Obrazy na stronie
PDF
ePub

Le jésuite Rapin, qui faisait peu de cas de Molière, disait: Il est aisé de lier une intrigue, c'est l'ouvrage de l'imagination; mais le dénouement est l'ouvrage tout pur du jugement. Ah! père Rapin, donnez-nous-en donc des intrigues comiques bien liées, c'est ce qui nous manque, et les dénouera qui pourra.

Lorsque le dénouement comique est adroit et bien amené, c'est une beauté de plus sans doute, et une beauté d'autant plus précieuse, qu'elle couronne toutes les autres. Mais Molière a pensé comme les anciens, qu'après avoir instruit et amusé pendant deux heures; qu'après avoir bien châtié ou le vice ou le ridicule, en exposant l'un et l'autre au mépris et à la risée des spectateurs, la façon plus ou moins adroite et naturelle de terminer l'action comique, n'en devait pas décider le succès ; et qu'un père, un onele, tombé des nues à la fin de la comédie de l'Avare ou de l'École des femmes, suffirait pour la dénouer. Il faut, s'il est possible, faire mieux que Molière dans cette partie, ou plutôt faire comme lui lorsqu'il a fait mieux que personne, mais ne pas attacher au tour d'adresse d'un dénouement comique, un mérite comparable à celui de l'intrigue ou du Tartufe ou de l'Avare. Voyez INTRIGUE, RÉVOLUTION.

DESCRIPTIF. Ce qu'on appelle aujourd'hui en poésie le genre descriptif, n'était pas connu des

anciens. C'est une invention moderne, que n'approuvent guère, à ce qu'il me semble, ni la raison, ni le goût.

Dans l'épopée, en racontant, il est naturel que que le poète décrive. Le lieu, le temps, les circonstances qui accompagnent l'action, et les accidents qui s'y mêlent, sont autant de sujets de descriptions; et comme le poète est peintre, son récit n'est lui-même qu'une description variée. L'action de l'épopée n'est qu'un vaste tableau.

Dans le poème didactique, les préceptes ou les conseils roulent sur des objets qu'il faut exposer, définir, analyser; or, en poésie, exposer, définir, analyser, c'est décrire ou peindre la raison même du poète est presque toujours colorée par son imagination; sa plume est un pinceau. Voyez DESCRIPtion.

La poésie dramatique elle-même donne lieu aux descriptions, toutes les fois que l'acteur qui parle est vivement ému de l'objet qui l'occupe, et qu'il veut le rendre sensible et comine présent à l'esprit de l'interlocuteur.

Enfin, dans tous les genres analogues à ces trois genres primitifs, dans l'élégie, l'ode, l'idylle, l'épître même, la description peut trouver place. Mais qu'un poème sans objet, sans dessein, soit une suite de descriptions que rien n'amène; que le poète, en regardant autour de lui, décrive tout ce qui se présente, pour le seul plaisir de décrire ;

s'il ne se lasse pas lui-même, il peut être assuré de lasser bientôt ses lecteurs.

L'imitation poétique est l'art de faire avec plus d'agrément ce qui se fait dans la nature. Or il arrive à tous les hommes de décrire en parlant, pour rendre plus sensibles les objets qui les intéressent; et la description est liée avec un récit qui l'amène, avec une intention d'instruire ou de persuader, avec un intérêt qui lui sert de motif. Mais ce qui n'arrive à personne, dans aucune situation, c'est de décrire pour décrire, et de décrire encore après avoir décrit, en passant d'un objet à l'autre, sans autre cause que la mobilité du regard et de la pensée ; et comme en nous disant : « Vous venez de voir la tempête; vous allez voir le calme et la sérénité ».

Qu'on demande aux poètes didactiques quel est leur dessein, l'un répondra, C'est de détruire la superstition, et de tout expliquer dans la nature par le mouvement des atomes; l'autre, C'est d'inspirer de l'estime et du goût pour les travaux rustiques, et de les ennoblir en les développant; l'autre, C'est de faire aimer la campagne à cette foule oisive et ennuyée des riches habitants des villes; l'autre, C'est de graver plus nettement dans les esprits les leçons de l'art que j'enseigne, etc. Mais qu'on demande au poète descriptif, à l'auteur, par exemple, des plaisirs de l'Imagination, quel est le but qu'il se propose; il répondra : C'est de rêver, et de vous décrire.

mes songes. Or un volume de rêves ne saurait être intéressant. Que si vous voulez parcourir le vaste champ de l'imagination, parlez-nous de ses influences vous aurez des vérités morales et politiques à faire entendre; vos tableaux en seront le développement. Vous aurez décrit pour instruire; et, comme Pope, vous n'aurez fait qu'animer la raison et que colorer la pensée.

Toute composition raisonnable doit former un ensemble, un tout, dont les parties soient liées, dont le milieu réponde au commencement, et la fin au milieu : c'est le précepte d'Aristote et d'Horace. Or dans le poème descriptif, nul ensemble, nul ordre, nulle correspondance : il y a des beautés, je le crois, mais des beautés qui se détruisent par leur succession monotone ou leur discordant assemblage. Chacune de ces descriptions plairait si elle était seule; elle ressemblerait du moins à un tableau de paysage. Mais cent descriptions de suite ne ressemblent qu'à un rouleau où les études de Vernet seraient collées l'une à l'autre. Et en effet, un poème descriptif ne peut être considéré que comme le recueil des études d'un poète qui exerce ses crayons, et qui se prépare à jeter dans un ouvrage régulier et complet les richesses et les beautés d'un style pittoresque et harmonieux.

DESCRIPTION. Boileau a dit: Virgile peint, et

le Tasse décrit. Certes, décrire comme le Tasse, c'est mériter le nom de peintre.

En poésie et en éloquence la description ne se borne pas à caractériser son objet; elle en présente le tableau dans ses détails les plus intéressants et avec les couleurs les plus vives. Si la description ne met pas son objet comme sous les yeux, elle n'est ni oratoire, ni poétique : les bons historiens eux-mêmes, comme Tite-Live et Tacite, en ont fait des tableaux vivants; et soit qu'on parle du combat des Horaces ou du convoi de Germanicus, on dira qu'il est peint, comme on dira qu'il est décrit.

Mais les descriptions du poète seront encore plus animées; et comme il est plus libre dans sa composition, c'est surtout à lui de choisir l'objet, le point de vue, le moment favorable, les traits les plus intéressants, et les constrastes qui peuvent rendre son objet plus sensible encore.

Le choix de l'objet doit se régler sur l'intention du poète. Le tableau doit-il être gracieux ou sombre, pathétique ou riant? Cela dépend de la place qu'il lui destine, et de l'effet qu'il en attend.

Omnia consiliis prævisa animoque volenti. (VIDA.)

Le point de vue est relatif de l'objet au spectateur : l'aspect de l'un, la situation de l'autre, concourent à rendre la description plus ou moins intéressante; mais ce qu'il est important de re

« PoprzedniaDalej »