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la guerre avec crainte; touché, d'un côté, du souvenir de tant de bienfaits; de l'autre, effrayé de la reconnoissance infinie qu'il doit, il s'écrie: Hélas! que puis-je rendre au Seigneur pour tant de biens qu'il m'a faits? Comme s'il disoit : Mon Dieu, j'appréhende d'être accablé du poids de mes péchés, mais je crains encore plus d'être accablé du poids de vos bienfaits. Je sens que je suis foible, mais je ne crains rien tant que d'être ingrat; mes prospérités mêmes m'épouvantent; plus je connois l'excellence de vos grâces, plus je me vois sujet à la rigueur de vos jugemens. Le mauvais usage du passé me fait craindre, pour l'avenir, que vous ne me retranchiez vos bontés si mes péchés ne diminuent, et que vous ne cessiez d'être libéral si je ne commence d'être reconnoissant.

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Dans cette vue, il proteste qu'il prendra le calice du salut; qu'il invoquera solennellement le nom du Seigneur; qu'il édifiera le peuple de Dieu par ses dévotions publiques; qu'il sacrifiera une hostie de louange au milieu de Jérusalem, et que sa vie ne sera plus qu'un cercle perpétuel de vœux et d'actions de grâces, d'humiliation et de reconnoissance. Et c'est en cela que consiste la véritable grandeur des rois; parce qu'ayant reçu plus de biens, ils peuvent en offrir davantage; et que de ce culte magnifique qu'ils rendent au Seigneur, il en revient plus d'édification à l'Église, plus de crédit à la religion et plus de gloire

à Dieu même.

Je pourrois ici représenter à votre majesté, sire, les grandes grâces qu'elle a reçues du ciel, et par

courir une longue suite d'actions glorieuses: de sagesse dans les conseils, de fermeté dans les entreprises, d'équité dans les jugemens, de fidélité dans les promesses, de courage dans les guerres, de modération dans les victoires. Je joindrois à l'admiration du passé les espérances de l'avenir; et votre majesté, entendant les grandes choses que Dieu a faites pour elle, penseroit au même temps à celles qu'elle doit faire pour Dieu. Mais laissons tant de vertus éclatantes sous les voiles de l'humilité chrétienne, dont vous les couvrez aujourd'hui, et ne retraçons pas dans votre esprit le souvenir innocent, mais importun, d'une gloire que vous remettez tout entière entre les mains de Jésus-Christ.

Fasse le ciel que vous soyez aussi grand devant Dieu par votre humilité que vous êtes grand devant les hommes par votre gloire! que vous remportiez autant de victoires sur vous-même que vous en remportez sur vos ennemis! que vous ne cueilliez de lauriers que pour en faire des couronnes au Dieu des armées! que le bruit de vos louanges, dont tout l'univers retentit, réjouisse les uns, étonne les autres, et n'importune que vous seul ! et qu'au milieu de tant de grandeurs, que tout le monde admire en vous, vous soyez le seul qui puissiez oublier que vous êtes grand, afin que vous le deveniez un jour dans le ciel, où vous conduise le Père, le Fils, etc.!

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SERMON

PRÉCHÉ LE JOUR DE LA CONSECRATION DE L'Église de baint-JACQUESDU-HAUT-PAS A PARIS, L'AN 1685.

Domum tuam decet sanctitudo, Domine, in longitudinem dierum.

Vous le voulez, Seigneur, et il est juste que la sainteté règne en votre maison, dans la durée des temps.

Psaume 1c1.

ENFIN, messieurs, le Seigneur, pour la gloire de son nom et pour le salut de vos âmes, par l'opération visible de ses ministres et par l'effusion invisible de son esprit, vient de sanctifier son tabernacle. Ces murs sacrés, que sa providence à pris soin d'élever sur le fonds de la charité chrétienne, sa miséricorde les consacre aujourd'hui à sa religion et à vos usages; et dans l'enceinte de cette église qu'il remplit de sa majesté, du haut de ses autels, qu'il a choisis pour sa sainte demeure, il vous invite à venir lui rendre en sa présence les hommages qui lui sont dus, et à recevoir les grâces qu'il vous a préparées.

Les autres solennités que vous célébrez vous sont communes avec le reste des fidèles, disoit saint Bernard dans une pareille rencontre; mais celle-ci vous

pre.

C'est

doit être d'autant plus touchante qu'elle vous est propour vous que s'ouvrent ces portes, que l'Écriture appelle les portes du ciel. Ces croix, que Vous voyez peintes sur ces murailles, attendent que vous les graviez dans vos cœurs. Cet encens, que vous avez vu fumer et monter vers le ciel en odeur de suavité, est le symbole de vos prières. C'est sur vous que doivent couler ces onctions spirituelles et saintes qui consolent dans les tribulations, et qui adoucissent les amertumes de la pénitence. Ces aspersions mystérieuses sont les larmes que vous répandrez, et comme la portion du sang de Jésus-Christ qui vous sera distribué dans ce sanctuaire. C'est ici le lieu de votre repos intérieur, la maison de votre prière, l'autel de vos oblations, le refuge de votre innocence. C'est ici que sa miséricorde vous reçoit, que son Évangile vous instruit, que ses inspirations vous touchent, que sa discipline vous redresse. C'est ici que vous pleurez vos péchés, que vous répandez votre cœur, que vous chantez ses louanges, que vous recevez ses bénédictions, que vous participez à ses mystères. Tout votre culte se trouve comme recueilli dans l'étendue de ce temple dont vous honorez la consécration. Mais le point essentiel de la fête que vous célébrez aujourd'hui, c'est votre propre consécration. Il y a un temple de Dieu, que le Saint-Esprit habite, dans le fond duquel Jésus-Christ est sanctifié, où l'on rend sans cesse au Seigneur un culte saint et spirituel, en lui offrant, sur l'autel d'un cœur brûlant de l'amour divin, un sacrifice d'humi

lité et d'action de grâces; un temple où doit régner la pureté, et où rien de profane ne peut entrer; et ce temple, dit l'Apôtre, c'est vous qui l'êtes. C'est de cette église extérieure et matérielle, c'est de cette église vivante et animée que je dois vous entretenir aujourd'hui.

Esprit saint, source de grâce et de pureté, imprimez dans l'âme de mes auditeurs le respect qu'ils doivent à ces lieux saints, et qu'ils se doivent à euxmêmes. Versez sur eux ces bénédictions que vous avez répandues sur cette église. Comme vous avez excité leur charité pour la construction de cet édifice, excitez leur ferveur pour pratiquer les vérités évangéliques qu'on y prêche. Vous venez de sanctifier pour eux ce nouveau temple; détruisez en eux le vieil homme, et donnez-leur un cœur nouveau, afin qu'ils se sanctifient eux-mêmes par l'impression de votre amour, et par l'efficace de votre parole. C'est ce que nous vous demandons par l'intercession de la Vierge, à qui nous dirons avec l'ange: Ave, Maria, etc.

Il y a deux choses à considérer dans la dédicace d'un temple chrétien: la cérémonie et le mystère. Ce mélange de figure et de vérité, de corps et d'esprit, d'obéissance et de foi, d'observance et d'intelligence, est l'état et le caractère du christianisme. La religion de la synagogue n'étoit que signe et que figure, dit l'Apôtre. C'étoient des hommes charnels que Dieu avoit chargés d'un pesant fardeau de cérémonies, comme parle saint Augustin, qu'ils gardoient à la

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