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évêque. » Érasme proclame surtout sa supériorité dans le genre didactique. « Aucun Grec, aucun Latin, dit-il, ne saurait lui être comparé. Dans ses discussions avec les hérétiques, il montrait une douceur, une insistance pressante, qui en guérirent plusieurs et triomphèrent de tous. » De tels éloges rachetaient les paroles indiscrètes qui lui étaient échappées en d'autres temps, au grand scandale des théologiens et des hommes pieux.

Après tant de travaux et d'éditions, Érasme, toujours infatigable dans son zèle pour le progrès des études, publia saint Chrysostome traduit en latin. Cette édition était remarquable par la grandeur du format et la beauté des caractères. Quant aux traductions, les unes furent revues par les auteurs encore vivants; des hommes instruits, avec le secours des textes originaux, corrigèrent les anciennes dont les auteurs ne savaient pas suffisamment le grec. Pour les six livres du Sacerdoce et le Babylas, on donna la traduction élégante de Germain de Brie. Enfin l'édition nouvelle fut augmentée de nombreux ouvrages qui n'avaient pas encore été imprimés, tels que les Commentaires sur la première épitre aux Corinthiens, que François Arétin avait traduits jusqu'à la vingtième homélie. Simon Grinous compléta ce travail. Érasme traduisit luimême les Commentaires sur la seconde épitre aux Corinthiens jusqu'à la huitième homélie. Il n'alla pas plus loin, ayant eru, d'après le style, que l'ouvrage n'était pas de Chrysostome. Déjà précédemment il avait publié une partie du commentaire sur les Actes des Apôtres. Il ajouta deux nouvelles homélies; mais là encore, le même motif l'empêcha de conti

nuer.

Après la lettre dédicatoire, il plaça une vie du saint docteur composée d'après les anciens documents. Le monde savant était alors dans l'attente du Chrysostome grec qui était annoncé comme devant paraître à Vérone, sous les auspices de l'évêque Mathieu Gilberti, dataire du pape Clément VII. Stimulé par cet exemple, Érasme détermina Jérôme Froben

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et son associé Nicolas Episcopius à imprimer saint Basile dans le texte original. C'était celui de tous les Pères grecs qui lui plaisait le plus. Il reprochait à saint Chrysostome je ne sais quelle redondance un peu fastidieuse, à saint Grégoire de Nazianze une certaine finesse affectée et roulant en grande partie sur les mots. Dans saint Basile, rien ne le choquait. Il l'appelle un Démosthène chrétien et un orateur céleste. Il rapportait le mot de Philostorgue, disant qu'Athanase, tout grand qu'il était, comparé à l'évêque de Césarée, paraissait un enfant. Dans sa lettre dédicatoire, après un magnifique éloge du grand docteur dont l'éloquence lui semblait supérieure, non-seulement à celle de tous les autres Pères, mais même à celle de tous les Grecs et de tous les Latins, il s'étendait sur l'imperfection des traductions latines qui ne donnaient qu'une ombre de son génie vraiment divin. « Il y a, disait-il, autant de différence entre saint Basile traduit et saint Basile parlant sa propre langue, qu'entre le chant d'un rossignol et le croassement d'un corbeau. » A cette édition manquaient les livres contre Eunomius.

Pour la restauration des études, Érasme roulait dans son esprit un double projet dont il attendait les fruits les plus abondants, si le succès dédommageait les imprimeurs de leur peine et de leur dépense. Il s'agissait de les engager à consacrer chaque année une presse à l'impression des auteurs grecs; en second lieu, de faire corriger par des hommes habiles les anciennes traductions des Pères, comme on l'avait essayé pour les Vies de Plutarque. On a vu ailleurs qu'il était occupé à revoir Origène, quand il mourut. Ainsi fut close la longue liste des éditions dont il enrichit le monde chrétien. Elles ont donné lieu à beaucoup de critiques. Mais il ne faut pas mettre en oubli les difficultés inhérentes à l'époque, l'insuffisanec des manuscrits, les occupations multipliées qui partageaient l'activité merveilleuse d'Erasme. On doit au moins reconnaître que ces éditions, malgré leurs défauts, propagèrent le goût des études sacrées et frayèrent la route à ceux qui,

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plus tard firent mieux. Les lettres dédicatoires, véritables préfaces, écrites dans un style lumineux, facile, populaire et d'une façon très attachante, répandirent beaucoup d'idées nouvelles sur les Pères de l'Église. Elles firent connaître leur vie, leur caractère, la nature de leur éloquence et de leur génie. Elles excitèrent chez tous le désir de lire les écrits des grands hommes dont Érasme leur donnait une si haute idée.

Ses traductions latines contribuèrent aussi à la restauration des saintes études. Ses premiers essais dataient de loin. Dès l'année 1513, il avait commencé à traduire le Commentaire de saint Basile sur Isaïe. L'ouvrage d'abord lui plaisait. beaucoup. Mais bientôt il changea d'avis et s'imagina sans raisons suffisantes que ce commentaire n'était pas de saint Basile. Il conserva cependant cette ébauche et la publia dans la suite. A part ce court fragment, ses travaux en ce genre appartiennent à la dernière partie de sa vie. En 1527, il dédia la traduction de plusieurs discours de saint Chrysostome à Jean III, roi de Portugal, qui, à l'exemple de son père Emmanuel, se faisait gloire de protéger toutes les nobles études. C'étaient cinq Sermons contre les Juifs, qui passaient pour être le premier de tous ses ouvrages et qu'il avait composés étant encore lecteur à Antioche; quatre Sermons sur Lazare; cinq homélies sur la vision d'Isaïe et sur le roi Ozias; un sermon sur l'Éloge de Philogonius et sur la manière de recevoir dignement l'Eucharistie. Érasme avait trouvé ces discours dans un manuscrit très ancien qu'on lui avait envoyé de Venise. Ils n'avaient pas été encore traduits, quoique fort dignes de l'être; car on y reconnaissait au plus haut degré cette bouche d'or, cette éloquence aussi douce que le miel.

