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ment un couteau; on a réussi à défigurer le texte encore davantage par de fausses corrections. C'est donc l'examen attentif de la pierre qui peut seul donner la certitude au sujet de certains caractères et permettre de distinguer sous les surcharges modernes les traits ou les restes de traits de la gravure antique.

Voici la copie que l'étude du moulage m'autorise à présenter, sous toutes réserves. La marge de la pierre est ébréchée à gauche dans sa partie supérieure de sorte qu'il manque actuellement deux lettres au commencement de la première ligne et une lettre au commencement de la seconde ligne et de la troisième :

MATERNA · M

· ON VOLWTAE
аED IVIAIOSTA
SIG LIBERI PAR'S

P.SECVNDIVS

BITIO DEDII V

[Ex] materna..... voluntate [a]ed(em) ou [a]ed(iculam)....... sig(num) Liberi patris P(ublius) Secundius Bitho dedit [m(erito)].

Il reste encore des obscurités mais le sens général que j'indique est conforme aux habitudes de l'épigraphie romaine. Pour accomplir la volonté de sa mère (?) P. Secundius Bitho a fait construire une chapelle et y a placé une statue de Bacchus (Liber Pater). - On possède un certain nombre de textes analogues.

Je ne crois pas à la lecture STA(nneum) à la troisième ligne du texte. L'adjectif devrait suivre le mot signum et non le précéder; d'ailleurs l'abréviation STA serait insolite et, de plus, une statue d'étain aurait constitué une offrande singulière. Le signum est qualifié tantôt aereum, tantôt argenteum; quand aucune qualification n'est jointe au mot signum, c'est que la statue était en marbre ou en pierre. J'aimerais mieux voir à la fin de la troisième ligne le mot OSTIA par analogie avec cette mention relevée dans une inscription d'Antium: aedem lapide quadrato et ostia (1). Il n'y a aucune raison pour lire divino somnio et il est certain que le nom du dédicant est au nominatif. Le gentilice SECVNDIVS est très lisible. Le barbare qui a altéré le texte avec une pointe de couteau a dénaturé le cognomen du dédicant qui devait être BITHO, les lettres TH étant liées; il en a fait FILIO.

(1) Corpus inscr. latin., t. X, no 6679.

Les inscriptions romaines du pays des Gabales sont particulièrement rares. Il faut remercier M. Fr. Germer-Durand d'avoir signalé au Comité l'autel de Quintignac qui paraît remonter à la fin du er siècle de notre ère ou au commencement du 11° (1).

Ant. HÉRON DE VILLEFOSSE,
membre du Comité.

() Sur les inscriptions des Gabales, voir Comptes rendus de l'Académie des inscriptions, 4• série, t. III, p. 112; Bulletin de la Soc. des Antiq. de France, 1883, p. 236; 1886, p. 147 à 149; 1890, p. 85 à 86; Revue épigraphique du Midi de la France, t. I, p. 170, no 200; p. 221, no 250; t. III, p. 39 à 42, no 828.

TABLETTE DE BRONZE

PORTANT UNE DÉDICACE AU DIEU ARAUSIO

Communication de M. Héron de Villefosse.

En 1886, le Comité me désigna pour lui présenter un rapport sur une découverte faite a Apt (Vaucluse) (1). La pièce la plus importante de cette trouvaille était une lampe en bronze, à deux becs, accompagnée d'une tablette également en bronze et portant une dédicace au Génie de la colonie d'Apt. A cette occasion je signalai au Comité d'autres lampes avec des tablettes votives analogues.

Le numéro du Bullettino della Commissione archeologica di Roma que je viens de recevoir (luglio-settembre) (2) contient un article de la comtesse Ersilia Lovatelli, relatif à une inscription qui me parait bonne à rapprocher de celles que j'ai déjà signalées dans le rapport en question; de plus, cette inscription a pour notre Comité un intérêt particulier. Elle est gravée sur une tablette de bronze, de petites dimensions, munie de deux ailerons et percée d'un trou à la partie supérieure. Le texte très court est ainsi conçu :

ARAVSIONI

L KAREIVS VITALIS

Il s'agit évidemment d'une dédicace faite par Lucius Kareius Vitalis au dieu Arausio, dieu topique, protecteur particulier de la ville d'Orange et portant le même nom qu'elle.

Sans parler des Matrae, des Nymphes et du dieu Mars dont les autels, dans toute la Provence, portent des épithètes rappelant la plupart du temps un nom géographique, il est bon de faire

(") Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques, 1886, p. 249 à 252.

(2) Anno XIX, p. 245 et suiv., avec un fac-similé sur la planche IX, I.

observer que précisément deux grandes villes, voisines d'Orange, Nimes et Vaison, avaient aussi dans l'antiquité, comme patrons religieux, les dieux Nemausus et Vasio (1). Il paraît donc tout naturel de rencontrer une mention du dieu Arausio.

Le personnage qui a fait la dédicace devait être originaire d'Orange. Le gentilice Kareius se lit en effet sur des inscriptions romaines, à Saint-Gabriel près d'Arles, à Montmort près de Die, à Nimes, à Gailhan, à Valréas, c'est-à-dire dans toute la région voisine (2).

Je vais plus loin. Je croirais assez volontiers que L(ucius) Kareius Vitalis habitait Orange; c'est dans cette ville même qu'il a dû consacrer au dieu Arausio l'ex-voto auquel cette tablette était attachée. Ce petit monument rentre, en effet, dans la catégorie des objets facilement transportables et qui s'égarent souvent loin de leur lieu d'origine. L'auteur de l'article du Bullettino ignore sa provenance exacte; il sait seulement qu'il est entré dans la collection du commandeur Carlo-Lodovico Visconti. Mais d'où venait-il? et par quelles mains avait-il passé avant d'y arriver? c'est ce qu'on ne dit pas.

Une lampe en bronze avec une inscription votive analogue, trouvée à Lyon en 1525, était bien conservée au xvir siècle dans le cabinet d'un amateur italien, Francesco Angeloni. Pourquoi n'admettrait-on pas que cette petite tablette de bronze, sans état civil régulier, a été transportée de Gaule en Italie à une époque qu'il est difficile de préciser?

Si on ne peut fixer l'époque de la translation, du moins il est impossible de nier les relations fréquentes établies entre Provençaux et Italiens depuis l'installation des papes dans le comtat Venaissin. La partie de la vallée du Rhône où sont situées les villes d'Avignon et d'Orange était plus que toute autre région de la France en contact avec l'Italie.

D'ailleurs je ne comprends pas un ex-voto de ce genre consacré à une divinité topique loin du temple où cette divinité était honorée. La tablette en question accompagnait un ustensile ou une figurine en bronze qui ne pouvait avoir été placé par le dédicant que dans l'édifice où le dieu Arausio était invoqué et où il recevait les hommages de ses dévots. Or cet édifice ne pouvait être qu'à Orange.

(1) Voir le Corpus'inscr. latin., t. XII, à la table.

(*) Cf. ibidem,

Jusqu'à preuve contraire je crois donc que la petite tablette de bronze signalée par la comtesse Ersilia Lovatelli appartient à la Gaule et que le texte qu'elle porte doit prendre place parmi les inscriptions d'ailleurs trop peu nombreuses trouvées à Orange ou dans les environs immédiats de cette ville.

Ant. HÉRON DE Villefosse,

membre du Comité.

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