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Qualem ministrum fulminis alitem....
Olim juventas: et patrius vigor
Nido laborum protulit inscium ;....
Nunc in reluctantes dracones

Egit amor dapis atque pugnæ.

En général, la nécessité de la rime dans nos petits vers, et de la mesure dans les grands; l'effrayante difficulté d'y réunir la précision et l'harmonie, la négligence des écrivains, et l'ambition de paraître pompeux en expression, lorsqu'ils sont pauvres en idées, leur ont fait porter à l'excès l'abus des épithètes; et l'une des causes qui rendent le vers dramatique infiniment plus difficile que le vers épique ou didactique, c'est que le naturel de la poésie pathétique n'admet pas autant de ces mots accessoires et pris de loin, que la liberté illimitée de la poésie descriptive. On trouve fréquemment dans Corneille cent beaux vers de suite, où il n'y a pas une épithète; et dans Racine, elles sont presque toujours si utilement employées, si artistement enchâssées qu'on ne les aperçoit presque pas.

Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle,
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus les yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage.
Et de sang tout couvert échauffant le carnage,

Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.
Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue.
Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue.

On peut voir que dans ce tableau il n'y a pas un trait qu'un habile peintre voulût laisser échapper. Tel est l'heureux emploi des épithètes; en poésie comme en éloquence, leur véritable usage est de contribuer à l'effet de la pensée, de l'image, ou du sentiment; et si quelquefois la poésie a droit de demander qu'on lui passe une épithète faible ou froide, à cause de la rime ou de la mesure du vers, le poète doit se souvenir que cette licence est une grâce, afin de n'en pas abuser.

ÉPÎTRE. On attache aujourd'hui à l'épître l'idée de la réflexion et du travail; et on ne lui permet point les négligences de la lettre. Le style de la lettre est simple, seulement plus ou moins léger, plus sérieux ou plus enjoué, plus libre, plus familier, ou plus réservé, plus modeste, plus respectueux, selon les convenances. L'épître n'a point de style déterminé, elle prend le ton de son sujet, et s'élève ou s'abaisse suivant le caractère des personnes. L'épitre de Boileau à son jardinier exigeait le style le plus naturel; ainsi ces vers y sont déplacés, supposé même qu'ils ne fussent pas mauvais partout:

Sans cesse poursuivant ces fugitives fées,
On voit sous les lauriers haleter les Orphées.

Boileau avait cublié, en les composant, qu'Antoine devait les entendre.

L'épître au roi sur le passage du Rhin, exigeait

le style le plus héroïque; ainsi, l'image grotesque du Fleuve essuyant sa barbe, y choque la décence. Virgile a dit d'un genre de poésie encore moins noble, Sylvæ sint consule dignæ.

Si dans un ouvrage adressé à une personne illustre on doit ennoblir les petites choses, à plus forte raison n'y doit-on pas avilir les grandes; et c'est ce que fait à tout moment, dans les épîtres de Boileau, le mélange de Cotin avec Louis-leGrand, du sucre et de la cannelle avec la gloire de ce monarque. Un mot plaisant est à sa place dans une épître familière; dans une épître sérieuse et noble, il est du plus mauvais goût.

Boileau n'était pas de cet avis; il lui en coûta de retrancher la fable de l'Huître, qu'il avait mise à la fin de sa première épître au roi, pour délasser, disait-il, des lecteurs qu'un sublime trop sérieux peut enfin fatiguer. Il ne fallut pas moins que grand Condé pour vaincre la répugnance du poète à sacrifier ce morceau. Il a dit dans son Art poétique :

Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère ;
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.

le

Le passage du grave au doux est toujours placé; celui du plaisant au sévère est permis et presque toujours convenable mais cela n'est pas réciproque; et pour un ouvrage sérieux, il ne me semble pas vrai de dire:

On peut être à la fois et pompeux et plaisant.
Élém. de Littér. II.

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En général, les défauts dominants des épitres de Boileau sont la sécheresse et la stérilité, des plaisanteries parasites, des idées superficielles, des vues courtes, et de petits desseins. On lui a appliqué ce vers :

Dans son génie étroit il est toujours captif.

Son mérite est dans le choix heureux des termes et des tours. Il se piquait surtout de rendre avec grâce et avec noblesse des idées communes, qui n'avaient point encore été rendues en poésie. Une des choses, par exemple, qui le flattaient le plus, comme il l'avoue lui-même, était d'avoir exprimé poétiquement sa perruque.

Au contraire, la bassesse et la bigarrure du style défigurent la plupart des épîtres de Rousseau. Autant il s'est élevé au-dessus de Boileau par ses odes, autant il s'est mis au-dessous de lui par ses épîtres.

Dans l'épitre philosophique, la partie dominante doit être la justesse et la profondeur du raisonnement. C'est un préjugé dangereux pour les poètes et injurieux pour la poésie, de croire qu'elle n'exige ni une vérité rigoureuse, ni une progression méthodique dans les idées. Je ferai voir ailleurs que les écarts inême de l'enthousiasme ne sont que la marche régulière du sentiment et de la raison. Voyez IMAGINATION.

Il est encore plus incontestable que dans l'építre philosophique on doit pouvoir presser les idées

sans y trouver le vide, et les creuser sans arriver au faux. Que serait-ce en effet qu'un ouvrage raisonné où l'on ne ferait qu'effleurer l'apparence superficielle des choses? Un sophisme revêtu d'une expression brillante, n'est qu'une figure bien peinte et mal dessinée. Prétendre que la poésie n'ait pas besoin de l'exactitude philosophique, c'est donc vouloir que la peinture puisse se passer de la correction du dessin. Or, qu'on mette à l'épreuve de l'application de ce principe et les épîtres de Boileau, et celles de Rousseau, et celles de Pope lui-même. Boileau, dans son épître à M. Arnault, attribue tous les maux de l'humanité à la honte du bien. La mauvaise honte, ou plutôt la faiblesse en général, produit de grands maux:

Tyran qui cède au crime et détruit les vertus.

(Henriade.)

Voilà le vrai. Mais quand on ajoute, pour le prouver, qu'Adam, par exemple, n'a été malheureux que pour n'avoir osé soupçonner sa femme; voilà de la déclamation. Le désir de la louange et la crainte du blâme produisent tour-à-tour des hommes timides ou courageux dans le bien, faibles ou audacieux dans le mal; les grands crimes et les grandes vertus émanent souvent de la même source; Quand? Et comment? Et pourquoi? voilà ce qui serait de la philosophie.

Dans l'épitre à M. de Seignelai, la plus estimée

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