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Conservez ma devise, elle est chère à mon cœur :

Les mots en sont sacrés; c'est l'amour et l'honneur.

La devise de la cornette blanche, Donec victoria tingat, ne demande pas d'autre corps que le drapeau où elle est écrite. Dans les armoiries ou sur la tombe d'un magistrat, la figure de l'équerre ou celle de l'aplomb, symbole de la rectitude, n'aurait pas besoin de légende. Le cachet de Pompée n'en avait point; l'image du lion tenant une épée était parlante.

Les devises ne sont plus guère en usage que sur les médailles et les jetons. Les médailles sont bonnes à constater les faits et les époques. Les jetons ne sont bons à rien, qu'à servir de signes numériques à certains jeux, et à marquer, durant la partie, les alternatives de la perte et du gain. Parmi les vieux jetons qui roulent pêlemêle sur les tables de jeu, il y en avait un qui représentait un vaisseau les voiles déployées, avec ces mots, Nescit moras. Or, il advint qu'un M. de Moras fut ministre de la marine, à laquelle il n'entendait rien alors le vieux jeton, Nescit mòras, fut remarqué; et tout le monde, jusqu'aux femmes, croyait entendre ce latin.

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DIALOGUE philosophique ou littéraire. C'est un grand bien que de s'amuser; c'en est un plus grand de s'instruire. La lecture, qui réunit ces deux avantages, ressemble à un fruit délicieux

et nourrissant à la fois. Telle est la perfection du dialogue philosophique ou littéraire. Il n'est personne qui, après avoir lu ceux des dialogues de Platon où se peint l'ame de Socrate, ne se sente plus de respect et plus d'amour pour la vertu : il n'est personne qui, après avoir lu les dialogues de Cicéron sur l'art oratoire, n'ait de l'éloquence une idée plus haute, plus étendue, plus lumineuse et plus féconde. Ainsi le dialogue, quand il n'est pas oiseux, a pour objet un résultat, ou de sentiment, ou d'idée. Celui qui n'est qu'un jeu d'esprit, un choc d'opinions, d'où jaillissent des étincelles, mais qui ne laisse à la fin qu'incertitude et obscurité, n'est pas ce qu'on doit appeler le dialogue philosophique, c'est le dialogue sophistique.

Il n'y a rien de plus aisé que de soutenir des paradoxes par des sophismes, que de donner à des choses éloignées et dissemblables une apparence de rapport, et de paraître ainsi rapprocher les s extrêmes et assimiler les contraires. Mais cette manière de rendre l'esprit subtil, est une manière encore plus sûre de le rendre faux et louche. L'art de bien décocher la flèche, c'est d'atteindre le but. Or, ici le but est la vérité; et la vérité n'est qu'un point. Quand j'aurai vu les deux archers vider leurs carquois sans y atteindre, que dirai-je de leur adresse et de leur force à tirer en l'air? Que m'aura laissé le dialogue le plus subtil, le plus alambiqué? Le doute, ou de faus

grands hommes ont eu leur faible: celui de Montesquieu, en écrivant sur les Romains, fut d'être un peu trop sénateur.

DIALOGUE POÉTIQUE. Quoique toute espèce de dialague soit une scène, il ne s'ensuit pas que tout dialogue soit dramatique. Aristote a rangé dans la classe des poésies épiques les dialogues de Platon; sur quoi Dacier se fait cette difficulté: « Ces dialogues ne ressemblent-ils pas plutôt au poème dramatique qu'au poème épique? Non sans doute, répond Dacier lui-même. » Et dans un autre endroit, oubliant sa décision et celle d'Aristote, il nous assure que les dialogues de Platon sont des dialogues purement dramatiques. Si l'on s'entendait bien soi-même, on ne se contredirait pas.

Le dialogue épique ou dramatique a pour objet une action; le dialogue philosophique a pour objet une vérité. Ceux des dialogues de Platon qui ne font que développer la doctrine de Socrate, sont des dialogues philosophiques; ceux qui contiennent son histoire, depuis son apologie jusqu'à sa mort, sont mêlés d'épique et de dramatique.

Il y a une sorte de dialogue dramatique où l'on imite une situation plutôt qu'une action de la vie il commence où l'on veut, dure tant · qu'on veut, finit quand on veut : c'est du mou

vement sans progression, et par conséquent le moins intéressant de tous les dialogues. Telles sont les églogues en général, et particulièrement celles de Virgile, admirables d'ailleurs par la naïveté du sentiment et le coloris des images.

Non - seulement le dialogue en est sans objet, mais il est aussi quelquefois sans suite. On peut dire, en faveur de ces pastorales, qu'un dialogue sans suite peint mieux un entretien de bergers; mais l'art, en imitant la nature, a pour but d'occuper agréablement l'esprit en intéressant l'ame : or ni l'ame, ni l'esprit ne peut s'accommoder de ces propos alternatifs, qui, détachés l'un de l'autre, ne se terminent à rien. Qu'on se rappelle l'entretien de Mélibée avec Tityre, dans la première des Bucoliques de Virgile.

MÉL. Tityre, vous jouissez d'un plein repos.
TIT. C'est un dieu qui me l'a procuré.
MÉL. Quel est ce dieu bienfaisant?

TIT. Insensé, je comparais Rome à notre petite ville.

MÉL. Et quel motif si pressant vous a conduit à Rome?

TIT. Le désir de la liberté, etc.

On ne peut se dissimuler que Tityre ne répond point à cette question de Mélibée : Quel est ce Dieu ? C'est là qu'il devrait dire: Je l'ai vu à Rome, ce jeune héros pour qui nos autels fument douze fois l'an.

MÉL. A Rome! et qui vous y a conduit?

Élém. de Littér. II.

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TIT: Le désir de la liberté.

L'on avouera que ce dialogue serait plus dans l'ordre de nos idées, et n'en serait pas moins dans le naturel et la naïveté d'un berger.

Mais c'est surtout dans la poésie dramatique que le dialogue doit tendre à son but. Un personnage qui, dans une situation intéressante, s'arrête à dire de belles choses qui ne vont point au fait, ressemble à une mère qui, cherchant son fils dans les campagnes, s'amuserait à cueillir des fleurs.

Gette règle, qui n'a point d'exception réelle, en a quelques-unes en apparence: il est des scènes où ce que dit l'un des personnages n'est pas ce qui occupe l'autre ; celui-ci, plein de son objet, ou ne répond point, ou ne répond qu'à son idée. On flatte Armide sur sa beauté, sur sa jeunesse, sur le pouvoir de ses enchantements; rien de tout cela ne dissipe la rêverie où elle est plongée. On lui parle de ses triomphes et des captifs qu'elle a faits ce mot seul touche à l'endroit sensible de son ame; sa passion se réveille et rompt le silence:

Je ne triomphe pas du plus vaillant de tous.

Mérope entend, sans l'écouter, tout ce qu'on lui dit de ses prospérités et de sa gloire. Elle avait un fils, elle l'a perdu, elle l'attend; ce sentiment seul l'intéresse:

Quoi, Narbas ne vient point! reverrai-je mon fils?

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