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Ce Céfar, que tu hais, les voulait pour toi-même. Je voulais partager, avec Octave & toi,

Le prix de cent combats, & le titre de roi.

Ah! Dieux !

BRUTUS.

CESAR.

Tu veux parler, & te retiens à peine? Ces tranfports font-ils donc de tendreffe ou de haine? Quel eft donc le fecret qui femble t'accabler?

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Tu n'ofes me nommer du tendre nom de père?

BRUTU S.

Si tu l'es, je te fais une unique prière.

CESAR.

Parle. En te l'accordant, je croirai tout gagner.
BRUTU s.

Fai-moi mourir fur l'heure, ou ceffe de régner.
CESAR.

Ah! barbare ennemi, tigre que je careffe!
Ah! cœur dénaturé qu'endurcit ma tendreffe!
Va, tu n'es plus mon fils. Va, cruel citoyen,
Mon cœur défefpéré prend l'exemple du tien;
Ce cœur, à qui tu fais cette effroyable injure,
Saura bien comme toi vaincre enfin la nature.
Va, Céfar n'eft pas fait pour te prier en vain ;

J'appren

J'apprendrai de Brutus à ceffer d'être humain.

Je ne te connais plus. Libre dans ma puiffance,
Je n'écouterai plus uue injuste clémence.

Tranquille, à mon courroux je vai m'abandonner;
Mon cœur trop indulgent eft las de pardonner.
J'imiterai Sylla, mais dans ses violences;

Vous tremblerez, ingrats, au bruit de mes vengeances.
Va, cruel, va trouver tes indignes amis.
Tous m'ont ofé déplaire, ils feront tous punis.
On fait ce que je puis, on verra ce que j'ose:
Je deviendrai barbare, & toi seul en es cause.
BRUTU S.

Ah! ne le quittons point dans fes cruels deffeins;
Et fauvons, s'il fe peut, Céfar & les Romains,

Fin du fecond afte

ACTE

ACTE III.
АСТЕ

SCENE PREMIER E.

CASSIUS, CIMBER, DECIME, CINNA; CASCA, les conjurés.

CASSIUS.

ENfin donc l'heure approche, où Rome va renaître.

La maîtreffe du monde eft aujourd'hui fans maître.
L'honneur en eft à vous, Cimber, Cafca, Probus,
Décime. Encore une heure, & le tyran n'est plus.
Ce que n'ont pû Caton, & Pompée, & l'Afie,
Nous feuls l'exécutons, nous vengeons la patrie;
Et je veux qu'en ce jour on dife à l'univers,
Mortels, respectez Rome, elle n'est plus aux fers..

CIMBER.

Tu vois tous nos amis, ils font prêts à te fuivre
A fraper, à mourir, à vivre s'il faut vivre,
A fervir le fénat dans l'un ou l'autre fort,
En donnant à Céfar, ou recevant la mort.
DECIM E.

Mais d'où vient que Brutus ne paraît point encore,
Lui, ce fier ennemi du tyran qu'il abhorre?

Lui qui prit nos fermens, qui nous raffembla tous
Lui qui doit fur Céfar porter les premiers coups?
Le gendre de Caton tarde bien à paraître.
Serait-il arrêté ? Céfar peut-il connaître ?...
Mais le voici. Grands dieux! qu'il paraît abatu!

SCENE

SCENE II.

CASSIUS, BRUTUS, CIMBER, CASCA,

DECIME, les conjurés.

CASSIU S.

Brutus, quelle infortune accable ta vertu?

Le tyran fait-il tout? Rome eft-elle trahie ?

BRUTUS.

Non, Céfar ne fait point qu'on va trancher sa vie. Il fe confie à vous.

DECIMU s.

Qui peut donc te troubler?
BRUTU S.

Un malheur, un fecret, qui vous fera trembler.

CASSIUS.

De nous ou du tyran c'est la mort qui s'apprête.
Nous pouvons tous périr; mais trembler, nous !

BRUTU S.

Je vai t'épouvanter par ce fecret affreux.

Arrête;

Je dois fa mort à Rome, à vous à nos neveux,

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Au bonheur des mortels ; & j'avais choisi l'heure,
Le lieu, le bras, l'instant, où Rome veut qu'il meure:
L'honneur du premier coup à mes mains est remis;
Tout eft prêt. Apprenez que Brutus eft fon fils.

Toi, fon fils!

CIMBER.

CASSIUS.

CASSIUS.

De Céfar!

DECIMU S.
O Rome!

BRUTUS.

Servilie

Par un hymen fecret à Céfar fut unie;
Je fuis de cet hymen le fruit infortuné.

CIMBE R.

Brutus, fils d'un tyran!

CASSIUS.

Non, tu n'en es pas né;

Ton cœur eft trop Romain.

BRUTU S.

Ma honte eft véritable.

Vous, amis, qui voyez le deftin qui m'accable,
Soyez par mes fermens les maîtres de mon fort.
Eft-il quelqu'un de vous d'un efprit affez fort,
Affez Stoïque, affez au deffus du vulgaire,
Pour ofer décider ce que Brutus doit faire ?
Je m'en remets à vous. Quoi! vous baiffez les yeux !
Toi, Caffius, auffi, tu te tais avec eux!

Aucun ne me soutient au bord de cet abîme!

Aucun ne m'encourage, ou ne m'arrache au crime! Tu frémis, Caffius & promt à t'étonner...

CASSIUS.

Je frémis du confeil que je vai te donner.

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