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OE DI PE.

Je le fuis par le crime.

JO CAST E.

Il eft involontaire.

OED IP E.

N'importe, il eft commis.

JO CAST E.

O comble de mifère !

OE DI PE.

O trop funefte hymen ! ô feux jadis fi doux !

JOCAST E.

Ils ne font point éteints; vous êtes mon époux.

OE DIP E.

Non, je ne le fuis plus ; & ma main ennemie
N'a que trop bien rompu le faint noeud qui nous lie.

Je remplis ces climats du malheur qui me suit.
Redoutez-moi, craignez le Dieu qui me pourfuit;
Ma timide vertu ne fert qu'à me confondre,
Et de moi déformais je ne puis plus répondre.
Peut-être de ce Dieu partageant le courroux,
L'horreur de mon deftin s'étendra jufqu'à vous.
Ayez du moins pitié de tant d'autres victimes;
Frapez, ne craignez rien, vous m'épargnez des crimes.

JO CASTE.

Ne vous accufez point d'un deftin fi cruel;
Vous êtes malheureux, & non pas criminel.

Dans ce fatal combat que Daulis vous vit rendre,
Vous ignoriez quel fang vos mains allaient répandre;
Et fans trop rapeller cet affreux fouvenir,

Théatre. Tom. I.

F

Je

Je ne puis que me plaindre, & non pas vous punir.

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Moi que je vive!'il faut que je vous fuie.
Hélas! où traînerai-je une mourante vie?
Sur quels bords malheureux, dans quels triftes climats
Enfevelir l'horreur, qui s'attache à mes pas ?
Irai-je errant encor, & me fuyant moi-même,
Mériter par le meurtre un nouveau diadême ?
Irai-je dans Corinthe, où mon triste destin

A des crimes plus grands réserve encor ma main?
Corinthe, que jamais ta déteftable rive...

SCENE

IV.

DIPE, JOCASTE, DIMAS.

S Eigneur,

DIMAS.

Eigneur, en ce moment, un étranger arrive; Il fe dit de Corinthe, & demande à vous voir.

OE DI PE.

Allons, dans un moment je vai le recevoir.

à Jocafte.

Adieu; que de vos pleurs la fource fe diffipe. Vous ne reverrez plus l'inconfolable Oedipe : C'en eft fait, j'ai régné, vous n'avez plus d'époux; En ceffant d'être roi, je ceffe d'être à vous. Je pars je vai chercher dans ma douleur mortelle, Des païs où ma main ne foit point criminelle; Et vivant loin de vous, fans états, mais en roi, Juftifier les pleurs, que vous versez pour moi.

Fin du quatriéme acte.

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ACTE

ACTE V.

SCENE

PREMIERE.

DIPE, ARASPE, DIMAS, fuite.

OE DI PE.

FIniffez vos regrets, & retenez vos larmes.

Vous plaignez moǹ exil, il a pour moi des charmes.
Ma fuite à vos malheurs affûre un promt fecours,
En perdant votre roi vous confervez vos jours.
Du fort de tout ce peuple il eft tems que j'ordonne.
J'ai fauvé cet empire en arrivant au trône;
J'en defcendrai du moins comme j'y fuis monté;:
Ma gloire me suivra dans mon adversité.
Mon deftin fut toujours de vous rendre la vie :
Je quitte mes enfans, mon trône, ma patrie:
Ecoutez-moi du moins pour la dernière fois ;
Puifqu'il vous faut un roi, confultez-en mon choix.
Philoctete eft puiffant, vertueux, intrépide;
Un monarque eft fon père (*), il fut l'ami d'Alcide
Que je parte, & qu'il règne. Allez chercher Phorbas,
Qu'il paraiffe à mes yeux, qu'il ne me craigne pas.
Il faut de mes bontés lui laiffer quelque marquè,
Et defcendre du moins de mon trône en monarque.
Que l'on faffe approcher l'étranger devant moi.
Vous, demeurez.

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SCENE

(*) Il était fils du roi d'Eubéc, aujourd'hui Négrepont.

SCENE I I.

DIPE, ARASPE, ICARE, fuite.

I Care,

OE DI PE.

Care, eft-ce vous que je voi?

Vous de mes premiers ans fage dépofitaire,
Vous digne favori de Polibe mon père?
Quel fujet important vous conduit parmi nous ?

I CARE.

Seigneur, Polibe eft mort.

Mon père...

OE DIP E.

Ah! que m'apprenez-vous ?

I CARE.

A fon trépas vous deviez vous attendre.
Dans la nuit du tombeau les ans l'ont fait descendre;
Ses jours étaient remplis, il eft mort à mes yeux.
OE DI PE.

Qu'êtes-vous devenus, oracles de nos dieux!
Vous, qui faifiez trembler ma vertu trop timide,
Vous, qui me prépariez l'horreur d'un parricide?
Mon père eft chez les morts, & vous m'avez trompé
Malgré vous dans fon fang mes mains n'ont point trempé.
Ainfi de mon erreur esclave volontaire,

Occupé d'écarter un mal imaginaire,

J'abandonnais ma vie à des malheurs certains,
Trop crédule artifan de mes tristes deftins.

O ciel! & quel eft donc l'excès de ma mifère !

Si le trépas des miens me devient néceffaire,

Si trouvant dans leur perte un bonheur odieux,
Pour moi la mort d'un père est un bienfait des dieux ?
Allons, il faut partir; il faut que je m'acquite

Des funèbres tributs que fa cendre mérite.

Partons: vous vous taisez, je vois vos pleurs couler; Que ce filence...

I CARE.

O ciel! oferai-je parler?

OE DIP E.

Vous refte-t-il encor des malheurs à m'apprendre?
I CARE.

Un moment fans témoins daignerez-vous m'entendre?
OE DI PE à fa fuite.

Allez, retirez-vous... Que va-t-il m'annoncer?
I CARE.

A Corinthe, feigneur, il ne faut plus penser.
Si vous y paraiffez, votre mort eft jurée.

OE DI PE.

Eh! qui de mes états me défendrait l'entrée ?

I CARE.

Du fceptre de Polibe un autre eft l'héritier.

OE DI PE.

Eft-ce affez? & ce trait fera-t-il le dernier ?
Pourfuis, destin, pourfuis, tu ne pourras m'abattre..
Eh bien, j'allais régner; Icare, allons combattre.
A mes lâches fujets courons me présenter.
Parmi ces malheureux promts à fe révolter,
Je puis trouver du moins un trépas honorable.
Mourant chez les Thébains je mourrais en coupable.
F 3

Je

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