livra un combat contre les pirates normands, dont le récit se trouve dans Guillaume de Jumièges. Damps a beaucoup perdu de son importance depuis lors et son port a été comblé peu à peu par les alluvions du fleuve et de son affluent. Cependant sa situation à l'embouchure de l'Eure, qui coule en cet endroit du sud-est au nord-ouest en traçant la corde d'un des arcs que la Seine décrit dans son cours sinueux, lui a toujours assuré, au point de vue stratégique, une importance que le combat de Cocherel, livré à peu de distance, suffirait à démontrer. On s'explique donc que ce lieu ait été fort anciennement habité.

Les objets, recueillis dans la découverte signalée par M. de Vesly, consistaient en :

1o Un torques ou collier formé d'un fil de bronze avec fermoir, malheureusement brisé, mesurant om, 175 de diamètre intérieur;

2° Un bracelet de o", 10 de diamètre intérieur, placé aux jambes et un fragment d'un autre semblable. Sa face interne est lisse, tandis que la face vue est ornée de perles, exécutées avec finesse et régularité.

3o Trois bracelets (dont un fragmenté) de même dessin que les précédents. Le diamètre intérieur de ces bijoux, trouvés aux bras, mesure om,058.

Aucune arme n'a été trouvée aux environs du squelette, lequel, ainsi que le mobilier funéraire, était très bien conservé.

M. l'abbé GUICHARD, curé de Pupillin (Jura), rend compte au Congrès des fouilles archéologiques entreprises par lui dans diverses localités de son département.

Les recherches qu'il a poursuivies, de 1886 à 1889, sur le territoire de Pupillin, ont amené la découverte d'un vaste bâtiment central, entouré de plusieurs habitations d'apparence plus modeste, qui semblent avoir été des maisons de ferme, dépendant de l'édifice principal. Parmi les décombres ont été relevés bon nombre d'objets antiques, tels que poteries, médailles, fibules et autres objets de toilette, des pots à couleurs, et surtout une très intéressante statuette en bronze du dieu gaulois au maillet, qui se trouve actuellement au Musée de Saint-Germain. La même localité a fourni une véritable collection de médailles allant de César à Constantin, ainsi qu'une petite statuette de Vénus, en plomb.

M. l'abbé Guichard a reconnu l'existence, dans le voisinage de Grozon (Jura), d'un cimetière franc ou burgonde, mais il n'a pu jusqu'ici visiter que sept sarcophages en pierre tendre, contenant des squelettes

vernissée. Il regrette que la loi sur les trouvailles archéologiques ne soit pas mieux appliquée, car cette série de vases antiques aurait enrichi fort heureusement le Musée de Cherchel.

M. Édouard FORESTIE, secrétaire de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, communique un curieux inventaire du château de Salvagnac (Tarn) qu'il a extrait d'une liasse de pièces de procédure, conservées aux archives de cette société. Cet inventaire date de 1606; il fut fait à la suite de l'assassinat de messire Jacques de Voisins, vicomte et seigneur de Monclarc, Mondurausse, Salvagnac, etc., qui fut << assaziné et murtry » dans ses bois par les affidés d'un de ses voisins, le baron de Rivières, avec lequel il avait eu sans doute des démêlés pendant les guerres de la Ligue.

Cet inventaire d'un château du Midi, à la fin du xvIe siècle, est intéressant par la description du mobilier et surtout par le catalogue des quelques livres, que possédait Jacques de Voisins. Sa bibliothèque contenait des livres de fauconnerie, des livres de raison, les Essais de Montaigne, les Commentaires de Montluc, etc. Enfin, l'inventaire donne l'énumération de la garde-robe du vicomte avec le nom des étoffes; il contient aussi quelques détails à noter sur les armes que possédait le château et le nombre d'animaux qui garnissaient les étables des métairies.

La séance est levée à onze heures et demie.

Le Secrétaire de la Section d'archéologie,

R. DE LASTEYRIE,

Membre du Comité.