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S CLENE PREMIERE. poor got ebon sup dov m D

JOCHA S TE, EGIN E.

•JO CASTE.

Ui, j'attens Philoftète, & je veux qu'en ces lieux Pour la dernière fois il paraiffe à mes yeux.

EGINE.

Madame, vous favez, jufqu'à quelle infolence
Le peuple a de fes cris fait monter la licence.
Ces Thébains, que la mort affiège à tout moment;
N'attendent leur falut que de fon châtiment.
Vieillards, femmes, enfans, que leur malheur accable;
Tous font intéreffés à le trouver coupable;

Vous entendez d'ici leurs cris féditieux,

Ils demandent fon fang de la part de nos dieux.
Pourrez-vous réfifter à tant de violence?
Pourrez-vous le fervir & prendre fa défense?
JO CAST E.

Moi! fi je la prendrai ? duffent tous les Thébains
Porter jufques fur moi leurs parricides mains,
Sous ces murs tout fumans duffai-je être écrasée,
Je ne trahirai point l'innocence accufée.

Mais une jufte crainte occupe mes efprits.
Mon cœur de ce héros fut autrefois épris;
On le fait; on dira, que je lui facrifie

Ma

Ma gloire, mes époux, mes dieux & ma patrie,
Que mon cœur brûle encor.

EGINE.

Ah! calmez cet effroi ;

Cet amour malheureux n'eut de témoin que moi,

Et jamais....

JO CAST E.

Que dis-tu? crois - tu qu'une princeffe
Puiffe jamais cacher fa haine ou fa tendreffe?
Des courtisans fur nous les inquiets regards
Avec avidité tombent de toutes parts:

A travers les refpects, leurs trompeufes foupleffes
Pénètrent dans nos cœurs, & cherchent nos faibleffes:
A leur malignité rien n'échape & ne fuit;

Un feul mot, un foupir, un coup d'œil nous trahit;
Tout parle contre nous, jusqu'à notre filence :
Et quand leur artifice & leur perfévérance,
Ont enfin, malgré nous arraché nos fecrets,
Alors avec éclat leurs difcours indifcrets,
Portant fur notre vie une trifte lumière,
Vont de nos paffions remplir la terre entière.

EGIN E.

Eh! qu'avez-vous, madame, à craindre de leurs coups?
Quels regards fi perçans font dangereux pour vous?
Quel fecret pénétré peut flétrir votre gloire?
Si l'on fait votre amour, on fait votre victoire,
On fait que la vertu fut toujours votre appui.
JOCAST E.

Et c'est cette vertu qui me trouble aujourd'hui.
Peut-être à m'accufer toujours promte & févère,

Je

Je porte fur moi-même un regard trop austère :
Peut-être je me juge avec trop de rigueur;
Mais enfin Philoctète a régné sur mon cœur.
Dans ce cœur malheureux fon image est tracée;
La vertu ni le tems ne l'ont point effacée.
Que dis-je ? Je ne fais, quand je sauve ses jours,
Si la feule équité m'appelle à fon fecours.
Ma pitié me parait trop sensible & trop tendre;
Je sens trembler mon bras tout prêt à le défendre.
Je me reproche enfin mes bontés & mes foins;
Je le fervirais mieux, fi je l'euffe aimé moins.
EGINE.

Mais voulez-vous qu'il parte?

JOCAST E.

Oui, je le veux fans doute :

C'eft ma feule efpérance; & pour peu qu'il m'écoute,
Pour peu que ma prière ait fur lui de pouvoir,
Il faut qu'il fe prépare à ne me plus revoir :
De ces funeftes lieux qu'il s'écarte, qu'il fuye,
Qu'il fauve en s'éloignant & ma gloire & fa vie :
Mais qui peut l'arrêter? il devrait être ici :
Chère Egine, va, cours.

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Dans le mortel effroi dont mon ame est émuë,
Je ne m'excufe point de chercher votre vuë;
Mon devoir, il eft vrai, m'ordonne de vous fuir,
Je dois vous oublier, & non pas vous trahir;
Je crois que vous favez le fort qu'on vous apprête.
PHILOC TETE.

Un vain peuple en tumulte a demandé ma tête :
Il fouffre, il eft injufte, il faut lui pardonner.
JOCAST E.

Gardez à fes fureurs de vous abandonner.
Partez, de votre fort vous êtes encor maître;
Mais ce moment, feigneur, eft le dernier, peut-être,
Où je puis vous fauver d'un indigne trèpas.
Fuyez, & loin de moi précipitant vos pas,
Pour prix de votre vie heureusement sauvée,
Oubliez que c'est moi qui vous l'ai conservée.
PHILO CTETE.

Daignez montrer, madame, à mon cœur agité
Moins de compaffion, & plus de fermeté;
Préférez comme moi mon honneur à ma vie,
Commandez que je meure, & non pas que je fuie,
Et ne me forcez point, quand je fuis innocent,
A devenir coupable en vous obéïffant.

Des biens que m'a ravis la colère céleste,
Ma gloire, mon honneur eft le feul qui me refte;
Ne m'ôtez pas ce bien dont je fuis fi jaloux,
Et ne m'ordonnez pas d'être indigne de vous.
J'ai vécu, j'ai rempli ma trifte destinée,
Madame, à votre époux ma parole eft donnée;
Quelque indigne foupçon qu'il ait conçu de moi,

...

Je

Je ne fais point encor comme on manque de foi.
JOCAST E.

Seigneur, au nom des dieux, au nom de cette flâme,
Dont la trifte Jocafte avait touché votre ame,
Si d'une fi parfaite & fi tendre amitié
Vous confervez encor un refte de pitié,

Enfin s'il vous fouvient, que promis l'un à l'autre,
Autrefois mon bonheur a dépendu du vôtre,
Daignez fauver des jours de gloire environnés,
Des jours à qui les miens ont été destinés.

PHILO CTET E.

Je vous les confacrai, je veux que leur carrière;
De vous, de vos vertus, foit digne toute entière.
J'ai vécu loin de vous; mais mon fort eft trop beau,
Si j'emporte en mourant votre eftime au tombeau.
Qui fait même, qui fait, fi d'un regard propice
Le ciel ne verra point ce fanglant facrifice?
Qui fait, fi fa clémence au fein de vos états,
Pour m'immoler à vous, n'a point conduit mes pas ?
Peut-être il me devait cette grace infinie,

De conferver vos jours aux dépens de ma vie.
Peut-être d'un fang pur il peut fe contenter,

Et le mien vaut du moins qu'il daigne l'accepter.

SCENE

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