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célébrant sa victoire, le vicaire la contesta. « Ce n'est pas votre éloquence, lui dit-il, qui m'a fait verser des larmes, mais ma pitié, en songeant combien il était indigne qu'une nature si heureuse fût esclave du monde plutôt que du Christ. (V. t. V, p. 982.) Érasme, un peu plus loin, page 986, rapporte d'autres anecdotes piquantes au sujet de Robert de Licio, qui fut un des prédicateurs les plus renommés du xve siècle. Il parle aussi de Savonarole.

Saint Jérôme, dans son Catalogue des écrivains illustres, affirme positivement que saint Mathieu a écrit son évangile en lettres et en langage hébraïques. De son temps, un exemplaire du texte hébreu était conservé dans la bibliothèque de Césarée, que saint Pamphyle, martyr, avait formée. Saint Jérôme ajoute que les Nazaréens de Bérée en Syrie, qui se servaient de ce volume, lui avaient donné aussi la faculté de le copier, voluminis describendi factam fuisse copiam à Nazarais, qui eo in Beræa urbe Syriæ uterentur. En outre, il cite deux passages de l'Evangile hébreu. Dans la Lettre à Hedibie, quatrième question, il parle en ces termes : « L'évangéliste Mathieu, qui a écrit l'Evangile en hébreu, me parait non tam vespere dixisse quam sero. » Dans la Lettre à Damase, il dit encore : « Enfin Mathieu, qui a écrit l'Evangile en hébreu, a mis ainsi : Osanna, Berama. » Eusèbe et saint Jérôme racontent que saint Pantène rapporta de l'Inde à Alexandrie l'Evangile de saint Mathieu, écrit en caractères hébraïques. Mais comme ils n'ajoutent pas qu'il était en langage hébraïque et comme saint Jérôme distingue par cette marque l'Evangile hébreu de saint Mathieu et l'Evangile apocryphe des Nazaréens, on ne peut pas assurer que l'Évangile apporté par saint Pantène était véritablement l'Évangile hébreu de saint Mathieu. Dans Eusèbe, liv. III, ch. 30, Papias, disciple de saint Jean, s'exprime ainsi : «Mathieu écrivit en langue hébraïque les Logia, và λóyia; chacun interpréta, comme il put, ce que l'Apôtre avait écrit. » Il y a quelques années, il s'était formé comme un gros nuage autour de cette expression hayız, où l'on ne voulait voir que les discours, les paroles, les sentences de Jésus. Mais bientôt une saine critique l'a dissipé, de l'aveu même de Strauss. V. le livre de M. Vallon, De la croyance due à l'Evangile, p. 168 et suiv.

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Érasme dit que pendant longtemps l'Épître aux Hébreux né fut pas reçue par les Latins, ou du moins ne fut pas reçue sous le nom

de saint Paul, parce qu'il y avait certaines choses qui dans l'apparence du langage ne semblaient pas s'éloigner des opinions d'Origène. Elle a été attribuée par quelques-uns à saint Barnabas, au pape saint Clément, à saint Luc. Clément d'Alexandrie dit que l'Épître aux Hébreux a été écrite en hébreu pour les Hébreux et mise en grec par saint Luc. Origène, qui la cite toujours comme de saint Paul, la croyait rédigée par un écrivain inconnu sous sa direction. Saint Clément, pape, dans son Épitre aux Corinthiens, y fait quelques emprunts. Saint Irénée la cite. Elle exprime incontestablement la doctrine de saint Paul. Origène atteste que depuis les temps les plus anciens, elle était reçue dans toutes les églises. Ce fut au Ie siècle que des doutes s'élevèrent à cause de l'abus qu'en faisaient certains hérétiques. On peut admettre avec probabilité, et cette opinion lève toutes les difficultés, que l'Épître écrite par saint Paul en hébreu, a été traduite en grec sous ses yeux, pour être répandue en cette forme parmi les juifs fidèles de toutes les Églises.

