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ANTOIN E.

Croi - moi.

CESAR.

N'importe ; je fuis père.

J'ai chéri, j'ai fauvé mes plus grands ennemis :
Je veux me faire aimer de Rome & de mon fils ;
Et conquérant des cœurs vaincus par ma clémence
Voir la terre & Brutus adorer ma puiffance.

C'eft à toi de m'aider dans de fi grands deffeins:
Tu m'as prêté ton bras, pour domter les humains;
Domte aujourd'hui Brutus, adouci fon courage,
Prépare par degrés cette vertu fauvage

Au fecret important qu'il lui faut revéler,
Et dont mon cœur encor hésite à lui parler.

ANTOIN E.

Je ferai tout pour toi ; mais j'ai peu d'efpérance.

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SCENE

II.

CESAR, ANTOINE, DOLABELLA.

DOLABELLA.

Cefar, les fénateurs attendent audience ;

A ton ordre fuprême ils fe rendent ici.

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Que je lis fur leur front de dépit & de haine !

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CESAR, ANTOINE, BRUTUS, CASSIUS, CIMBER, DECIMUS, CINNA, CASCA, &c. Licteurs.

CESAR alis.

Venez, dignes foutiens de la grandeur Romaine,

Compagnons de Cefar. Approchez, Caffius,

Cimber, Cinna, Décime, & toi mon cher Brutus.
Enfin voici le tems, fi le ciel me feconde,

Où je vais achever la conquête du monde
Et voir dans l'Orient le trône de Cyrus
Satisfaire, en tombant, aux mânes de Craffus.
Il eft tems d'ajoûter, par le droit de la guerre,

Ce

Ce qui manque aux Romains des trois parts de la terre.
Tout eft prêt, tout prévû pour ce vaste deffein :
L'Euphrate attend Céfar; & je pars dès demain.
Brutus & Caffius me fuivront en Afie;
Antoine retiendra la Gaule & l'Italie.
De la mer Atlantique, & des bords du Bétis,
Cimber gouvernera les rois affujettis.
Je donne à Décimus la Gréce & la Lycie,
A Marcellus le Pont, à Cafca la Syrie.
Ayant ainfi réglé le fort des nations,
Et laiffant Rome heureufe & fans divifions,
Il ne reste au fénat, qu'à juger sous quel titre
De Rome & des humains je dois être l'arbitre.
Sylla fut honoré du nom de dictateur ;
Marius fut conful, & Pompée empereur.

J'ai vaincu le dernier ; & c'eft affez vous dire,
Qu'il faut un nouveau nom pour un nouvel empire;
Un nom plus grand, plus faint, moins fujet aux revers,
Autrefois craint dans Rome, & cher à l'univers.
Un bruit trop confirmé se répand fur la terre,
Qu'en vain Rome aux Perfans ofe faire la guerre ;
Qu'un roi feul peut les vaincre & leur donner la loi :
Céfar va l'entreprendre, & Cefar n'est pas roi.
Il n'eft qu'un citoyen fameux pour ses services,
Qui peut du peuple encor effuyer les caprices..
Romains, vous m'entendez vous favez mon espoir,
Songez à mes bienfaits, fongez à mon pouvoir.

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CIMBER.

Céfar, il faut parler. Ces fceptres, ces couronnes, Ce fruit de nos travaux, l'univers que tu donnes,

Seraient

Seraient aux yeux du peuple, & du fénat jaloux,
Un outrage à l'état, plus qu'un bienfait pour nous.
Marius, ni Sylla, ni Carbon, ni Pompée,
Dans leur autorité fur le peuple ufurpée,
N'ont jamais prétendu disposer à leur choix
Des conquêtes de Rome, & nous parler en rois.
Céfar, nous attendions de ta clémence augufte
Un don plus précieux, une faveur plus jufte,
Au-deffus des états donnés par ta bonté...
CESAR.

Qu'ofes-tu demander, Cimber?

CIMBER.

La liberté.

CASSIUS.

Tu nous l'avais promise; & tu juras toi-même
D'abolir pour jamais l'autorité fuprême.
Et je croyais toucher à ce moment heureux,
Où le vainqueur du monde allait combler nos vœux.
Fumante de fon fang, captive, défolée,

Rome dans cet efpoir renaiffait confolée.

Avant que d'être à toi nous fommes fes enfans;
Je fonge à ton pouvoir; mais fonge à tes fermens.
BRUTU s.

Oui, que Cefar foit grand: mais que Rome foit libre.
Dieux! maîtreffe de l'Inde, efclave au bord du Tibre!
Qu'importe que fon nom commande à l'univers,
Et qu'on l'appelle reine, alors qu'elle est aux fers?
Qu'importe à ma patrie, aux Romains que tu braves,
D'apprendre que Céfar a de nouveaux efclaves?
Les Perfans ne font pas nos plus fiers ennemis;

Il en eft de plus grands. Je n'ai point d'autre avis.

Et toi, Brutus, auffi?

CESAR.

ANTOINE à Cefar.

Tu connais leur audace :

Voi fi ces cœurs ingrats font dignes de leur grace.
CESAR.

Ainfi vous voulez donc, dans vos témérités,
Tenter ma patience, & laffer mes bontés ?
Vous qui m'appartenez par le droit de l'épée,
Rampans fous Marius, esclaves de Pompée;
Vous qui ne respirez qu'autant que mon courroux
Retenu trop longtems s'eft arrêté fur vous:
Républicains ingrats, qu'enhardit ma clémence,
Vous qui devant Sylla garderiez le filence;
Vous que ma bonté seule invite à m'outrager,
Sans craindre Céfar s'abaiffe à fe venger.

que

Voilà ce qui vous donne une ame affez hardie,
Pour ofer me parler de Rome & de patrie,
Pour affecter ici cette illuftre hauteur,

Et ces grands fentimens devant votre vainqueur.
Il les falait avoir aux plaines de Pharfale.
La fortune entre nous devient trop inégale.
Si vous n'avez fû vaincre, apprenez à fervir.
BRUTUS.

Cefar, aucun de nous n'apprendra qu'à mourir.
Nul ne m'en défavouë, & nul en Theffalie

N'abaiffa fon courage à demander la vie.

Tu nous laiffas le jour, mais pour nous avilir:

Et nous le déteftons, s'il te faut obéir.

Cefar,

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