Ils étaient moins travaillés que les Livres sur le sacerdoce que l'auteur écrivit, étant déjà diacre, et qui sont regardés par les Grecs comme son chef-d'œuvre oratoire. Ce sont les seuls que saint Jérôme déclare avoir lus comme étant les plus célèbres.

« Ceux-ci, dit Érasme, avaient été composés pour le docte Basile; ceux-là pour le peuple. » Il espérait donner bientôt la traduction d'autres écrits de saint Chrysostome qu'il avait en sa possession, lorsque ses occupations multipliées le lui permettraient. En effet, le 29 juillet de la même année, il adressa au cardinal de Lorraine l'Explication de l'épître aux Galates, traduite pour la première fois en latin. Nulle part l'apôtre ne montrait mieux la sollicitude et l'ardeur de sa charité. Il avait trouvé dans saint Chrysostome un interprète lumineux et zélé dont les entrailles toutes paternelles ne respiraient que pour son peuple. A cette traduction étaient jointes deux homélies sur l'Épître aux habitants de Philippcs.

Quelque temps après, Érasme donna la traduction de deux discours sur la Prière. Il avait composé lui-même un petit livre sur la manière de prier. Mais après avoir lu les deux discours, il aurait voulu détruire son œuvre, s'il l'avait pu. Toutefois il était porté à croire que le second était, non de Chrysostome, mais d'un homme instruit qui avait voulu rivaliser avec lui pour s'exercer. En 1533, il publia la traduction de huit homélies qui n'avaient été encore ni traduites ni imprimées. C'étaient des entretiens qui s'adressaient au peuple et qui roulaient sur le devoir de réprimer ses passions. Il avait voulu en ajouter quelques autres; mais il avait cru s'apercevoir qu'elles étaient altérées ou faussement attribuées à Chrysostome.

Il traduisit aussi quelques ouvrages de saint Athanase. Toujours en quête de manuscrits, il en trouva un qui contenait plusieurs écrits de ce Père. Il fut ravi de la découverte, persuadé qu'il était désirable pour la religion qu'aucun ouvrage de cet éloquent défenseur de l'Église ne fût perdu. Jusque-là on possédait seulement quelques-uns de ses écrits en petit nombre, traduits tant bien que mal. Quant aux Commentaires sur toutes les épîtres de saint Paul, faussement attribués à saint Athanase, ils portaient le nom de Théophylacte, archevêque des Bulgares; et d'ailleurs le style diffé

rait beaucoup de celui d'Athanase. De plus ces commentaires citaient fréquemment saint Chrysostome et saint Basile, postérieurs à saint Athanase de quarante ans environ. L'auteur reproduisait souvent, presque mot pour mot, plusieurs lignes de suite empruntées à Chrysostome, sans toutefois le nommer, tant il avait puisé dans ce père. « Ce Théophylacte, dit Érasme, inconnu à saint Jérôme, à Gennadius, à ceux d'après lesquels a été faite l'Historia tripartita, paraît avoir rempli chez les Grecs le même rôle que chez les Latins Remigius Claudianus, rédigeant en abrégé ce qui avait été exposé par d'autres plus longuement... >>

Écrasé de travaux divers, il publia seulement une petite partie des ouvrages que renfermait son manuscrit. Il fut même obligé de dicter le plus souvent ces traductions dans les heures d'après-midi, tout en reconnaissant qu'il y avait une grande différence entre écrire soi-même et dicter à un secrétaire. Indépendamment de la difficulté qu'il avait rencontrée pour déchiffrer la mauvaise écriture du copiste, il avait découvert de temps en temps des titres menteurs qui attribuaient à saint Athanase ce qui pouvait à peine paraître l'œuvre d'un homme ayant son bon sens. Il perdit ainsi beaucoup de temps et de peine. Il donna pourtant quelques fragments de cette espèce, rien que pour montrer l'audace impie des copistes grecs, égale à celle des copistes latins qui avaient supposé, tronqué, mutilé, ajouté tant de choses dans les commentaires des écrivains orthodoxes. « Athanase, dit-il, possède la qualité principale d'un évêque, le don d'enseigner. Il est merveilleusement clair, sobre, exact. En un mot, il n'a ⚫ni la dureté de Tertullien, ni l'ostentation de saint Jérôme, ni le style pénible de saint Hilaire, ni la diffusion de saint Augustin et de saint Chrysostome, ni le nombre d'Isocrate, ni l'arrangement de Lisias, que l'on retrouve en Grégoire de Nazianze; mais il est tout entier à exposer son sujet. »

C'était par saint Basile qu'Érasme avait commencé ses traductions des auteurs sacrés. Après un long intervalle, vers la

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