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les trouve si fréquemment chez les écrivains peu corrects,, qu'il seroit superflu d'en présenter des exemples. J'en citerai seulement une du lord Bolymbroke, que la vivacité de son génie et la rapidité de son style entraînoient souvent dans des irrégularités de cette espèce. C'est dans l'introduction à son idée d'un roi patriote. «Il me semble, dit-il, que pour » maintenir le systême du monde à un cer»tain degré fort au-dessous de la perfection » idéale, ( car nous sommes nés capables de >> concevoir ce que nous ne pouvons pas at>>teindre mais suffisant pour constituer une >> situation heureuse et paisible, ou au moins >> tolérable; il me semble, dis-je, que l'auteur » de la nature a jugé à propos de mêler de >> temps en temps, parmi les hommes un >> petit nombre des mortels privilégiés aux>> quels il daigne accorder une portion de son » souffle divin, plus considérable que n'est, » en général, la part de chaque individu de » l'espèce humaine ». C'est une sentence bien défectueuse que d'une celle où, au moyen renthèse et d'un encombrement de circonstances, l'auteur est parvenu à entasser tant de choses, qu'il est forcé de rétrograder et de recommencer, en quelque façon, par « il me

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semble, dis-je » ; cette répétition est toujours l'indice d'une période lourde et mal construite. Elle est excusable dans le discours verbal où on n'exige point autant d'exactitude; mais dans une composition qu'on peut soigner, elle est impardonnable.

besoin

Je n'ajouterai plus qu'une règle relative à l'unité d'une sentence, c'est de la terminer toujours par un sens plein ou parfaitement fini. Tout ce qui est un doit avoir un commencement, un milieu et une fin. Je n'ai pas d'observer que, selon les règles de la grammaire, une sentence qui n'a point un sens fini, n'est point une sentence. Mais on en rencontre souvent qui sont plus que finies, si on peut se servir de cette expression. Lorsqu'on est arrivé à la conclusion qu'on attendoit, au mot de repos que le commencement indiquoit à l'esprit, une circonstance nouvelle, qu'on auroit pu omettre ou placer ailleurs, vient subitement allonger le sens, et le laisse suspendu comme une manière de queue qu'on auroit appliquée à la sentence.

Ces sortes d'additions, à la fin d'une sentence, la défigurent excessivement; elles rompent l'unité, et produisent en même temps un effet disgracieux. Swift, en parlant de Ci

céron, dans une lettre adressée à un jeune ecclésiastique, s'exprime ainsi. « Ces écrits sont » plus familiers à vos jeunes ecclésiastiques, » que ceux de Démosthènes, qui étoit fort >>> supérieur à l'autre, au moins en qualité d'ora>>>teur.» Le sens devoit naturellement finir par les mots fort supérieur à l'autre ; ils terminent la proposition, l'esprit n'attend plus rien, et les mots au moins en qualité d'orateur, arrivent d'une manière tout-à-fait clochante et imprévue. Cette sentence auroit eu plus d'unité et de liaison sous la forme suivante : « Ces écrits sont plus familiers à vos jeunes ecclésiastiques que ceux de Démosthènes qui, » au moins, en qualité d'orateur, étoit fort >> supérieur à l'autre. » Le chevalier Temple, en parlant de la Théorie de la terre, de Burnet, et de la Pluralité des Mondes, de Fontenelle, dit : « Le premier ne put pas terminer >> son savant traité, sans y joindre le panégy>> rique des langues modernes, comparées aux >> anciennes; et l'autre met tant de partialité et » de prétention dans ses censures de l'ancienne » poësie et dans son éloge de la moderne, » que je ne pus les lire ni l'un ni l'autre sans >> éprouver un mouvement d'indignation, dont je ne puis pas me défendre en contemplant

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» la ridicule suffisance de certains person»nages. » Le mot indignation terminoit naturellement la sentence; et dont je ne puis pas me défendre, etc., forme une proposition tout-à-fait nouvelle, et ajoutée gauchement à ce qui devoit être la fin.

DOUZIE ME LEÇON.

Construction des sentences.

APRÈS avoir traité de la clarté et de l'unité nécessaire dans la construction des phrases ou sentences, je passe à la troisième qualité d'une phrase correcte, que j'ai nommée sa force. J'entends par force un arrangement des mots et des membres qui présente le sens de la manière la plus avantageuse; qui rend l'impression que la période doit produire, pleine et complète, et qui donne à chaque membre et à chaque mot tout le poids et la force dont ils sont susceptibles. Pour produire cet ef et, la clarté et l'unité sont sans doute indispensables, mais elles ne suffisent pas ; car il seroit possible qu'une sentence claire, bien liée dans toutes ses parties, et suffisamment régulière relativement à l'unité, contînt cependant quelque vice de construction capable de diminuer la force et la vivacité de l'impression qu'un meilleur arrangement auroit pu produire.

La première règle a observer, pour donner de la force aux sentences, consiste à retrancher

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