La deuxième Épître de saint Pierre a été contestée, comme le rapportent saint Jérôme et Eusèbe, parce qu'elle diffère de la première par le style. Saint Jérôme rejette cette différence sur le traducteur dont saint Pierre se servit alors. De même pour l'Évangile, on rapporte que saint Marc a été l'interprète de saint Pierre. Autrefois 'on eut aussi des doutes sur l'Épitre de saint Jacques, pleine d'ailleurs de préceptes salutaires, parce qu'elle ne semble pas reproduire en tout la majesté et la force apostolique, et aussi parce qu'on n'y trouve pas autant d'hébraïsme que l'on en attendrait de saint Jacques, évêque de Jérusalem. Saint Jérôme en parle ainsi. « Il écrivit une seule épître qui est une des sept épîtres canoniques et qui elle-même, à ce qu'on prétend, fut publiée par un autre sous son nom, bien que peu à peu elle ait obtenu l'autorité. » On ne sait en quelle langue elle a été écrite. Il y eut plusieurs disciples du nom de Jacques. Dans les manuscrits grecs, le nom d'apôtre ne se trouvait pas ajouté au nom de l'auteur.

On reconnait d'un commun accord comme authentique la première Épître de saint Jean. Quant aux deux dernières, saint Jérôme dit qu'elles étaient attribuées à Jean Presbyter, dont on montrait encore le tombeau à Éphèse avec celui de saint Jean. (V. Eusèbe, liv. III, chap. XCIX.)

Dans une lettre à Dardanus, saint Jérôme atteste que de son temps, dans les discussions, l'Épître aux Hébreux était rejetée d'ordinaire par les Latins et pareillement l'Apocalypse par les Grecs, mais que les anciens prenaient des citations dans l'une et dans l'autre. Ailleurs et à plusieurs reprises, il recommande l'Apocalypse contre les Grecs. « Ce livre, dit Erasme, composé tout entier d'allégories, n'a pas autant d'efficacité pour la démonstration, mais il sert beaucoup pour connaître les commencements de l'Eglise... Même parmi les pierres précieuses, il y a quelque différence. Il y a un or plus pur et plus estimé qu'un autre. » Ce qui lui inspirait des doutes, c'était parti

culièrement le soin inquiet que prenait l'auteur de divulguer son nom, contre la coutume de saint Jean qui dans l'Évangile l'indique seulement par certains signes. En outre, dans les manuscrits qu'il avait vus, le titre portait Jean le théologien, et non Jean l'évangéliste, sans compter la grande différence du style. Quant aux endroits censurés par quelques uns, comme sentant les opinions des millėnaires, il ne croyait pas qu'il fût difficile de réfuter ces accusations.

Dorothée, évêque de Tyr, qui parle de l'Evangile de saint Jean, ne fait nulle mention de l'Apocalypse. Anastase n'ose affirmer qu'elle soit l'œuvre de l'apôtre. Denys, évêque d'Alexandrie, se sépare de ceux qui l'attribuaient à Cérinthe; mais il suppose qu'elle a été écrite par un saint personnage autre que l'évangéliste. Eusèhe la range parmi les livres du Nouveau Testament dont on a douté. Il cite Cajus, écrivain orthodoxe, qui attribuait cet ouvrage à Cérinthe et montrait longuement quels poisons cet hérétique avait mêlés à ce livre. « Mais, dit Erasme, je ne puis me persuader que Dieu eût permis à la ruse du diable d'abuser impunément pendant tant de siècles le peuple chrétien; car il est reconnu que cet ouvrage est très ancien, puisque saint Irénée et saint Justin, plus ancien encore, l'ont jugé digne de leurs commentaires. » Eusèbe conjecture que Jean Presbyter est l'auteur de l'Apocalypse. Fénelon, dans ses Dialogues sur l'éloquence, en parle ainsi : « Pour l'Apocalypse, on y trouve la même magnificence et le même enthousiasme que dans les prophètes. Les expressions sont souvent les mêmes, et quelquefois ce rapport fait qu'ils s'aident mutuellement à être entendus. » Bossuet, préface de l'Apocalypse, est encore plus expressif dans son admiration: «Toutes les beautés de l'Écriture, dit-il, sont ramassées dans ce livre. Tout ce qu'il y a de plus touchant, de plus vif, de plus majestueux dans la loi et dans les prophètes, y reçoit un nouvel éclat et repasse devant nos yeux pour nous remplir des consolations et des grâces de tous les siècles... Il ne faut pas s'imaginer que saint Jean soit seulement imitateur des prophètes ses prédécesseurs; tout ce qu'il en allègue, il le relève; il y fait trouver l'original même de toutes les prophéties qui n'est autre que Jésus-Christ et son Église. Poussé du même instinct qui animait les prophètes, il en pénètre l'esprit, il en détermine le sens, il en révèle les obscurités et il y fait éclater la gloire de Jésus-Christ tout entière. » Mais si Erasme n'a pas senti l'inspiration prophétique de l'Apocalypse, il a reconnu dans une page remarquable (t. VI, p. 433) le caractère imposant de vérité que présentent les Actes des apôtres, caractère que M. Wallon a fait si bien ressortir dans l'ouvrage cité plus haut.

