut qu'il y ait de la proportion entre ce qui regarde le culte de Dieu et Dieu même. Rien de profane, rien d'impur ne doit entrer dans son sanctuaire. L'esprit du sacerdoce et des ministères vivans est une sainteté de mœurs et d'action qui les unit à Dieu et les sépare de toute corruption du siècle; et l'état des églises matérielles et des ministères inanimés est une sainteté de consécration et d'usage par laquelle ils deviennent propres à la religion, et ne peuvent plus être employés au service du siècle et aux besoins des hommes. C'est ainsi que l'église appartient à Dieu par nécessité et par bienséance; et comme le seigneur

de la maison est saint, il faut aussi que la maison du Seigneur soit sainte.

Je dis de plus que les temples des chrétiens doivent être sanctifiés, parce qu'ils renferment une hostie pure et sans tache. C'est là que Jésus-Christ s'offre pour nous, et nous offre avec lui à son père, prêtre et victime, sacrifice et sacrificateur tout ensemble. C'est là qu'il s'expose à la vue et à l'adoration des peuples, et qu'après avoir été le prix de notre rédemption, il devient le spectacle de notre foi, l'objet de notre amour et de notre reconnoissance. C'est là qu'il se donne à nous comme une nourriture céleste, qui fait croître nos bons désirs, et qui fortifie notre âme contre les tentations et les traverses de la vie. Quelle pureté est donc requise à tout ce qui le touche, à tout ce qui l'approche, à tout ce qui le conserve et qui le renferme! Si le tabernacle où reposoit l'arche et les vaisseaux du ministère eurent besoin d'être purifiés par les consécrations du testament, comme parle saint Paul; si ces images des choses célestes devaient être si pures, que sera-ce des choses célestes mêmes ? Si le sang des animaux immolés à Dieu ne devoit tomber que sur une terre bénite et sainte, le sang de l'agneau sans tache qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés seroit-il offert dans des lieux indifférens ou profanes ? Ces hosties serviles et grossières étoient ainsi respectées, et cette hostie libératrice et divine ne le seroit pas ! On auroit puni dans la loi celui qui eût sacrifié hors des lieux sacrés; quelle précaution d'honneur et de

pureté doit-on apporter pour les lieux où l'on immole Jésus-Christ qui est la fin de tous les sacrifices!

Disons donc que les églises de Jésus-Christ doivent être saintes. Ces murailles, direz-vous, ces pierres, ce corps d'édifice, ouvrage de la main et de l'industrie des hommes? Oui, disoit saint Bernard, pourquoi n'appellerai-je pas saintes ces pierres que la charité et la religion ont assemblées avec tant de zèle; que la main des pontifes a bénites avec des cérémonies si vénérables et si touchantes; qui retentissent du chant des louanges de Dieu et du récit de ses Écritures; où l'on garde les précieuses reliques de ses martyrs, et où l'on sent la protection de ses apôtres; où les anges veillent incessamment à la garde du tabernacle; où se rassemble le peuple chrétien; où se réunit la dévotion des âmes fidèles, et où Jésus-Christ réside luimême sur ses autels?

Et c'est de cette considération que doit naître cette sainte frayeur et ce profond respect dont nous devons être touchés à l'entrée de nos églises. Vous trembliez, patriarche béni de Dieu; et, rempli de la foi des vérités futures que nous voyons accomplies, au milieu d'un champ où Dieu vous apparut en songe une seule fois, vous vous écriiez : Que ce lieu est saint et terrible! Et nous, à qui les mystères ont été révélés, et qui voyons notre Dieu présent et comme établi parmi nous jusqu'à la consommation des siècles, nous sommes, dans l'église où il demeure et où il s'immole pour nous, avec aussi peu de respect que si nous étions dans un champ !

« PoprzedniaDalej »