Obrazy na stronie
PDF
ePub

sente qu'une face ; et c'est ce qui arrive fréquemment dans ce genre d'éloquence philosophique ou religieuse, que les anciens appelaient indéfini, et dans lequel on agite, non des causes particulières, mais des questions générales.

«N'est-ce pas, demandais-je à un demandais-je à un prédicateur célèbre, n'est-ce pas une heureuse division que celle de Cheminais dans son sermon de l'ambition, où il montre qu'elle ne fait que des esclaves et des tyrans?» «Celte division, me dit-il, a le défaut de trop restreindre l'idée du sujet ; et je la crois mieux embrassée, si, dans le pacte de la fortune avec l'ambitieux, on fait voir ce qu'elle exige et ce qu'elle donne.» En effet, dans ce plan je vis la chose tout entière, au lieu que celui de Cheminais n'en présente que deux aspects.

3o La simplicité, que Cicéron appelle paucitas. Elle consiste à ne prendre pour membres de la division que les idées principales et distinctes l'une de l'autre. Si l'orateur, en attaquant un mauvais citoyen, disait de lui : « Je prouverai que, par sa cupidité, son audace, et son avarice, il a fait toute sorte de maux à la république »; la division serait vicieuse, puisque l'idée de cupidité renferme celle d'avarice. C'est la faute la plus commune du vulgaire des orateurs.

Il peut arriver cependant que la division manque de simplicité, quoique les parties en soient distinctes; et c'est ce qui arrive fréquemment dans nos sermons, lorsque l'orateur, après avoir dr

visé, subdivise, et fait de son discours comme un arbre dont les branches s'épuisent en se ramifiant, et ne poussent qu'un bois sans fruit.

Dans le genre oratoire, il faut se souvenir que rien ne frappe la multitude que les grandes masses; les détails multipliés papillotent aux yeux de l'esprit, se confondent dans la mémoire, et ne font sur l'ame que des impressions légères et fugitives comme eux.

L'abus des subdivisions, n'en exclut pourtant pas l'usage, et lorsque le développement du sujet les exige, elles sont placées; mais alors même, dit Cicéron, la simplicité consiste à ne pas y admettre de superfluités, comme l'orateur qui dirait : « Ce dont mes adversaires sont accusés, je prouverai qu'ils l'ont pu faire, qu'ils l'ont voulu faire, et qu'ils l'ont fait » ; car s'il est prouvé qu'ils l'ont fait, le reste devient inutile.

Mais Cicéron lui-même ne semble-t-il pas tomber dans ce défaut ? lorsque dans la septième des Philippiques il divise ainsi : Cur pacem nolo ? Quia turpis est, quia periculosa, quia esse non potest. Car s'il est prouvé que la paix avec Antoine est impossible, il est superflu de faire voir qu'elle serait honteuse et dangereuse. Lui-même il dit ailleurs que dans le genre délibératif les deux grands moyens sont l'impossibilité ou la nécessité. Mais ces deux moyens ne sont pas toujours bien démontrés, et c'est alors qu'ils ont besoin d'appui.

[ocr errors]

Voyez le modèle des subdivisions dans le sermon de Massillon sur la mort du pécheur et sur celle du juste, sermon que je regarde comme le chef-d'œuvre de l'éloquence de la chaire.

Que la division soit complète, précise et distincte, c'est-à-dire, qu'elle embrasse tout son sujet, qu'elle ne s'étende point au-delà, que les parties qu'elle distingue ne rentrent point l'une dans l'autre, qu'elles soient toutes correspondantes, et comme les branches d'une tige commune partant toutes du même point; ce sont des règles que la philosophie observe comme l'éloquence. Cicéron les étend à toute sorte de composition raisonnée; et il en cite pour exemple la belle exposition de l'Andrienne de Térence, où Cimon dit à son esclave;

Eo pacto et gnati vitam, el consilium meum
Cognoscis, et quid faccre in hac re te velim.

En effet, dans l'instruction du vieillard, cette division est remplie.

Toutes ces règles sont celles du bon sens, et elles seraient superflues, si ce qu'on appelle le sens commun était moins rare. Mais soit manque de réflexion ou de justesse dans l'esprit, on voit tous les jours ceux qui méprisent les règles, et qui nous disent avec confiance que le talent n'en a pas besoin, prouver par leurs écrits qu'avec le talent même on a tort de les négliger.

Je n'ajouterai plus qu'une observation : c'est

que la division la plus ingénieuse, la plus séduisante pour l'orateur, le trompe fort souvent, en ce que l'une des parties est féconde et favorable à l'éloquence, et que l'autre est stérile et ne peut lui fournir que des détails inanimés. Dans une cause où le sujet commande, c'est un mal sans remède. Tout ce que l'orateur peut faire alors, c'est de disposer son sujet de façon que la partie aride et épineuse soit la première et la plus courte; et que celle qui donne lieu à des tableaux frappants, à des mouvements pathétiques, soit la dernière et la plus étendue : c'est ce que Cicéron a observé singulièrement dans 'son plaidoyer pour Milon.

Cette méthode est d'autant plus facile à pratiquer, que, dans presque toutes les causes, le sujet présente d'abord ce qu'il a de litigieux ; et qu'après la discussion, se place, comme de soimême, ce qu'il a de plus oratoire.

Mais dans un genre d'éloquence où l'orateur est libre de choisir ses sujets, il manque d'art, si l'une des parties est riche et belle aux dépens de l'autre. L'éloquence, comme la poésie, doit aller en croissant, non pas du faible au fort, du mal au bien; mais du bien au mieux, et de l'intéressant au plus intéressant encore. Les commençants, faute de prévoyance, se laissent éblouir par les beautés que leur présente une première partie; et quand ils arrivent à la seconde, leur sujet se trouve épuisé. D'autres comptent sur les

ressources de leur seconde partie, pour relever la faiblesse de la première, et pour réchauffer l'auditoire; il n'est plus temps, l'auditoire est glacé, et son attention rebutée. L'homme habile, en méditant sa division, prévoit, pèse, et balance ce que chaque partie de son sujet peut lui donner :

Et qure

Desperat tractata nitescere posse, relinquit. (Hor.)

Au reste, le plus sûr moyen de trouver aisément des divisions heureuses, c'est de concevoir nettement des sujets vastes et féconds.

Cui lecta potenter erit res,

Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo. (Hor.)

DRAME. On donne aujourd'hui plus particulièrement ce nom à une espèce de tragédie populaire, où l'on représente les événements les plus funestes et les situations les plus misérables de la vie commune.

Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux,

a dit M. de Voltaire; et celui-ci peut avoir son intérêt, son utilité, son agrément, sa beauté même. Pour l'intérêt, il est aisé d'y en mettre. L'enfance, la vieillesse, l'infirmité dans l'indigence, la ruine d'une famille honnête, la faim, le désespoir sont des situations très touchantes ; une grêle, une inondation, un incendie, une femme

« PoprzedniaDalej »