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Ce petit dialogue, de trente pages grand in-8°, se trouve à la bibliothèque Mazarine, et fait suite aux Actes du premier concile de Pise, Paris, 1672, sous ce titre : Dialogus viri cujuspiam eruditissimi festivus sane et elegans. A l'appui de notre opinion, il y a des preuves intrinsèques et des preuves extrinsèques. Nous avons parlé du style et de la pensée en général. On peut ajouter que l'auteur connait bien l'état religieux et politique de l'Europe, l'Angleterre, la France, les Pays-Bas, l'Italie. Ce qu'il en dit est conforme a ce que l'on trouve dans la correspondance d'Érasme. On y voit que l'Angleterre est peu dépendante du pape. Il y est question de la guerre contre ceux de la Gueldre. Maximilien, Henri VIII, Ferdinand le Catholique y sont jugés d'une manière assez remarquable. L'empire est appelé l'ombre d'un grand nom. Dans une lettre intime adressée au nonce Ammonio en 1512, Erasme dit: Nam magnopere velim audire num vere Julium agat Julius, t. III, p. 106. Dans le Dialogue, nous lisons : Vere Julium agerem. Nous avons vu comment, dans l'Éloge de la Folie, Érasme parle du patrimoine de saint Pierre; l'auteur du dialogue s'exprime presque dans les mêmes termes : Quod, obsecro, mihi narras patrimonium, qui relictis omnibus nudum Christum nudus sum secutus? Au sujet des dispenses, des bénédictions pontificales, du faste de la cour romaine, nous retrouvons dans le Dialogue les mêmes pensées, les mêmes expressions que dans la Folie et dans d'autres ouvrages d'Erasme : Quæso te, non reputabas tecum, cum esses summus ecclesiæ pastor, quibus modis nata esset ecclesia, quibus aucta, quibus constabilita; num bellis, num opibus, num equis? Dans l'Eloge de la Folie, nous lisons: Priscum et obsoletum, nec horum omnino temporum, miracula edere; dans le Dialogue : Claruisti miraculis? obsoleta loqueris. Il est souvent question dans la correspondance d'Erasme des traités faits et rompus sans cesse par les pontifes. Dans le Dialogue, il en est de même, ruptis, discessis, discussis fœderibus. On a vu avec quelle âpreté Érasme parle de Jules II, toutes les fois qu'il en a l'occasion. Dans le Dialogue, ce pape est représenté comme simoniaque, faux-monnayeur. Dans la Folie, il est fait allusion à un vice infàme. On trouve la même allusion dans le Dialogue. La Folie nous fait voir le souverain pontificat acheté quelquefois à prix d'argent, obtenu par toute sorte de moyens; le Dialogue contient la même accusation. Une lettre d'Erasme à Ammonio fait mention du médecin juif qui devrait administrer de l'ellébore à Jules II. Dans le Dialogue, ce juif joue aussi un rôle : Judæus ille medicus qui Diu mihi vitam arte sua prorogárat, amplius proferre potuisset. Erasme distingue souvent les deux glaives. De même saint Pierre dit à Jules II: Sane cum istum tenerem locum, nullum novi

gladium, nisi gladium spiritus, quod est verbum Dei. On lit dans une lettre d'Erasme : « Autrefois le cardinalat était une charge, maintenant c'est une royauté; » dans le Dialogue : « Nunc regnum est ac tyrannis. » On a vu avec quelle verve Érasme poursuit les brigands soldés pour faire la guerre; l'auteur du Dialogue s'indigne aussi contre ces latrones conductitios. On reconnaît encore la pensée, le style et l'ironie d'Erasme dans ce passage du Dialogue: Secus loquereris, si vel unum meorum triumphorum spectasses, vel eum quo Bononiam sum invectus, vel quem egi Romæ subactis Venetis, vel quo, Bononia fugiens, sum Romam revectus, vel quem hic egi postremum, Gallis præter omnem spem fusis apud Ravennam. Si mannos, si Caballos, si militum, armorum speciem, si ducum ornamenta, si delectorum spectacula puerorum, tum Scipiones, Emilios, Augustos, sordidos ae frugales dixisses præ me. V. au chapitre XIII de ce volume, un passage très violent de la Folie, contre Jules II.

Les preuves extrinsèques ne sont pas moins décisives. Le 1er mars 1517, Erasme écrit à Morus: « Ce Dialogue de Jules II et de saint Pierre, ut intelligo, est déjà dans les mains du grand chancelier, Kaynellapia μɛyako, et lui plait singulièrement, unice placet. Il s'agit du chancelier Sauvage. Au mois d'août de la même année, de nombreuses copies de l'ouvrage circulaient à Cologne, V. t. III, p. 1622 et 1626, ét le bruit courait qu'Erasme en était l'auteur. Celui-ci, tout en protestant contre cette rumeur fâcheuse, prie Jean Césarius et le comte de Nuenar, ses amis, de faire en sorte que ce petit livre soit tenu caché ou plutôt détruit, ut cures premendum vel potius abolendum. V. fer vol., p. 200. Environ deux mois après, le 3 novembre, il écrit à Bilibald avec mystère : De libello illo premendo idem sentio quod scripsi. Le Dialogue fut néanmoins publié dans les premiers mois de 1518. Le 5 mars, Érasme annonce cette publication à Morus en des termes qui doivent être remarqués : « On m'écrit de Cologne qu'on a déjà imprimé je ne sais quel petit livre sur Jules II discutant avec saint Pierre à la porte du Paradis; on n'ajoute pas le nom de l'auteur. Le 19 juin, pendant qu'Erasme est à Bâle, Pierre Gilles, son ami intime, lui écrit : « Le Dialogue de Jules II, œuvre de je ne sais qui, mais assurément d'un homme instruit, est vendu ici de tous côtés; tout le monde l'achète; je voudrais beaucoup que vous l'eussiez vu, quoique je ne doute pas qu'il ne soit vendu aussi là où vous êtes. « Je ne sais si je me trompe, mais il me semble qu'on peut reconnaître dans un tel langage un ami de l'auteur. Le 14 juillet suivant, le théologien Dorpius lui adressa une lettre où l'on trouve ce passage: » Le petit livre sur Jules II exclu du ciel, est lu en tous lieux par tout le monde; et je ne sais comment il se fait que peu le condamnent; vous avez raison d'être en colère contre l'auteur, qui rend plus que jamais les lettres odieuses.»> Y avait-il dans ces paroles candeur ou malice? On ne saurait le dire. La rumeur générale qui attribuait à Érasme cet écrit satirique, pouvait produire une fàcheuse impression à la cour d'Angleterre ;

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